Comment les industries créatives peuvent-elles devenir génératrices d’emplois et de recettes pour les états africains ?

En 2021, l’Unesco dans son  rapport « African film industry : trends, challenges and opportunities for growth, estimait que le cinéma africain pourrait créer 20 millions d’emplois et générer 20 milliards de dollars par an… 

Une étude récente du CNC constate de son côté « que les marchés mondiaux du cinéma, de l’audiovisuel et du jeu vidéo connaissent une vitalité sans précédent et se caractérisent par une explosion de la demande de contenus, tirée par le développement des plateformes. Les projections établies à horizon 2030 confirment l’accroissement très important du volume de production qui pourrait doubler ».

En FRANCE, la modification favorable de la fiscalité,  a permis depuis quelques années de faire de la France un lieu de tournage attractif. Pour aller encore plus loin, l’appel à projet « La Grande Fabrique de l’Image » initié dans le cadre de France 2030, a pour objectif de positionner la France en pays leader des tournages et de la production numérique en visant le doublement des capacités de production et le nombre de diplômés et de professionnels formés.

Ces perspectives de développement ont incité de nombreux pays en Afrique à lancer eux aussi des initiatives pour profiter de ces nouvelles opportunités.

  • AU NIGERIA, le gouvernement de la république fédérale a annoncé le 22 novembre dernier, par la voix de son ministre de la Culture Hannatu Musawa, que le Nigeria avait mis en place une stratégie pluriannuelle qui lui permettra de générer 100 milliards $ de revenus à l’horizon 2030 grâce aux industries créatives. Le but, selon le ministre, est de faire contribuer les industries créatives au PIB à hauteur de 10%.
  • Depuis quelques année, LE MAROC est devenu l’une des destinations favorites des réalisateurs de films grâce à la diversité de ses décors. Le royaume chérifien a estimé en début d’année que l’utilisation de son territoire pour des décors de films génèrera environ 192 millions $ en 2023.
  • Le BENIN a lancé en 2017, Le Benin révélé, un vaste programme d’action gouvernemental ambitieux pour accélérer le développement économique et social du Bénin. Une des premières réalisations dans le domaine de la création et de la culture a été de construire Sémé City , une éco-cité qui se développe sur plus de 350 hectares à Ouidah avec l’ambition de devenir un pôle  d’excellence dans les domaines de l’enseignement supérieur de pointe, de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Le tournage de la série « le meilleur est à venir » en collaboration entre l’Etat béninois, Mediawan et TV5 Monde constitue une première pierre concrète à l’ambition béninoise de devenir une plaque tournante de la production en Afrique?
  • Au SENEGAL le fonds de soutien au cinéma et à l’audiovisuel (Fopica) est très actif même s’il reste  insuffisamment doté pour faire face aux besoins. Le Sénégal  via le FOPICA a rejoint récemment le programme DEENTAL initié par le CNC et l’image animée avec le soutien de l’UE et des Etats ACP qui apporte des bonus financiers aux projets cinématographiques.  Le Sénégal est un des pays où la production audiovisuelle et cinématographique est la plus vivace. L’événement  DAKAR séries , l’école Kourtajme, les succès à l’international des productions de MARODI TV sont les manifestations les plus visibles de ce dynamisme.
  • En  COTE D’IVOIRE le fonds de soutien au cinéma (FONSIC ) est également très actif, même si lui non plus n’a pas les moyens de répondre à tous les besoins dans un pays particulièrement dynamique en matière de production. Suite à la disparition du DISCOP, le SICA organisé par le ministère de la communication et celui de la culture, a été au mois de novembre le rendez-vous incontournable de tous ceux qui s’intéressent aux œuvres de fiction et à la production audiovisuelle. Par ailleurs, selon nos informations, le ministère de la Culture a initié récemment une réflexion pour favoriser l’accueil des tournages étrangers en Côte d’Ivoire.
  • Le CAMEROUN quant à lui se développe d’avantage au travers d’initiatives privées que grâce à l’intervention ou l’aide de l’Etat. En particulier, le festival Ecrans noirs ou  le festival DOUALA séries qui se sont succédé à la rentrée 2023 participent à cette volonté de surfer sur une vague qui commence à prendre de l’ampleur 

Dans cet environnement bouillonnant, l’organisation du FESPACO qui permettait au BURKINA -FASO d’occuper une place prépondérante dans l’univers du cinéma africain, sera-t-elle maintenue ? Les industries créatives resteront-elles une priorité pour les pouvoirs publics burkinabés ou bien d’autres pays profiteront-ils du vide qui risque de se créer pour occuper cette place de choix? 

Quoiqu’il en soit, développer le PIB au travers des industries créatives est devenue une réalité qui trace son chemin en Afrique.   

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