Entretien croisé avec Olivia Nloga et Aïda Ndiaye de l’équipe Facebook – Afrique francophone

O.N: Nous comptabilisons 155 millions d’utilisateurs actifs mensuels en Afrique subsaharienne. L’Afrique compte beaucoup pour Facebook. Ce que nous souhaitons pour le continent et en particulier pour la zone francophone subsaharienne, c’est continuer à investir, continuer à apporter la plus grande qualité de service avec les mêmes exigences que sur les autres marchés, continuer à développer des relations avec les différents partenaires et les différentes parties prenantes.

A.N : Nous sommes très conscients que l’Afrique francophone subsaharienne et le continent de manière générale abrite une population très jeune et que c’est cette population qui utilise le plus les plateformes comme Facebook. Le potentiel est donc réel.

Ensuite, en tant qu’entreprise de technologie et d’innovation, l’Afrique représente un marché porteur dans la mesure où avec toutes les opportunités et tous les défis qu’elle représente, elle est un terrain propice à l’innovation. Pour cette raison, sur la partie francophone particulièrement, nous avons investi dans la connectivité pour promouvoir l’accès à internet, le pilier fondamental à la numérisation, mais aussi dans le renforcement des capacités car le capital humain sur le continent est très fort. Si la jeune génération est formée à utiliser notre plateforme de communication et internet en général, il y aura de bonnes retombées en termes d’innovation.

 

Il existe encore de nombreux déserts numériques sur le continent, en tant que géant du web, quel rôle jouez-vous dans l’amélioration de la connectivité en Afrique ?

A.N : Nous avons conscience que si les plateformes telles que Facebook veulent prospérer en Afrique, il faudra répondre au besoin de connectivité. Tout particulièrement en Afrique francophone où plus de 60% de la population demeure privée d’accès à internet. Nous voyons donc cela comme une opportunité de nouer des partenariats avec les opérateurs mais aussi les gouvernements pour répondre à cet enjeu. Il n’y aura pas de solution « miracle » mais nous en développons plusieurs pour connecter l’Afrique :

  • La solution Free Basics, disponible dans 30 pays africains, que nous développons en partenariat avec des opérateurs de téléphonie mobile pour favoriser l’accès pour tous à une sélection de services Internet, surtout dans les pays en développement victimes de la fracture numérique.
  • Nous testons également d’autres solutions plus innovantes notamment des points Wifi ou encore la solution de drone solaire pour accéder à internet (Aquila).
  • Enfin, nous le savons, le moyen le plus sûr de connecter les populations reste la fibre optique et c’est pour cette raison que nous investissons également dans la construction de ces infrastructures.

O.N : Chez Facebook, nous souhaitons rapprocher le monde et pour réaliser cette mission il faut au préalable un accès à internet. Sur le continent africain comme partout ailleurs, l’internet doit être accessible à tous. Nous développons donc des solutions innovantes, flexibles et adaptées, parmi lesquelles on peut aussi mentionner « Express Wifi », qui permet de développer des points de connexion pour étendre la couverture internet. Un programme déjà accessible au Ghana, en Afrique du Sud, Kenya, Nigéria et en Tanzanie et rendu possible grâce à des partenariats car le défi d’internet sur le continent est un défi que nous devons relever collectivement.

 

 

A l’heure où les Fake News prolifèrent sur internet, quelles initiatives sont mises en place pour lutter contre le phénomène ?

 

A.N : Les fausses nouvelles n’ont pas leur place sur Facebook. Nous sommes une plateforme de communication et d’interaction. C’est une grande responsabilité pour nous de nous assurer de la probité des informations qui circulent sur notre plateforme. Les fausses nouvelles sont un problème complexe qui nécessite une approche multipartite. Pour y faire face, nous développons des partenariats avec des  organismes tiers de vérification des contenus tel que Africa Check. Cette solution est disponible dans plusieurs pays africains comme le Nigéria, le Sénégal ou le Cameroun. Nous avons également étendu ce programme de Fact Checking à des langues locales telles que le Yoruba, le Swahili ou encore le Wolof pour être au plus près des communautés et des contenus auxquels elles ont accès.

Quand on parle de fausses nouvelles, cela implique également l’éducation au numérique : il est nécessaire de former les populations aux usages numériques. Pour cela, nous organisons des formations à travers les différents pays d’Afrique francophone et au-delà, dédiées aux journalistes, acteurs de la société civile et influenceurs, pour échanger sur comment analyser une information qui circule en ligne, les bonnes astuces pour détecter les fausses nouvelles et l’importance d’avoir une présence engagée et responsable en ligne. Nous développons aussi des outils permettant de détecter les fausses informations préalablement repérées par des fact checkeurs. Enfin, nous avons renforcé nos procédures de modération de contenu. En 2018, nous révélions pour la première fois que nos algorithmes nous ont permis de supprimer 600 millions de faux comptes. Ce chiffre s’élève à près de 2 milliards dans le premier semestre de 2019.

O.N : Au-delà des fausses nouvelles, chaque jour, les équipes de Facebook doivent prendre la décision difficile d’autoriser ou non un contenu à rester en ligne en se basant sur nos Standards de la communauté. C’est une problématique délicate qui demande des arbitrages complexes. Nous avons par conséquent choisi de partager la responsabilité de cet arbitrage en annonçant la création d’un conseil de surveillance externe, qui sera habilité à examiner certaines de nos décisions les plus difficiles en matière de contenu. Il sera constitué d’experts indépendants venus de tous horizons, disciplinaires mais aussi géographiques et externes à Facebook.

Quelles sont les mesures que vous prenez pour aider les entreprises sur le continent à tirer profit du numérique ?

 

A.N : Nous croyons que l’économie numérique a le pouvoir de libérer le potentiel de croissance économique de la région et nous en avons fait une de nos priorités. En mai 2019, nous avons étendu notre programme Boost avec Facebook à six pays d’Afrique francophone (Sénégal, Cameroun, Côte d’Ivoire, Bénin, RDC, Guinée). Il vise à former 10 000 entrepreneurs, TPE et PME africaines aux outils du marketing digital d’ici 2020.

O.N : Nous écoutons, soutenons et collaborons également activement avec l’environnement tech en Afrique subsaharienne, tant avec les startups qu’avec les développeurs dans le cadre des Cercles des développeurs. C’est un programme qui permet de créer des synergies au sein de communautés de développeurs sur l’utilisation des plateformes de Facebook et autres plateformes numériques pour coder et développer des fonctionnalités et produits. L’Afrique subsaharienne est la région dans le monde qui compte le plus de cercles de développeurs Facebook, soit 52 000 membres. Cela démontre l’incontestable vitalité du tissu Tech sur le continent.