Entretien avec François Thiellet, Président de Mediawan Africa

Mediawan a choisi de développer ses activités en Afrique. Pouvez-vous nous dire
où vous en êtes aujourd’hui ?

Nous mettons en place en Afrique Subsaharienne la stratégie du groupe Mediawan d’un développement global basé sur les trois piliers de l’activité audiovisuelle : production, distribution et édition de chaînes et de services. Grâce à l’expertise et au savoir-faire de nos différentes sociétés basées en Afrique, nous entraînons le développement de l’ensemble de la filière, en coordination avec tous nos collaborateurs en Afrique Francophone et bientôt dans d’autres régions d’Afrique Subsaharienne. C’est un travail collaboratif quotidien très vertueux.

En matière de production KEEWU est actif depuis de longues années. Quelles sont
ses principales réalisations ces 2 ou 3 dernières années ?


Sous la conduite de Alexandre Rideau, l’un des pionniers de la production en Afrique Francophone,
Keewu Production a consolidé ces dernières années une base solide en bénéficiant également
de l’appui du groupe Mediawan. Bien entendu, il y a le succès confirmé de « C’est la Vie » dont la saison 4 est en tournage, qui a marqué l’histoire de la production en Afrique Francophone et dont l’impact est remarquable.

Mais nous sommes aussi très fiers des séries ambitieuses telles que Manjak ou Terranga. Black Santiago Club, actuellement à l’antenne sur Canal+, est un véritable succès qui a permis à
la production africaine de circuler et d’être représentée à travers le monde et dans les Festivals,
à Séries Mania en France, et au Festival Dakar Séries dont Mediawan Africa était cette année
le partenaire. Notre série docu fiction « Alley Oop Africa » autour du basket et de la jeunesse
africaine va bientôt être diffusée. Elle illustre par le biais du sport le dynamisme de tour un
continent. De nombreux tournages sont en cours et nous prévoyons de travailler dans trois ou
quatre pays sur différents types de projets pouvant aller de la fiction locale à la coproduction
internationale.

Certaines de vos productions ont connu un très grand succès d’audience en Afrique. Y a-t-il une recette pour séduire le public africain ?

Le public africain est exigeant, et il n’y a pas de recette miracle. Notre expertise et notre savoir-
faire ont permis de construire des projets premium, qui s’adressent à un public large, grâce à des équipes expérimentées et soudées. La qualité des productions que nous avons déjà pu réaliser repose sur la créativité de talents africains que nous recherchons sans cesse car ils sont le cœur de notre développement, et les acteurs déterminants de notre succès. Nous les accompagnons du mieux que nous pouvons par notre expérience et notre savoir-faire. Mais notre volonté est de donner la parole à un storytelling résolument africain, original et populaire.

Comment ces projets sont-ils généralement financés ? Existe un modèle de
financement type ?


J’aimerais beaucoup que ce soit le cas ! Chacune de nos productions est un prototype. Mais
les contraintes de financement restent importantes en dépit des améliorations qui ne peuvent
pas être contestées. Nous devons donc être aussi pragmatiques et agiles que possible, et nous
adapter aux différents sujets. Mais bien entendu l’apport des diffuseurs, notamment Canal +
et TV5, est fondamental, et nous n’aurions pas pu monter les dernières productions sans leur
concours déterminant.

La formation aux métiers de la production est souvent désignée comme le parent pauvre du secteur. Avez-vous ce sentiment et comment pouvez-vous contribuer à sa professionnalisation ?


Chaque tournage doit être conçu comme une opportunité de professionnalisation, en greffant
sur des équipes expérimentées de nouveaux collaborateurs. Pour l’instant, nous avons contribué
à dynamiser plusieurs centres de production, dont un à Cotonou au Bénin, pour la production
de la série «Black Santiago Club» co-produite avec Canal+ International et Hiris Production
(Bénin) et co-réalisée par Toumani Sangaré, réalisateur expérimenté, et Tiburce Bocovo, jeune
réalisateur béninois. Nous accompagnons une nouvelle génération de producteurs prêts à
prendre la relève et à porter des histoires à fort caractère, et nos productions sont dirigées par
des directrices et directeurs de productions qui font leurs preuves depuis plusieurs années sur
nos tournages. Certains postes comme ceux d’administration de production, font l’objet d’une
attention toute particulière et de formations passées, présentes et futures.


Mediawan Africa c’est aussi une activité de distribution avec Côte Ouest. Comment cette activité participe-t-elle au financement et à la circulation des œuvres ?


La très rapide intégration de Côte Ouest dans notre groupe, la qualité de la collaboration avec
les équipes déjà en place, et la créativité des nouveaux projets en cours d’élaboration sont une
source de très grande fierté. C’est un nouveau « Côte Ouest by Mediawan » que nous préparons
avec les collaborateurs actuels et ceux qui vont nous rejoindre, avec bien évidemment comme
objectif principal de faire rayonner les créations africaines tant en Afrique que dans le reste du
monde. Nous travaillons aussi main dans la main au sein du groupe avec Mediawan Rights – la
division distribution de Mediawan – qui soutient nos contenus pour qu’ils accèdent au marché
international. C’est un cercle vertueux qui se met en place.

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