Au-delà de la production cinématographique ou encore de la distribution, l’enjeu du 7ème Art africain porte sur la visibilité et la reconnaissance de ses expressions sur la scène internationale. Une condition indispensable pour l’exportation des œuvres locales et le développement durable de la filière cinématographique.
Le cinéma africain souffre depuis longtemps d’un manque de représentation de ses contenus. Malgré tout, des talents émergent, participent à la promotion des œuvres locales et font rayonner le cinéma au-delà des frontières.
Mati Diop, Grand Prix à Cannes.
Cette année le Festival de Cannes a sacré l’Afrique.
Deux cinéastes originaires du continent ont brillé dans le palmarès de cette 72ème édition. Mati Diop, réalisatrice franco-sénégalaise, qui a choisi de présenter son film « Atlantique » sous le nom de l’Afrique et Ladj Ly, franco-malien, primé pour son film « Les Misérables ».
Face à des mastodontes du cinéma tels que Quentin Tarantino, Terrence Malik ou Pedro Almodóvar, Mati Diop s’est vue remettre le Grand Prix du Jury pour ce premier long-métrage qui rend hommage aux migrants qui décident de quitter leur pays, en quête d’un avenir meilleur.
Pour Maïmouna N’Diaye, comédienne, réalisatrice et membre du grand jury du Festival de Cannes, ces deux récompenses représentent « Quelque chose de très fort et de symbolique, qui va permettre que les regards se portent davantage sur le cinéma africain qui manque de visibilité. Cela permettra aux cinéastes africains qui se battent, d’exister. »
Faire émerger les talents du cinéma africain.
Pour cette édition, les talents du 7ème Art africains ont également eu l’opportunité de présenter leurs projets grâce au Pavillon des Cinémas d’Afrique et des Caraïbes. Un volet professionnel organisé par l’Agence Culturelle Africaine qui a permis de mettre en lumière le potentiel du continent en matière de création cinématographique.
De la Croisette au Fespaco, la voix des cinéastes africaines s’est faite entendre.
Le FESPACO, présenté comme la voix du cinéma panafricain, a fêté cette année son 50ème anniver- saire. Une édition organisée autour de la thématique « Mémoire et avenir des cinémas africains ». Et quand on parle d’avenir, on se doit de parler des femmes. Bien qu’elles soient de plus en plus représentées dans la sélection officielle du Festival, très peu sont celles qui parviennent à obtenir des récompenses. En 50 ans de Fespaco, aucune femme n’a remporté l’Etalon d’Or du Yennenga, le prix d’excellence
Pour une meilleure représentation des femmes dans l’univers du cinéma mondial, un mouvement a été créé à l’occasion du festival, le mouvement #WeareYennenga. Initié lors de l’Assemblée des Yennenga, une rencontre des cinéastes africaines organisée en février 2019 par Fatou Kendé Senghor, ce mouvement entend renforcer la visibilité des femmes dans le cinéma et dénoncer les abus et violences dont elles sont victimes. Les voix se sont ainsi levées pour faire entendre les difficultés que connaissent les femmes dans le milieu du cinéma. Absence de films, absence d’accompagnement, de moyens financiers et de reconnaissance, les femmes peinent à vivre de leur talent et à faire connaître leurs œuvres. Une problématique globale dans laquelle les cinéastes africaines se retrouvent.