Entretien avec Olivier Laouchez, PDG de TRACE et fondateur de TRACE Academia

Pouvez-vous nous présenter le projet Trace Academia ?

Cela fait 16 ans que nous avons lancé TRACE, un groupe média devenu très puissant auprès de la jeune population, notamment sur des territoires comme l’Afrique. Nous avons décidé de nous lancer dans un nouveau projet et cette fois, un projet avec une dimension éducative. Trace Academia a pour ambition d’apporter une réelle offre éducative à plusieurs dizaines de millions de personnes à la recherche de solutions de formation qui répondent à leurs besoins.

Ce vaste projet nous permet de faire évoluer le groupe TRACE, groupe d’entertainment en un groupe d’ « empowerment » en mettant le divertissement au service d’un projet éducatif pour permettre à des millions de jeunes de s’accomplir professionnellement.

Qu’est-ce qui a motivé le lancement d’une telle plateforme ?

Au travers de notre fondation consacrée à la réussite de la jeunesse, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une forte demande du public sur des méthodes éducatives mieux adaptées à leurs besoins, à leurs aspirations, à leurs comportements et à leurs usages (notamment la téléphonie mobile).

Beaucoup de jeunes ne se retrouvent pas dans le système éducatif traditionnel, dans des pays où les taux de chômage sont extrêmement élevés. Face à ce constat, nous avons réfléchi à créer une plateforme éducative pour répondre à ce besoin avec une approche différente de ce qui existe déjà, que ce soit en termes de plateformes physiques ou en ligne. Même si de nombreuses initiatives de e-learning sont menées, le taux de drop out des utilisateurs, ceux qui ne restent pas jusqu’au bout du cours, est très important. Les jeunes ont du mal à s’engager. Au-delà des jeunes générations, nous savons que 50% de la population mondiale n’est pas satisfaite de son travail. Ce public nous intéresse également. Nous parlons beaucoup de « 4èmerévolution industrielle » avec les mutations générées par le digital, aujourd’hui nous souhaitons donc mettre à disposition des solutions de formation permettant aux professionnels d’évoluer dans leur métier pour mieux s’adapter au monde qui change.

Quel est le modèle économique ?

La plateforme est entièrement gratuite. Nous avons conçu un modèle économique qui nous permet de fabriquer les contenus de formation en partenariat avec des entreprises qui co-financent le projet. Il y aura également une offre de services payante pour intégrer quelques éléments de monétisation.

Nous avons aujourd’hui réussi à lever près d’million d’euros pour financer le projet de plateforme. Nous sommes actuellement en cours de conception et de fabrication des premiers cours.

Concernant le financement du projet, nous avons pu compter sur un certain nombre d’entreprises, notamment d’entreprises françaises très intéressées par notre démarche et avec qui nous avons pu développer les premiers cours.

 

Quels types de cours seront proposés ?

Au lieu de mettre à disposition des contenus traditionnels, nous avons choisi de proposer des contenus qui reprennent toutes les techniques et codes du divertissement et du digital. Notre plateforme sera d’abord dédiée à la formation professionnelle, à l’entrepreneurship et aux soft skills dont nous avons besoin aujourd’hui pour réussir dans un cadre professionnel.

Pour répondre au mieux à ces besoins en formation professionnels, nous nous sommes rapprochés de professionnels, des experts de métiers pour produire les premiers cours. Nous développons par exemple une formation sur l’entrepreneuriat en partenariat avec un incubateur pour les chefs d’entreprises issus de quartiers défavorisés à Johannesburg. Nous travaillons également sur un projet de formation dédié à l’électricité et aux énergies solaires.

Les cours seront conçus selon les codes du divertissement, permettant de générer de l’interactivité avec l’apprenant, en suscitant son engagement. Au-delà des cours, nous aurons également mis en place du mentorship : un expert dans un métier précis accepte de donner un peu de son temps pour accompagner des apprenants en cours de formation. Enfin, nous développons beaucoup de partenariats avec des entreprises pour stimuler l’offre et la demande en matière d’emploi car aujourd’hui, beaucoup d’entreprises ont dû mal à trouver des profils qui correspondent à leurs attentes.

Dans quels pays la plateforme sera-t-elle accessible ? Quelles langues sont représentées ?

TRACE Academia est un projet d’envergure mondiale mais nous commencerons par les pays où le groupe est très fort comme en Afrique subsaharienne ou encore au Brésil. Dans la mesure où notre plateforme repose sur des codes et techniques universelles et que nous pouvons constater un réel besoin en formation dans toutes les régions du monde, nous avons jugé légitime de concevoir une plateforme à dimension internationale.

Nous lançons premièrement la plateforme en trois langues : le français, l’anglais et le portugais car ce sont les langues les plus couramment parlées dans les pays où nous opérons. A terme, nous en accueillerons davantage en intégrant des langues vernaculaires car plus nous sommes inscrits dans le « local » et plus nous suscitons un engagement fort de la part de notre public. Nous avons conscience également que la langue est un enjeu crucial notamment quand on parle d’internet car beaucoup de personnes qui ne parlent ni français ni anglais, sont totalement exclues de la formation en ligne.

Dans des régions du monde comme l’Afrique subsaharienne les déserts numériques sont présents et le prix de la data demeure élevé. Avec cette plateforme 100% digitale, comment prenez-vous en compte ces réalités ?

En Afrique, la data coûte très cher ce qui rend difficile l’accès à internet et à la consommation de contenus en ligne. Pour contourner ces problématiques, nous avons noué des partenariats avec des structures comme des incubateurs qui distribueront la plateforme afin de permettre à ceux qui n’ont pas de smartphone, pas d’internet de bénéficier des formations au sein même de ces structures.

 

Une date officielle de lancement ?

Trace Academia sera officiellement lancée au cours du troisième et quatrième trimestre 2020