Théophile Kouamouo est journaliste depuis plus de 20 ans. Au cours de sa carrière, il travaille comme correspondant pour le Monde en Côte d’Ivoire, le Point, l’Humanité, Jeun Afrique ou encore Africa 24. Il devient par la suite journaliste entrepreneur en créant avec son épouse, la plateforme Ivoire-blog.com, plateforme qui n’existe plus à ce jour.
Il lance aujourd’hui avec l’entreprise de technologie REVERB, Afrospik, un agrégateur de contenu audio ciblant l’Afrique et la diaspora.
Vous venez de lancer Afrospik, pouvez-vous nous présenter ce nouveau projet ?
Afrospik est une plateforme de podcasts accessible via un site internet mais également via une application Google Play et iOS. Nous nous sommes rendus compte que l’audio est inscrit dans la culture en Afrique, à travers la radio notamment.
Quelles sont selon vous les opportunités liées au format podcast ?
Il existe sur le continent une forte diversité de contenu en radio qui demeure un média puissant, pour toutes les catégories de la population aussi bien dans les grandes villes que dans les villages.
De plus, nous savons que le téléphone mobile est le premier terminal de consommation de contenu audio. Et cela devrait s’accentuer puisque nous atteindrons bientôt un taux de 50% d’équipement en smartphones. Enfin, en termes de connectivité, les infrastructures avancent et œuvrent peu à peu à un meilleur accès à internet sur le continent.
Par conséquent, il devrait y avoir une rencontre entre smartphone et radio. En Afrique, on n’écoute déjà la radio sur téléphone mais en bande FM. Or la FM engendre des problèmes d’écoute en direct et demeure limitées territorialement alors que le podcast peut être écouté n’importe quand, n’importe où.
Tous ces éléments nous font penser que le contexte est idéal pour le développement du format podcast a de l’avenir en Afrique même s’il existe encore des freins.
Qu’est-ce qui vous différencie des plateformes déjà présentes sur le marché ?
La plupart des plateformes existantes proposent leurs services de manière payante. Avec Afrospik, nous référençons et donnons de la visibilité aux podcasts des stations de radio, et des créateurs de contenu qui s’adressent aux Africains. Nous leurs permettons d’héberger gratuitement leurs podcasts contrairement aux autres plateformes existantes qui proposent des offres payantes. Nous proposerons petit à petit des perspectives de recettes publicitaires mais aussi d’autres formes de monétisation via notamment des partenariats avec des acteurs télécom présents sur le continent.
A ce jour, quel type de contenu est accessible sur votre plateforme ?
Pour le moment, notre plateforme offre un accès à des contenus radio comme par exemple le contenu de la radio KALAK FM, principale radio de Yaoundé. Nous avons également des podcasts indépendants comme celui de Jessica Brou, Conversation privée. Nous avons aussi des adaptations comme celle de Gassim Chérif, jeune journaliste tchadien qui réalise des Live Facebook, une web radio guinéenne en Peul car, au-delà du contenu francophone, nous souhaitons agréger du contenu dans plusieurs langues africaines.
Aujourd’hui nous cherchons plus à agréger du contenu qu’à en produire. Peut-être qu’à l’avenir nous envisagerons de produire du contenu en propre mais nous nous orientons davantage vers la production de contenu en partenariat avec des acteurs présents sur la plateforme, notamment des radios car nous pensons qu’il est possible de construire ensemble des contenus originaux et capter un public plus large que leur public actuel.
Les réseaux sociaux peuvent être de bons leviers pour accroître la visibilité des contenus audio. Comment allez-vous les occuper ?
Au-delà de vouloir s’implanter sur les réseaux sociaux, il faut avant tout les imiter ! comprendre pourquoi les gens consomment autant de contenu sur les réseaux sociaux et en particulier des contenus courts. Nous observons que ces formats courts aussi appelés « shorts » sont largement consommés et appréciés. Nous souhaiterions inclure cette tendance à notre plateforme, pour améliorer l’expérience utilisateur.
Comment faire pour « démocratiser » davantage ce format ?
Pour le moment, nous sommes en phase d’observation et nous nous laissons le temps d’apprendre de notre audience mais nous sommes convaincus du potentiel de l’audio, un format plus accessible que l’écrit, plus facile à produire que l’audiovisuel qui demande un certain nombre de moyens. Il ne nous reste plus qu’à « évangéliser » en quelque sorte les parties prenantes aux opportunités liées à l’audio.