Entretien avec Tania Diallo, Responsable en charge du département Voodoo Digital

Franco-guinéenne née à Abidjan. Tania Diallo a quitté la Côte d’Ivoire à 12 ans à cause du contexte socio-politique du pays. Après 12 ans passés en France, elle rentre en Côte d’Ivoire, en 2014 où elle intègre le groupe de communication Voodoo. Elle y travaille pendant deux ans en tant que chargée de contenu digital et, en 2016, est nommée responsable en charge du département Voodoo Digital. Aujourd’hui elle manage une équipe de 10 personnes.

Pouvez-vous nous décrire vos activités ? 

Voodoo Digital regroupe plusieurs activités : le développement pur (applications web, applications mobiles et sites internet) ; production de contenu ; animation de sites internet et réseaux sociaux et également toutes les activités liées à l’amplification comme le référencement, stratégies SEO …

Nous avons également un département dédié à la veille qui tend à s’agrandir peu à peu car nous sommes dans un contexte spécifique à l’Afrique où nous manquons d’informations. Toutes ces activités sont chapeautées et coordonnées par un département dédié à la stratégie.

Qui sont vos clients ? 

Le profil de nos clients est très éclectique. Nous comptons par ec parmi nos clients des compagnies aériennes, beaucoup de clients étrangers qui arrivent sur le marché ivoirien, nous avons des clients généralement plutôt qui ont un cœur de cible axé sur les CSP+ car les réalités du digital font que pour avoir internet, un mobile, un smartphone il faut appartenir à une catégorie socio-professionnelle qui permet cela. Nos clients ont également beaucoup pour cibles les jeunes très connectés.

Pouvez-vous nous présenter l’une de vos dernières campagnes ?

Nous avons un partenariat avec le groupe depuis sa « renaissance », la transformation de Air Ivoire en Air Côte d’Ivoire en 2012.

Nous accompagnons aujourd’hui Air Côte d’Ivoire dans leur stratégie de communication digitale même si le groupe avait beaucoup de craintes au départ concernant le digital. Le groupe faisait l’objet de nombreuses critiques sur les réseaux sociaux et redoutait donc son développement sur les canaux 2.0. La mise en place d’une stratégie digitale a été un véritable challenge !

Nous les avons donc accompagnés sur les réseaux sociaux, dans leur prise de parole en tentant de leur montrer qu’il est plus facile de contrôler sa réputation lorsque l’on est présent sur les réseaux sociaux que lorsqu’on est absent.

De plus, pendant longtemps Air Côte d’Ivoire souhaitait communiquer sur son moyen de transport en tant que tel en mettant en avant les fonctionnalités de ses avions, la qualité du service pour se démarquer de la concurrence. Mais cela ne suffisait plus pour justifier leur positionnement. Nous les avons ensuite accompagnés dans une prise de parole plus orientée sur leur service et sur l’expérience client. L’idée était de vendre une destination plutôt qu’un moyen de transport.

Pour cela, nous avons lancé le programme « Embarquez avec » pour faire découvrir les pays que la compagnie dessert. En Afrique, quand il s’agit de voyager, la notion de « recommandation » est cruciale car le tourisme n’est pas encore très développé. Pour cela, nous avons choisi des influenceurs qui, à travers le prisme de ce qu’ils aiment et de leurs recommandations, ont fait découvrir ces capitales. Avec Diane Audrey à Accra ou encore Karelle Vignon-Vullierme à Abidjan, nous avons fait correspondre les univers des influenceurs et le positionnement de Air Côte d’Ivoire pour faire découvrir les capitales africaines. Ce concept a permis de montrer que ces villes africaines, au-delà des à priori, demeurent très attractives.

Que pensez-vous du marketing d’influence ?   

Les influenceurs sont des relais pertinents pour les campagnes digitales. Même s’ils sont jeunes, ils sont des consommateurs en devenir. Ils rassemblent une communauté de consommateur autour de recommandations. Il faut donc miser sur eux. Ce rôle de « prescripteur » que peut avoir un inflluenceur n’est pas facile à faire comprendre aux clients, ici en Côte d’Ivoire. Ils se méfient en quelque sorte d’internet et ne se fient pas naturellement aux jeunes. Nous essayons de déconstruire le dispositif de communication « traditionnel » en amenant les clients à comprendre qu’aujourd’hui, pour communiquer, avoir une influence et déclencher l’acte d’achat, il existe d’autres moyens. Mais pour cela, nous devons encore faire de la pédagogie quand il est question de digital.

Le digital est de plus en plus d’actualité dans le secteur de la publicité en Côte d’Ivoire. Quel constat pouvez-vous faire au regard des annonceurs et de l’intégration de la publicité digitale dans leurs plans médias ?

En 5 ans, nous avons pu constater une très belle évolution au niveau du digital même si nous sommes encore très loin de ce à quoi nous pouvons aspirer. Pendant mes deux premières années au sein de Voodoo, lorsqu’il était question de restriction, on n’hésitait pas à éliminer la ligne « digital » des budgets de communication pour privilégier l’affichage et les autres canaux traditionnels. Aujourd’hui, nous sommes plutôt dans une mécanique où lorsqu’on n’a pas un très gros budget, on préfère miser sur le digital. Ce qui est positif !

Il est important d’être présent sur le digital, de construire sa réputation, d’interagir avec ses consommateurs et de comprendre ce qu’ils attendent. Attention toutefois à ne pas s’enfermer dans la logique « C’est du digital, alors ça ne coûte rien ». Les perspectives sont bonnes et les marques prennent davantage conscience de l’intérêt du digital, notamment lorsqu’il s’agit d’avoir un retour réel et rapide sur une campagne, savoir si elle a fonctionné ou non puisqu’avec internet, le call to action est immédiat.

 

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Les médias se développent de plus en plus en Côte d’Ivoire. Nous avons hâte de les voir vivre et de les voir évoluer, fonctionner de manière complémentaire aussi bien avec la télévision marquée par l’arrivée de la TNT, la radio que les médias en ligne. C’est l’un de nos challenges pour cette année 2019.

 

Auriez-vous des annonces à nous communiquer ? de nouveaux projets ? de nouvelles collaborations ?

A l’échelle du groupe, Voodoo fête ses 20 ans cette année. Nous préparons actuellement quelques surprises pour l’événement. Je ne peux rien dévoiler pour le moment mais nous souhaitons encore une fois marquer les esprits.