Samantha Biffot est la créatrice de Mami Wata, le mystère d’Iveza, une série télévisée gabonaise en huit épisodes de cinquante-deux minutes, co-produite par CANAL+ International.
Le 22 octobre dernier, la série a reçu le trophée d’argent au FESPACO dans la catégorie « Séries ».
Quelles sont les forces de la série ?
La série est un savant mélange entre un polar et une série fantastique, c’est ce qui en fait sa force. La série a été construite sur une enquête liée à une disparition sur un fond mystique incarné par le personnage de Mami Wata qui plane sur l’ensemble de l’histoire..
Avez-vous rencontré des obstacles lors du tournage de la série ?
Nous avons rencontré un certain nombre de difficultés pendant la création et la réalisation de cette série tournée au Gabon. C’est d’ailleurs le projet le plus éprouvant que j’ai eu à faire. En effet, à cause de la pandémie mondiale du Covid-19, nous avons dû décaler le tournage. Ce décalage nous a amenés à tourner la série en pleine saison des pluies, dans plus de 50 lieux qui pour la moitié d’entre eux n’étaient pas accessibles par une route goudronnée. Chaque jour était donc une véritable épreuve pour atteindre les différents lieux et pouvoir tourner les séquences. Pluies torrentielles et imprévisibles, pannes de voitures, véhicules embourbés mais les marées basses … Nous avons aussi tourné des séquences près de la mer, ce qui nous a rendus dépendants des phénomènes de marées.
Une anecdote pour rester dans le côté mystique : nous avons eu une scène très importante à tourner mais hélas, une fois de plus, nous étions bloqués par la pluie. Nous devions tourner dans un endroit très majestueux mais contraints par le temps, nous devions tourner coûte que coûte ce jour-là. Il y avait dans le ciel des éclairs dans tous les sens. Un technicien nous aviez confié qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il ne pleuvrait pas car il avait lui-même eu le pouvoir de « bloquer » la pluie. Pour cela, il avait décidé d’allumer un feu et des réaliser quelques incantations pour contrer l’orage. Malgré le tonnerre et les bruits assourdissants de l’orage, nous avons réussi à boucler le tournage et c’est une fois à l’abri, que la pluie torrentielle s’est déversée. Un phénomène magique qui s’est produit une seconde fois pendant le tournage …
Vous avez remporté un prix à l’occasion du Fespaco, dans la catégorie « séries ». Qu’avez-vous pensé de cette dernière édition ?
Au regard de cette dernière édition du FESPACO, je peux dire que l’on a globalement ressenti l’apport du nouveau directeur général, Alex Moussa Sawadogo. Nous avons plus que jamais été bluffés, et dans le bon sens du terme, par la sélection officielle dans l’ensemble des catégories. Que ce soit dans la catégorie des courts-métrages que des documentaires et des séries. Cette sélection était gage de qualité et d’ailleurs, plusieurs projets ont marqué les grands circuits des festivals de cinéma cette année.
Si l’on se projette à dans 5 ans, comment espérez-vous voir évoluer le secteur de la production audiovisuelle en Afrique francophone ?
Dans les 5 prochaines années, je souhaite voir un secteur audiovisuel qui se structure et se fortifie. Le secteur est encore très fragile voire inexistant dans certaines zones du continent. Je pense notamment au Gabon, le pays d’où je viens … Je souhaite que d’ici 5 ans, les acteurs de l’industrie aient la capacité de produire des projets cinématographiques de manière régulière pour permettre de créer un environnement pérenne pour les techniciens. Qu’ils puissent passer de tournages en tournages et donc se professionnaliser pour qu’ils puissent vivre de ces projets d’envergure et financés.
Quelle sera la diffusion de Mami Wata ?
Le premier épisode sera diffusée dès le 15 novembre 2021 sur CANAL+ Afrique.