Olivier Laouchez, cofondateur et président exécutif de Trace TV
Merci de nous recevoir trois ans après avoir déjà accordé une interview à Adweknow. Que s’est-il passé depuis trois ans pour votre Groupe?
Tout d’abord depuis trois ans il y a eu deux ans de Covid… mais nous avons continué à nous développer notamment sur une nouvelle verticale : en plus de la verticale sur le divertissement Afro-urbain nous avons lancé une plateforme en ligne de formation professionnelle : Trace Academia autour de trois thématiques: l’entrepreneuriat, les métiers et les soft skills. Cette plateforme est gratuite et nous avons déjà touché plus de 300 000 utilisateurs en quelques mois.
Nous avons également lancé de nouvelles chaînes de télévision au Cameroun, au Brésil, en Éthiopie ainsi que des radios FM.
Ces trois dernières années nous avons acheté un studio de production audiovisuelle basé à Cape-Town où nous produisons des contenus de fiction mais aussi des shows pour la télévision. C’est un investissement important pour nous car nous souhaitions nous renforcer dans le domaine de la production de contenu original.
Et puis nous avons continué notre déploiement géographique notamment vers le Brésil et nous avons aussi accéléré nos investissements au Sénégal au Kenya et au Nigeria où nous avons construit des studios.
Voilà … nous avons eu beaucoup d’activité ces dernières années même s’il y a eu des moments difficiles quand l’économie et l’événementiel se sont arrêtés pendant la crise du Covid mais nous avons décidé au contraire d’utiliser cette crise comme un tremplin de rénovation, de réinvention, pour pouvoir être encore plus fort à la sortie.
Vous êtes présents dans toute l’Afrique et je pense à la situation politique un peu compliquée en ce moment au Mali et au Burkina-Faso. Avez-vous des intérêts là-bas et est-ce que pour vous la situation politique change la donne?
Nous sommes bien sûr présents au Mali, au Burkina et dans toute la sous-région à travers la diffusion de nos chaînes par nos partenaires et en particulier Canal + . Je sais qu’ils sont particulièrement attentifs à l’évolution de la situation locale mais en ce qui nous concerne, nous n’avons pas d’équipe sur place nos moyens humains sont répartis entre le Sénégal et la Côte d’Ivoire mais c’est vrai que ce qui se passe là-bas n’est bon pour personne. Nous souhaitons que cette situation s’apaise le plus vite possible, que la démocratie reprenne ses droits et que les principes des droits de l’homme soient respectés.
La coupe du monde de football arrive dans quelques semaines. Est-ce que vous avez mis en place un dispositif d’accompagnement de toutes les équipes et particulièrement les équipes africaines qui vont participer à cet événement.
Absolument. C’est vrai que la coupe du monde de football est un événement extrêmement important pour le continent africain. Il y a de très bonnes équipes africaines cette année en particulier le Sénégal et on attend beaucoup de ces équipes. Nous ne sommes pas dans le domaine des droits sportifs mais bien entendu la musique accompagne tous les grands événements de la vie africaine et donc nous travaillons au Sénégal sur des fans zones et nous préparons des dispositifs antenne avec la mise en avant de titres développés par des artistes africains à l’occasion de cette Coupe du monde. Nous allons dévoiler tout notre dispositif d’ici la fin du mois d’octobre.
Vous êtes un groupe centré sur l’Afro-sensibilité. Est-ce que vous avez les moyens de mesurer comment cette afro-sensibilité progresse sur vos publics ?
Nous sommes un Groupe, je dirais, Afro-centrique et c’est un exercice compliqué de pouvoir mesurer notre audience sur les cibles afro-descendantes notamment en France car c’est interdit d´une manière officielle de poser des questions sur l’origine ethnique. Nous arrivons à contourner un petit peu le problème en posant des questions filtres sur les langues parlées, les connaissances… ce qui nous permet de savoir que nous sommes extrêmement populaires sur nos cœurs de cibles: les ressortissants d’origine africaine, carabéenne ou de l’océan indien mais nous ne parvenons pas à monétiser aussi bien qu’on devrait le faire à cause des difficultés de reconnaissance de l’existence de ces minorités dites visibles en France.
Néanmoins, est-ce que vos programmes arrivent à dépasser le cap de votre cœur de cible
Oui bien sûr. On a à peu près 7 millions et demi de personnes qui nous regardent en France.
Nous essayons d’être très fort sur deux grands publics: le public affinitaire d’origine africaine et un public tout simplement de fans de ce que nous proposons au niveau musical.
Clairement, la musique, la thématique sur laquelle nous sommes est extrêmement porteuse en France et vous aurez certainement remarqué que les artistes qui sont le plus streamés sont quasiment tous d’origine africaine.