Pouvez-vous nous présenter ce projet AHOE ?
Ahoé est une websérie togolaise en langue locale de 10 épisodes de 26 min financée à 100% par des fonds privés.
Quelles sont les ambitions ?
Les togolais qui ont un faible pouvoir d’achat n’ont pas les moyens de payer un abonnement C+ ou New World TV ou encore des tickets de cinéma. L’ambition est donc d’offrir à tous un contenu populaire, facile à consommer et gratuit sur les réseaux sociaux.
Quelle en sera la diffusion ?
Ahoé sera diffusée exclusivement et gratuitement dans un premier temps sur les réseaux sociaux.
Pourquoi avoir choisi de réaliser cette websérie en langue locale ?
D’abord tout le monde ne maîtrise pas le français au Togo comme sa langue maternelle. Je me suis aperçue, quand j’ai commencé en 2008 avec notre série Zem (un format court), que les comédiens butaient sur les textes en français car ce n’était pas leur langue maternelle. A Lomé, la langue qui est le plus parlée dans la rue c’est le mina. Alors je les faisais répéter en mina puis jouer en français. J’ai d’ailleurs produit une version de la série Zem en mina qui est a beaucoup de succès. Il était donc évident de produire Ahoé en mina : les comédiens sont plus à l’aise, leur jeu est plus fluide et les viewers sont heureux de visionner une série en mina.
Quel en est le pitch ?
C’est l’histoire d’Eli DOUSSI qui rentre au Togo après 10 ans d’absence pour enterrer sa mère et repartir le plus rapidement possible. Mais les choses ne se passent pas comme prévues…
Quelles ont été les grandes étapes du développement de la web-série ?
Avec Madie Foltek nous avons d’abord réfléchi toutes les 2 à ce que nous souhaitions raconter : une histoire populaire inspirée d’une situation courante au Togo et dans la sous-région.
Puis nous avons brainstormé pendant plusieurs jours avec d’autres volontaires sur le déroulé, la structure des épisodes : Quels sont les personnages principaux ? ça commence comment ? ça se termine comment ? Quelles sont les grandes étapes des épisodes 1 à 10 ?
Madie Foltek a poursuivi seule sur les continuités dialoguées des 10 épisodes pendant que j’ai déterminé qui allait réaliser ce beau projet : Julio Teko.
Nous avons lancé un appel à volontaires et les équipes de production, technique, artistique, de communication se sont constituées.
Les prochaines étapes sont le tournage, la post production et la diffusion.
Vous avez en parallèle organisé une campagne de communication sur le digital autour du projet. Est-ce qu’une campagne de communication est déterminante pour la réussite d’une web-série ?
En effet, à mon avis, il ne peut y avoir de série de fiction digitale sans campagne de communication digitale. Il fallait déjà mobiliser la communauté et voir si le projet était assez engageant. De plus, s’agissant d’un projet communautaire, il ne pouvait se faire qu’à travers le digital qui est aujourd’hui en Afrique, le moyen le plus rapide et le plus accessible pour atteindre un maximum de personnes au Togo.
Quels sont, selon vous, les ingrédients indispensables pour faire une bonne web-série ?
Question difficile … L’offre est si importante… Quand j’ai commencé le métier en 2008, mes collègues se demandaient pourquoi nous voulions faire de la série et pas du « Cinéma », du « 7èmeart »…bref, voyagez avec les « Grands ». Mais aujourd’hui, avec la structuration des chaînes et des plateformes de streaming, tout le monde veut faire de la série en Afrique de l’Ouest. Les viewers ont enfin le choix. C’est une bonne chose. Alors quels sont les ingrédients pour les toucher ? Je n’en ai aucune idée. Nous allons raconter une histoire de chez nous et nous espérons que ceux qui nous ont fait confiance prendront du plaisir à la visionner.
En tant que directrice d’une société de production audiovisuelle, pourquoi s’associer à ce type de projet ?
Yobo Studios a produit des formats courts Zem, Palabres, Mi-Temps puis des séries de 26 min Hospital IT et Oasis. Or seule une certaine catégorie de la population togolaise y a eu accès puisque ces séries étaient diffusées sur des chaînes payantes ou sur des chaînes qui nécessitaient un décodeur. Au Togo, le développement des infrastructures et des lois favorables à l’industrialisation audiovisuelle ne va pas au même rythme que la fabrication des contenus et donc des besoins. Le marché publicitaire est timide et il y a très peu de diffuseurs en mesure de mettre les moyens pour acheter ou co produire du contenu. Nous sommes donc obligés de proposer nos contenus aux chaînes panafricaines qui ont bien entendu une vision panafricaine : ces dernières doivent plaire à tous leurs abonnés. Ces chaînes ont également des obligations éditoriales. Ces points peuvent parfois diluer certaines spécificités culturelles locales dans nos histoires et limiter notre créativité.
Ainsi, avec Ahoé, nous pouvons raconter une histoire librement sans contrainte éditoriale, ni culturelle.
Quand pourrons-nous découvrir cette web-série ?
Bonne question ! Je préfère ne pas y répondre car quand nous avons lancé la campagne en 2021 il était question de la livrer au public en décembre de la même année. Je ne veux donc plus faire de promesses. Je peux vous dire que le tournage est prévu pour Juin 2023 😉
D’autres projets à annoncer pour les mois à venir ?
Nous aimerions qu’Ahoé soit le début d’une longue succession de webséries en langue locale. Nous commençons en mina pourquoi pas poursuivre en Fon, en Lingala ou en dioula ?