2020, une année si particulière pour le monde entier, une année qui a bouleversé les lignes mais aussi une année qui amène à s’interroger sur le « monde d’après ». Depuis la mise en place de mesures sanitaires dans plusieurs pays du monde, nous n’avons plus que jamais pris conscience de l’importance du numérique.
Malgré la crise sanitaire, ADICOMDAYS reste le grand événement qui rassemble et mobilise toute la communauté de la communication digitale en Afrique francophone. Initialement prévus à Dakar les 22 et 23 octobre, les Adicomdays se sont déroulés sur le digital, en direct, invitant les participants du monde entier à réfléchir au futur de la communication digitale.
« Aujourd’hui la jeunesse africaine créative influence le monde donc en dépit du Covid, des élections et tout le reste on ne pouvait pas laisser passer cette année sans faire cette édition » – Kahi Lumumba, co-organisateur de l’événement.
Retour sur les principaux temps forts qui ont marqué le Adicomforum.
L’avenir des socionautes africains
La crise sanitaire du Covid-19 a entrainé une évolution des comportements des consommateurs et cela impacte directement les entreprises et marques qui doivent faire face à véritable dilemme notamment dans leur façon de communiquer. Kantar est allé à la rencontre des consommateurs africains pour décrypter les nouvelles tendances, décisives pour les marques en Afrique francophone. Pour Aissatou Mar Fall, Country Lead chez Kantar, les futurs socionautes africains seront engagés et connectés dans un univers très digitalisé emprunt des tendances telles que l’ « Afroptimisme », « Tech is good » ou encore cette du consommer « local ». Les socionautes sont toujours plus nombreux sur le web et les réseaux sociaux, ils utilisent même les plateformes de manière détournée comme Facebook ou Whatsapp par exemple, qui deviennent de véritables marketplaces. Dans ce contexte, les marques devront s’adapter comprendre qu’elles évoluent dans un environnement digitalisé.
Sur la thématique du « New Normal » des créateurs de contenu africains, l’entrepreneur qui fait la une des séries tv sénégalaises, Ngorba Niang, imagine déjà le futur : l’avenir sera marqué par une réelle prise de conscience des forces du digital et du potentiel des influenceurs pour conquérir de nouvelles audiences.
De la mode au petit écran, Ngorba Niang a d’ailleurs su prendre le contre-pied du confinement pour lancer une radio « quarantaine » créée pour animer et distraire sa communauté en ligne. D’un modèle gratuit, il a peu à peu attirer des sponsors séduits par le concept. Aujourd’hui, la radio évolue sur le digital mais également sur TRACE Sénégal.
Le futur de la Tech en Afrique
Le continent continue de rattraper son retard en termes de connectivité même si les enjeux restent grands. La crise sanitaire est venue bouleverser les stratégies digitales des annonceurs, contraints de s’adapter et de se réinventer.
Pour Habib Bamba, directeur de la transformation, du digital et des médias chez Orange CI, au-delà des principaux réseaux sociaux, de nouvelles plateformes telles que TikTok arrivent sur le continent. Ces nouveaux acteurs ainsi que le développement de nouveaux contenus vidéos changent la donne et dessinent un nouvel avenir pour la communication digitale. Dans ce contexte, la data est un enjeu de taille. La consommation de données augmente de plus en plus et cela doit être pris en considération par les acteurs du digital et notamment les Telco.
Au-delà de la connectivité, de nouveaux usages et de nouveaux modes de consommation du contenu se démocratisent sur les nombreuses plateformes.
Selon Sarah Camara Fatim, Manager communication digitale & performance chez Orange CI, l’utilisation des réseaux sociaux est particulière en Côte d’Ivoire. La culture du buzz et du newsjacking sont une tendance omniprésente notamment sur Facebook, plateforme sociale la plus utilisée dans le pays et les annonceurs doivent tenir compte de ces usages dans leurs prises de parole. Le Covid-19 a également permis au live et à la vidéo de se démarquer. Des formats que de nombreux annonceurs ont intégré pour rester proches de leurs consommateurs, même en temps de crise.
Et l’avenir des médias et du divertissement ?
Face à l’essor du digital, comment les producteurs de contenu africains vont-ils se positionner dans ce nouveau marché où la consommation de contenu se fait de plus en plus via les plateformes en ligne ?
Alex Ogou (réalisateur), Diane Audrey N’Gako (fondatrice et DG de l’agence Omenkart) et Claire Pesnel (co-managing Director chez Universal Music Africa) ont pris part au dernier panel dédié au futur des médias et du divertissement.
Du côté de la musique, la directrice dresse un état des lieux du marché. Sur la zone francophone, malgré un vivier d’artistes incontestable, il existe de gros freins au développement du streaming musical. Même si Apple Music a annoncé le lancement de ses activités en Afrique francophone en 2020, d’autres leaders mondiaux comme Spotify ne convoitent pas encore d’opportunités business dans la sous-région.
Concernant la production audiovisuelle, le digital et les réseaux sociaux peuvent constituer un levier pour les créateurs de contenu. Alex Ogou, réalisateur des séries « Invisibles » et « Cacao », rappelle que certains acteurs ont su tirer profit du digital comme la société de production sénégalaise Marodi TV qui a su construire un business model viable grâce à des séries telles que « Maîtresse d’un homme marié » diffusées sur Youtube et à la télévision.
L’avenir de la « voix » et du podcast
Le digital, en Afrique comme dans le reste du monde, fait la part belle à la créativité et cette période de crise sanitaire n’a cessé de le démontrer.
Créatrice du podcast « Si maman m’avait dit », Diane Audrey N’Gako se démarque avec du contenu audio. Même si le format n’est pas encore démocratisé en Afrique francophone, la jeune entrepreneure camerounaise rappelle que la radio reste un média traditionnel largement répandu dans les usages. « Culturellement, nous avons l’habitude de consommer des contenus radio, de consommer du contenu « oral » et nous ne devrions pas oublier le potentiel de ce format, en particulier sur des sujets de sociétés ». Pendant cette période de crise sanitaire, le podcast a été très bien accueilli du public africain en plus du succès rencontré sur les grandes plateformes de streaming. La voix a de grandes chances de se répandre dans les usages africains et pourrait permettre à des acteurs traditionnels de poursuivre leur mutation digitale mais aussi de contribuer à enrichir l’écosystème digital audio en accueillant de nouveaux créateurs de contenu.