Pour les chaines d’information, le développement du digital ouvre de nouvelles perspectives très prometteuses mais parfois aussi, inquiétantes. Comment les chaines d’information panafricaines doivent-elles s’organiser pour profiter de ses effets bénéfiques ? Comment peuvent-elles transformer les menaces en opportunité à saisir ? Comment doivent-elles se réinventer pour y parvenir ?
Le digital est, pour les chaines d’information et pour les médias en général, un outil marketing incomparable, capable de diffuser une information au plus grand nombre et valoriser une marque à travers le monde sans limites ni frontières. Mais c’est aussi une véritable menace sur le plan financier: les recettes publicitaires qui se déportent de plus en plus vers le digital ne sont pas partagées par les grandes plateformes mondiales et les lecteurs n’ont plus aucune raison de payer pour une information que l’on retrouve gratuitement partout de manière quasi instantanée. Comme on l’a vu dans l’actualité récente, le digital peut aussi se transformer en instrument pervers au service des fake news et de la manipulation des opinions.
C’est dans ce nouveau contexte que le paysage audiovisuel d’Afrique francophone, longtemps marqué en matière d’information, par le monopole des chaînes nationales publiques s’efforce de se développer.
Les habitants de l’Afrique francophone subsaharienne ont aujourd’hui le choix entre une vingtaine de chaines d’information très différentes les unes des autres mais toutes tournées vers le même objectif.
Comme l’explique Paul AMAR dans l’entretien qu’il nous accordé , « du politique au culturel en passant par l’écono- mie ou encore le sport, une chaine d’information doit pouvoir couvrir tous les champs possibles, délivrer une information authentique, indépendante de tous pouvoirs économique/politique, et ce, de manière immédiate car une chaine d’information se doit d’être réactive. » Ces vérités journalistiques sont néanmoins parfois négligées, faute de moyens suffisants.
Les modèles économiques en question
Du point de vue des investisseurs, les chaines d’information sont souvent considérées comme un outil d’influence incomparable.
Dans de nombreux cas, le financement est assuré soit par des institutions publiques, soit par des mécènes ou des investisseurs de long terme permettant de se développer sans souci de retour sur investissement immédiat.
» Même si l’on sent monter chez les annonceurs un intérêt pour l’Afrique, cela reste des marchés locaux, difficiles à développer et pour lesquels il n’existe pas encore de véritables outils
de mesure » – François Chignac
Néanmoins, la question des recettes publicitaires se pose très vite : elles sont un enjeu crucial qui conditionne la viabilité à long terme du modèle économique. François CHIGNAC, directeur d’Africanews, partage la vision des afro réalistes sur l’avenir du continent. Il souligne la difficulté persistante encore aujourd’hui, de couvrir efficacement la totalité des marchés publicitaires africains. La problématique de France 24 est toute autre. Marc SAIKALI explique : « France 24 est la seule chaîne de télévision publique internationale. De ce fait, France 24 défend les valeurs portées par la France : la liberté, l’égalité entre les hommes et les femmes, les valeurs d’universalisme, la défense de la laïcité et la diversité qui est également l’une de nos valeurs qui se concrétise par la présence à l’antenne de plus de 35 nationalités différentes. ». Les considérations publicitaires passent au second plan, la quasi-totalité du financement étant assurée par l’Etat Français.