Entretien avec Sandra Coulibaly Camara, Directrice de la Fiction chez NCI

Sandra Coulibaly Camara est titulaire d’un Master en « Marketing et Innovation dans l’univers de la grande consommation » de l’ECM de Tours (France).

Elle a acquis une expérience internationale dans différents secteurs d’activité (communication, marketing, commercial, audiovisuel…) pendant les 15 années passées à l’étranger (France, Dubaï, Hong Kong, Mexique…).

Après 4 années au sein de la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI) où elle a créé le département RTI Distribution, spécialisé dans la production et la commercialisation de contenus ivoiriens à travers le monde, elle intègre Côte Ouest Audiovisuel en tant que Directrice Marketing et Commerciale du Groupe.

Puis en septembre 2018, elle rejoint la Nouvelle Chaîne Ivoirienne (NCI), en tant que Directrice Marketing et Commerciale et participe à ce titre à tous les aspects organisationnels. Depuis 2021, Sandra Coulibaly est à la tête de sa propre structure de conseil en marketing et production audiovisuelle. Elle est la productrice du long-métrage réalisé par Owell Brown, DANS LA PEAU D’UN CAID sorti en salles en 2023 et ayant fait plus de 22 000 entrées.

En mars 2024, elle est rappelée à nouveau par NCI, afin de créer un département dédié à la fiction dont elle est la Directrice.

Vous occupez le poste de directrice de la fiction chez NCI depuis quelques mois. Quelle est votre vision concernant le développement de programmes de fiction ?

Effectivement cela fait 3 mois maintenant que j’occupe le poste de Directrice de la Fiction qui couvre à la fois les acquisitions et la production.

En matière d’acquisition, je souhaite diversifier et surtout augmenter le nombre de distributeurs et de producteurs avec lesquels nous travaillons, dans le but d’avoir accès à un catalogue à la fois plus vaste et plus qualitatif de séries et films. Nous allons également être plus présents sur les marchés de contenus dans le but de répondre au premier objectif énoncé et afin de pouvoir effectuer une veille permanente de ce qui se fait sur le marché africain et international en matière de fiction.

D’autre part, la stratégie d’acquisition se fera à plus long terme, pour pouvoir anticiper tous les besoins de la grille de fiction.

Et en matière de production?


Pour ce qui est de la production, nous allons essentiellement coproduire des séries développées par des producteurs, réalisateurs ou scénaristes ivoiriens. La sélection se fera sur analyse approfondie des dossiers de projets et de la lecture de scénarios. Ainsi, nous détecterons les projets à fort potentiel, menés par des producteurs et réalisateurs qui ont déjà fait leurs preuves sur le marché local et/ou africain, mais nous donnerons aussi la chance à de jeunes talents de voir leurs projets financés par NCI. Tout ceci sera possible grâce aux équipes qui ont été recrutées et qui effectueront un suivi rigoureux de tous les projets que nous allons coproduire, de la lecture et validation des scénarios, à la post-production, en passant par la pré-production et le tournage. Nos équipes travailleront en étroite collaboration avec les producteurs avec qui nous aurons signé des contrats de coproduction. Ainsi, nous contrôlerons tout le processus de fabrication et la chaine de production.

Notre objectif est d’alimenter notre grille de fiction, tout en soutenant et développant la production locale ivoirienne.

Quel type de fiction souhaitez-vous développer en priorité ? 

 La priorité est axée sur des séries de 26 minutes, correspondant aux formats de notre grille. Nous avons une forte cible féminine ce qui nous amène à nous pencher d’abord sur des romances et des drames. Le genre thriller/policier/action a également sa place dans notre grille, mais dans une moindre mesure.

Concernant la comédie, nous avons une case dédiée aux shortcoms (capsules humoristiques de 3 à 5 minutes).

Pouvez-vous nous dire quelle est la part des programmes de fictions dans la grille?

Les fictions représentent environ 35 à 40% de la grille, donc une part prépondérante dans notre programmation, d’où la nécessité de créer cette Direction de la Fiction afin de structurer la stratégie de fiction.

Quelles sont les tranches horaires concernées et avec quels programmes ou type de programmes ?

Nous avons une case quotidienne dans l’après-midi dédiée aux femmes, avec des séries ivoiriennes et/ou africaines : sagas familiales, drames, romances…

Puis nous avons une autre case quotidienne de séries populaires jeunes où nous diffusons des classiques tels que Teenagers ou Class’A, suivie de la case de shortcoms.

En fréquence hebdomadaire, nous avons en prime time des longs-métrages africains, des séries ivoiriennes, des séries internationales, et des blockbusters américains.

Vous travaillez avec des producteurs ivoiriens. Comment les choisissez-vous ?

En effet, l’objectif est d’accompagner la production locale.  J’ai d’ailleurs signé mes premiers contrats de coproduction récemment avec Franck Vléhi de Lully Grâce Production (Les coups de la vie), Jean-Hubert Nankam de Martika Production (Class’A, Teenagers…), et Kadhy Touré de Brown Angel (L’interprète, Marabout Chéri…). Nous les choisissons selon le process que j’ai décrit plus haut, après analyse du dossier et lecture des scénarios, nous évaluons le potentiel pour la chaine par rapport à notre ligne éditoriale, à nos besoins mais également en matière d’attractivité pour le public (côté innovant, intrigues à rebondissements, casting intéressant…). Nous serons par la suite, impliqués dans tout le processus de production, afin de nous assurer que le produit fini corresponde bien à nos attentes.

Avez-vous des projets de co-production impliquant d’autres chaines d’autres pays ?

Pour le moment, nous sommes concentrés sur la Côte d’Ivoire et les producteurs locaux et je peux dire qu’elle regorge de nombreux talents. Nous recevons des dizaines et des dizaines de projets à analyser tous les jours.