Vous avez lancé à Paris et dans plusieurs villes de France, le festival CFA. Comment est née l’idée de créer un festival d’humour africain à Paris et quelles étaient vos ambitions ?
Depuis la création Gondwana-City Productions, à Abidjan, mon objectif n’a pas bougé : professionnaliser le secteur de l’humour africain et créer une économie pour permettre aux humoristes et techniciens de vivre décemment de leur art. Après avoir monté le festival Abidjan Capitale du Rire, l’émission Le Parlement du Rire, des productions à l’échelle du continent, il nous a semblé naturel de partir à la conquête du monde en commençant par la France. D’où l’idée du CFA Festival. Il nous fallait un partenaire idéal, et ça a été Jérémy Ferrari, le célèbre humoriste français, qui a immédiatement collé avec notre philosophie de créer un pont entre l’Afrique et l’Europe. L’objectif étant d’aller vers ce public loin de l’Afrique, la diaspora africaine et afro-descendante, un public sevré de spectacles qui lui parlent et lui ressemblent, et le grand public français curieux et amateur de culture.
Le public était-il au rendez-vous ? Quel bilan pouvez-vous faire ?
Nous avons joué devant des salles pleines partout, à Paris et en tournée, à Bruxelles, Nantes, Lille, Bordeaux, Lyon, Marseille. Le public a répondu présent, et ce n’est qu’un début. Nous avons senti une demande d’Afrique, un besoin d’authenticité, et c’est ce que nous proposons aux gens : des humoristes africains, vivant en Afrique, qui viennent donner leur vision du monde. Nous prenons déjà date pour la 2è édition en 2020 avec un casting renouvelé, tant le réservoir d’artistes est énorme en Afrique.
Vous avez également ouvert il y a peu de temps le Gondwana Club à Abidjan. Qu’est-ce qui a motivé ce projet ?
Le Gondwana Club est le premier comedy club à ouvrir en Afrique de l’ouest francophone. C’est un lieu que nous avons voulu dédier à la scène humoristique ivoirienne et africaine pour que le public ivoirien, ou de passage, vienne rire avec des humoristes qu’il ne voyait, jusque là, qu’à la télévision ou sur YouTube. C’est la première fois qu’il est possible d’assister à des spectacles d’humour, toutes les semaines, pendant toute l’année. C’est une belle opportunité pour les humoristes de jouer et de roder leurs sketches car, par définition, le spectacle vivant a besoin de respirer et de vivre continuellement.
Comment choisissez-vous les talents qui se produisent sur cette nouvelle scène ?
Nous avons nos réseaux sociaux par le biais desquels nous lançons régulièrement des appels à candidature, des auditions que nous effectuons dans nos locaux à Abidjan. C’est très simple de passer une audition : il suffit d’envoyer un mail à (gondwanaclub@gondwanacity.com) et rendez-vous sera pris. Nous programmons des artistes confirmés mais aussi des jeunes talents via une scène ouverte où sont conviés des slameurs, des rappeurs, des conteurs, des mimes, etc.
Entre le stand up, les festivals, la radio et la télévision, quels sont vos projets ?
Nos objectifs, à Gondwana-City Productions, sont de pérenniser le festival Abidjan Capitale du Rire qui en sera à sa 5è édition du 4 au 8 décembre 2019, et d’installer définitivement le Gondwana Club dans les habitudes de sorties des abidjanais. Nous sommes en train de développer une série spin-off de mon long-métrage Bienvenue au Gondwana, et deux programmes TV. Le spectre est large mais l’ambition est toujours la même : créer une économie de l’humour en Afrique pour permettre à tous les acteurs du secteur d’en vivre décemment.
Vous travaillez sur un projet de création d’une école de comédie au Niger, pouvez-vous nous en dire plus ? Quelles sont les ambitions d’un tel projet ? Quels sont les enjeux de la formation pour le secteur de l’humour sur le continent ?
Ce projet d’école entre en cohérence avec tout ce que nous faisons à Gondwana-City Productions, c’est-à-dire consolider la filière de l’humour africain, de bout en bout. Pour avoir des humoristes, des techniciens valables, il faut de la formation. C’est ce que cette école fera grâce à des enseignants venus de toute l’Afrique et du reste du monde aussi. Les enjeux sont simples : les africains doivent raconter leur vécu, leur histoire et leurs rêves, à travers la comédie, les arts visuels, le théâtre et le cinéma. Il y aura aussi de la formation pour les conteurs africains, les griots et tout ce qui appartient à la tradition orale africaine comme le cousinage à plaisanterie, etc.