Réalisateur et producteur, Toumani Sangaré est à la tête de l’école de cinéma Kourtrajmé, créée à Dakar en 2021. Il s’agit de la toute première école en Afrique du collectif Kourtrajmé dont Toumani fait partie, cofondé par Ladj Ly, Romain Gavras et Kim Chapiron. Depuis 2017, il réalise des séries et longs métrages sur le continent. On le retrouve notamment derrière les séries “WARA”, « Sakho et Mangane » ou encore « Dimanche à Bamako ».
Aujourd’hui, dans cette interview accordée à Adweknow, il revient sur la création de l’école de cinéma Kourtrajmé à Dakar.
Pouvez-vous nous présenter votre école de cinéma Kourtrajmé de Dakar ?
Après toutes ces années d’expérience, nous souhaitions partager notre savoir-faire et soutenir les talents du continent africain afin de leur faciliter l’accès aux métiers de l’audiovisuel. Ladj Ly et moi-même sommes tous deux franco-maliens. Il est vrai que nous souhaitions initialement ouvrir une école au Mali mais finalement, le Sénégal est apparu comme une évidence. Le contexte y est favorable puisque le Sénégal est désormais un pays fer de lance en matière de productions de séries mais aussi de cinéma.
Quelles sont les grandes motivations derrière ce projet d’école ?
Grâce à notre école, nous souhaitons permettre aux élèves de se former aux métiers de l’image et du cinéma. Nous proposons ainsi une formation gratuite et ouverte à tous, accessible au plus grand nombre. Mais notre projet ne s’arrête pas là puisque nous souhaitons également contribuer à la professionnalisation du secteur de l’audiovisuel.
En tant que producteurs et réalisateurs, nous souhaitons contribuer à notre échelle à la construction d’une industrie qui connait un essor, en particulier au Sénégal grâce aux séries et au cinéma. Il est nécessaire de créer davantage de contenus pour les chaines de télévision, les salles de cinéma et les plateformes de vidéo à la demande.
Ainsi, nous prévoyons un enseignement professionnalisant, un encadrement personnel et professionnel à tous nos élèves avec des objectifs pédagogiques :
- Dispenser une formation audiovisuelle, artistique et technique.
- Accompagner chaque élève dans le développement d’un réseau professionnel.
Comment s’articulent les cursus de formation proposés ?
L’école propose une formation autour de l’écriture de scénario et une autre autour de la réalisation/post-production. Ces formations associent : cours théoriques, travaux pratiques et masterclass. Elles sont assurées par des responsables de formation pour encadrer les élèves ainsi que des formateurs « techniques », des professionnels du cinéma qui interviennent dans le déploiement des projets.
En plus des cours qui sont dispensés, nous organisons des rencontres entre les élèves et des professionnels du secteur afin qu’il y ait un réel partage de compétences ainsi que la création d’un réseau. Les objectifs sont l’écriture et la production de 2 court-métrages et d’un pilote de série à l’année.
Quel est le profil des étudiants qui intègrent cette formation ?
Nos étudiants ont une moyenne d’âge située entre 25-30 ans. Nous donnons beaucoup d’importance à la parité. C’est pourquoi nous essayons de sélectionner autant de femmes que d’hommes. Certains sont déjà dans le milieu et d’autres sont des passionnés.
Comment trouvez-vous des financements ?
Pour assurer une pérennité et maintenir la gratuité de notre modèle, nous nous appuyons sur un réseau de partenaires. Cela prend du temps de trouver les financements pour conserver notre modèle et rémunérer les formateurs. Les projets réalisés au sein de l’école puis vendus aux diffuseurs doivent également nous permettre de générer des financements. Mais cela prend du temps.
Pensez-vous créer des synergies avec la Côte d’Ivoire par exemple, autre hub de la production audiovisuelle dans la sous-région ?
Ce n’est à l’ordre du jour même si nos formations sont ouvertes aux étudiants de tous les pays. Nous verrons par la suite comment les choses évoluent. L’une de nos étudiantes est d’ailleurs engagée sur un projet du côté de la Côte d’Ivoire.