Entretien avec Tella Kpomahou, comédienne franco-béninoise et fondatrice de l’association Wani Ayo

Pouvez-vous nous présenter votre association Wani Ayo et ses objectifs?

Wani Ayo est une association créée en 2021 pour promouvoir les œuvres culturelles cinématographiques en créant un lien notamment entre celles issues de la diaspora et celles issues du continent. Je souhaitais donner un cadre plus officiel à mes engagements : je ne souhaitais pas seulement être comédienne mais aussi être à l’initiative de projets dans le domaine et de mener des actions sur le continent africain, notamment au Bénin.

Aujourd’hui les trois actions portées par l’association ont été menées au Bénin mais l’envie de travailler dans d’autres pays d’Afrique francophone subsaharienne va peu à peu nous amener à les inclure dans notre champ d’action.

Le cinéma béninois veut prendre sa place dans le développement du Bénin. C’est la raison pour laquelle vous avez organisé deux jours de réflexion sur le sujet. Quelles en sont les grandes conclusions ?

L’association Wani Ayo a en effet organisé 2 journées de réflexion pour clarifier et comprendre pourquoi l’industrie cinématographique béninoise à autant de mal à émerger. En tant que membre de la commission de financement à l’OIF et de plusieurs jurys de festivals, j’ai eu la chance d’évoluer dans ce milieu-là et de constater que les productions béninoises peinent à s’exporter. Ces journées de réflexion étaient une première étape pour comprendre les problématiques du Bénin et réfléchir ensemble à des solutions.

Pour cela, nous avons convié les associations, fédérations et acteurs du secteur pour échanger sur le sujet. Nous avons d’ailleurs identifié une problématique majeure liée à la formation mais aussi le manque de financement et la non-organisation du secteur au niveau étatique. Il manque cruellement d’un « code » pour régir l’industrie cinématographique au Bénin, pour encadrer le secteur.

A l’issue de ces deux journées, nous avons rendu public un rapport remis aux autorités béninoises. Maintenant nous souhaitons répondre aux problématiques soulevées grâce à des solutions concrètes. Nous avons commencé par organiser, avec CANAL+ Bénin et CANAL+ University notamment, une session de formation de qualité, une formation triptyque avec trois modules : l’écriture de scénario, la production et l’actorat. Une vingtaine de professionnels du métier ont ainsi pu participer à cette formation pour renforcer leurs compétences. A terme, nous souhaitons multiplier ces sessions de formation.

Le 7e art au Bénin a des difficultés pour générer des revenus, quelles sont les raisons selon vous ? Que faudrait-il mettre en place ?

Les initiatives se multiplient au Bénin pour soutenir l’industrie cinématographique locale. A l’issue d’un conseil des ministres organisé le 2 novembre dernier, le gouvernement béninois a dévoilé son intention de créer d’un comité d’appui au développement de l’industrie cinématographique. Cette nouvelle entité sera notamment en charge d’œuvrer pour la promotion du cinéma dans le pays et au-delà des frontières, favorisant ainsi sa contribution à la croissance économique du pays et à son rayonnement sur la scène internationale. Experts et personnalités reconnus du monde du cinéma incarneront ce nouveau comité, chargés de favoriser le développement d’une industrie cinématographique dynamique.

Je pense que petit à petit les choses vont s’améliorer et l’industrie cinématographique locale va générer des revenus mais cela doit s’accompagner d’une politique bien définie, d’un « code » pour encadrer la rémunération, des accords de partenariats, de mécénat pour dynamiser la production locale.

D’autres projets en perspective ?

Au-delà de la production théâtrale, nous organisons avec l’Institut Français une séance de projections de films à Conakry. Nous travaillons en parallèle sur un projet de mini-série qui découle d’un court-métrage que nous avons tourné pendant notre session de formation. Dès janvier, nous pourrons constituer un dossier pour trouver des sources de financement.