Après une carrière chez Canal+, puis StudioCANAL en charge de la stratégie de programmation et de sortie des films en France, elle rejoint le réseau CanalOlympia en tant que Directrice marketing et programmation du réseau constitué de 18 salles dans 12 pays africains. Après la période de pandémie du Covid-19 qui a marqué un coup d’arrêt pour les exploitants de salles de cinéma, elle décide de quitter le groupe Vivendi pour se lancer dans une nouvelle aventure : accompagner des projets de structuration et de développement de l’économie du cinéma et de l’audiovisuel sur le continent africain et accompagner la professionnalisation du secteur. Multi-casquettes, en autres, elle est membre de la commission d’aide aux cinémas du monde du CNC, membre de la commission de l’OIF « Images de la Francophonie » pour être au plus proche de l’émergence du cinéma africain et de sa diversité.
Aujourd’hui nous la rencontrons pour le festival Série Séries Africa dont elle est la directrice du développement.
Quel est votre rôle dans l’organisation du festival Série Series Africa ?
A la suite d’une rencontre, le comédien Issaka Sawadogo qui m’a demandé de l’accompagner sur la structuration du festival Série Series Africa. J’ai tout de suite accepté car derrière l’organisation de ce festival, il y a aussi un véritable enjeu d’accompagnement des professionnels du secteur au niveau local. Il fallait également définir un modèle de festival adapté au contexte africain sans faire un copier/coller de l’édition qui se déroule dans l’Hexagone. Je souhaitais valoriser la création africaine, dans toute sa diversité en donnant une dimension itinérante au festival. Initialement installé à Ouagadougou, la prochaine édition se tiendra à Dakar car les enjeux de structuration du secteur sont partout ! Nous devons, grâce au festival, permettre les conditions d’accélération des mutations de l’industrie et valoriser la création africaine.
Quels sont les contours de cette prochaine édition ?
Cette prochaine édition sera marquée par de nombreux temps forts avec notamment :
10 séries africaines en compétition
- Série de l’année
- Meilleure interprétation
- Meilleure réalisation
- Meilleure production
- Prix de la révélation de l’année
Hors compétition
- 6 séries francophones internationales
- 10 séries internationales hors competition dans “Le tour du monde des series”
- 5 séries africaines et internationales en “Avant-Première”
- 3 séries sénégalaises dans “100% Sénégal”
- 4 projections en plein air dans “La nuit des series”
Mais aussi…
- 6 ateliers destinés aux professionnels
- 4 séances scolaires suivies d’une étude de cas
- 1 séance pitch pour les projets en dévéloppement
- 3 masterclass
Nous travaillerons également avec l’école Kourtrajmé et le Centre Yennenga pour des ateliers de formation et dispositif scolaire.
Quels seront les grandes thématiques abordées dans les ateliers ?
Les sujets ont été définis en fonction des grands enjeux du secteur :
- Les droits d’auteur
- L’écriture scénaristique
- Actorat au cœur de la création
- Le financement d’un projet de série (avec un volet dédié au piratage)
- La critique journalistique
- La création audiovisuelle
- Les enjeux de la coproduction
Enfin, nous aurons également des séances de pitching de contenu et des masterclass. Chaque professionnel pourra également venir donner de la visibilité à ses projets à venir et rencontrer d’autres professionnels du secteur. L’événement se tiendra du 24 au 28 octobre 2022.
Y’aura-t-il un volet dédié au digital ?
Nous souhaitons également représenter les plateformes de VOD qui arrivent sur le continent et que nous plaçons dans la catégorie des « diffuseurs ». Nous ne ferons pas de focus mais nous nous devons de les représenter car ces acteurs gagnent de plus en plus le continent et accélère leur production de contenus locaux. Ils ont leur mot à dire sur cette économie qui se structure mais il ne faut pas non plus laisser penser que le marché est segmenté. Il n’y a pas encore assez d’acteurs présents sur le marché pour cela.
Pourquoi avoir choisi Dakar ?
Beaucoup d’endroits dans la zone francophone sont marqués par une réelle dynamique en matière de création audiovisuelle. Nous avons choisi le Sénégal car beaucoup d’initiatives de développement de l’industrie y ont été lancées. Beaucoup de ponts peuvent être créés depuis ce pays et il est intéressant de mettre un coup de projecteur sur la création sénégalaise, et plus largement africaine.
L’ambition de cette rencontre est aussi de confronter les modèles pour pouvoir s’en inspirer. Nous souhaitons représenter la créativité de l’ensemble du continent africain, aussi bien les modèles francophones qu’anglophones pour les confronter et les comprendre. Nous devons nous nourrir les uns des autres et à l’issue de ces réflexions nous espérons qu’émergent des modèles viables adaptés aux réalités de chaque pays.
Nous avons constaté dans un récent dossier que les projets de production de séries se sont multipliés ces dernières années. Quel est votre point de vue ?
C’est très encourageant de voir qu’il y a de plus en plus de producteurs et réalisateurs dynamiques, qui créent des contenus de qualité et qui gagnent en notoriété. Mais je pense que l’on peut encore aller plus loin. L’idée derrière notre événement et de favoriser ses trajectoires de professionnels qui se démarquent sur le continent. On constate encore trop de disparités dans les volumes de contenus produits selon les territoires, selon les politiques culturelles locales … Il y a encore du chemin à parcourir. Je pense qu’il faut multiplier les collaborations et mettre les professionnels en réseau. Plus il y aura de projets, plus il y aura de productions et plus le marché va se structurer. Regardons du côté anglophone par exemple, où nous sommes sur une industrie qui s’autofinancent.
Nous souhaitons inscrire le festival Série Series Africa durablement sur le continent et pour cela, nous vous donnons rdv du 24 au 28 octobre 2022 dans la capitale sénégalaise de Dakar.