Entretien avec Séné Ossebi Douniam, fondatrice du média Sport News Africa

Originaire de Brazzaville, SENE OSSEBI retourne s’installer au Congo il y a deux ans. En s’installant sur le continent lui vient l’idée de lancer Sport News Africa, un média dédié à l’actualité sportive africaine pour les Africains sur le continent mais également pour la Diaspora.

 

Vous avez lancé la plateforme Sport News Africa il y a un peu plus d’un an. Quelles étaient les ambitions ? Quel bilan pouvez-vous faire aujourd’hui ?

Sport News Africa est un média en ligne panafricain créé avec l’ambition de réunir en un seul lieu, toute l’actualité sportive africaine à travers une multitude de disciplines. Après avoir un réalisé un benchmark, je me suis très vite rendu compte qu’il existait une multitude de sites d’actualité sportive mais seulement dédiés à une ou deux disciplines à savoir le football ou encore le basketball.

Nous avons procédé au lancement du site internet en 2019 mais la dernière version est sortie en mars 2021. Nous avons donc aujourd’hui 1 et demi d’existence. Aujourd’hui, si nous devons faire le bilan de nos activités, ce bilan est très positif ! Nous avions un objectif de 5000 visites par jour sur fin 2021. Or, nous avons déjà atteint cet objectif. Nous comptabilisons près de 150 000 visites par mois, notre communauté sur les réseaux sociaux rassemble 180 000 abonnés sur Facebook, 20 000 sur Instagram. Nous débutons sur Twitter.

Nous adoptons une stratégie différente pour chacun des réseaux sociaux pour toucher et répondre aux attentes d’une plus large communauté.

Comment s’organise la rédaction ? Quels types de contenu produisez-vous ?

Aujourd’hui, la direction de SNA est basée à Brazzaville mais au moment du lancement, j’ai très vite été orientée vers une ancienne rédactrice en chef de la BBC Afrique, Courani Diarra, basée à Dakar. … Par la force des choses, nous avons donc développé notre rédaction au Sénégal, avec 4 rédacteurs sur place et un réseau de 20 correspondants sur le continent.

Nous produisons du contenu en lien avec les appétences de nos cibles. 80% des articles traités concernent le football mais nous traitons également le basketball, l’athlétisme, la natation, le cricket, la lutte sénégalaise. Aujourd’hui, des profils se développent également dans les sports de glisse au Sénégal et au Ghana donc nous commençons à couvrir des disciplines comme le surf dans ces pays-là ou encore le skateboard, en pleine effervescence : Accra devrait bientôt accueillir son tout premier Skatepark. Nous collaborons également avec l’AFD et son programme panafricain Sport en commun. Basé à Dakar, ce programme pensé comme un incubateur, vise à favoriser le financement et l’accompagnement des projets mêlant sport et développement en Afrique.

Pour accompagner cette initiative, nous allons lancer un magazine qui traitera de tous les sujets liés aux résultats, classements, compétitions sportives internationales et locales en mettant l’accent sur les initiatives menées pour développer l’écosystème du sport africain.

 

Y’a-t-il une place pour le sport féminin ?

Moi-même je suis une femme et la rédactrice en chef également, le sport féminin a donc toute sa place. Nous souhaitions donner de l’importance au sport féminin à travers l’actualité sportive de femmes athlètes africaines, issues de la Diaspora et afro-descendante. A chaque fois que nous traitons un sujet masculin, nous réfléchissons pour savoir sous quel angle féminin nous pouvons traiter ce sujet pour apporter à notre façon, notre soutien à toutes ces sportives qui souffrent encore d’un manque de visibilité contrairement à leurs homologues.

 

Concernant le traitement de l’information sportive en Afrique francophone, quels sont les enjeux auxquels vous devez faire face aujourd’hui ?

En termes d’actualité et de traitement de l’information sportive, la situation sanitaire est un véritable défi ! Le problème de monitoring se pose également dans notre quotidien. Nous sommes censés produire 100% de notre contenu mais comme pour beaucoup, nous sommes sans cesse confrontés aux problèmes de plagiat.

 

Quand il s’agit de sport et particulièrement de football, les journalistes manquent souvent d’impartialité dans le traitement de l’information sportive. Etes-vous confrontés à cette problématique ?

C’est effectivement quelque chose que je ressens aujourd’hui notamment car nous sommes en train de nouer des partenariats avec des fédérations nationales. Quand nous recevons de l’information qui proviennent de ces fédérations, qui touchent à plusieurs clubs et que le correspondant qui traite l’info et nous relaie son article, on va sentir dans le corps du texte un certain manque d’impartialité. D’un point de vue journalistique, ce n’est pas ce que le lecteur attend. Nous nous devons donc de rester vigilant et de faire un travail de vérification avant publication. Ce problème se pose encore plus à l’occasion de compétitions locales non relayées dans les médias plus « mainstream ».

 

Concevez-vous une stratégie éditoriale propre au digital ?

Dès le début de notre activité, nous avions axé la rédaction sur la qualité des contenus mais également sur l’expérience utilisateur de notre site internet. Aujourd’hui, on se rend compte qu’il faut également développer du contenu pour le digital. Nous ne pouvons pas nous contenter uniquement de contenu rédactionnel. Pour cela, nous produisons de plus en plus de vidéos avec des chroniques phares. Nous travaillons aussi sur le « ton » en collaborant notamment avec des humoristes et influenceurs tels que Observateur Ebène. Nous produisons également beaucoup de contenu avec des sportifs qui nous accompagnent sur les réseaux sociaux. Nous travaillons actuellement sur tout ce qui est contenu « live » sur Instagram et Facebook sans oublier les nouvelles plateformes comme Twitch. Peu à peu nous intégrons les codes du digital dans notre traitement de l’information.

Pouvez-vous nous présenter votre étude récemment publiée sur les sportifs les plus influents ? D’autres études en perspective ?

Nous avions en tête de produire des études car nous souhaitions devenir une référence sur le continent en matière de sport. Nous avons donc commencé par un classement pour montrer l’impact des grands sportifs dans la vie des gens au quotidien. Nous avons donc retenu Twitter comme plateforme de référence pour ce premier classement en identifiant l’impact des sportifs sur la communauté, leur impact au niveau local, les actions sociales menées par ces acteurs et comment sont-elles perçues par les internautes. Ainsi, nous avons publié cette étude inédite sur « Les 100 sportifs africains les plus influents sur Twitter », réalisée en collaboration avec la société Smart Data Power, qui utilise l’API officielle Twitter pour collecter, enrichir et analyser ces données.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

Nous avons sorti récemment la version anglaise de Sport News Africa que nous souhaitons développer grâce à un réseau de correspondants déployé en Afrique anglophone pour avoir un regard panafricain sur l’actualité sportive et bénéficier à terme, d’un véritable maillage sur le continent.