Entretien avec Paola Audrey Ndengue, Directrice générale de Boomplay Music Côte d’Ivoire

Pouvez-vous nous présenter les activités de Boomplay Music ?

Boomplay Music est une application de streaming musical qui regroupe aujourd’hui plus de 80 millions de titres avec un modèle à la fois freemium et premium. L’application est utilisée dans la majeure partie des pays sur le continent africain. 

Le 9 juin dernier, nous avons ouvert nos bureaux à Abidjan en Côte d’Ivoire. C’est officiellement le premier pays francophone à bénéficier de la plateforme même s’il existe une petite représentation au Cameroun.

Quel est le modèle de Boomplay ?

L’offre Boomplay intègre de la publicité et en contrepartie, nous pouvons proposer du streaming musical gratuitement aux utilisateurs. Ils ont ainsi la possibilité d’écouter tous leurs titres préférés sur la plateforme. Côté premium, Boomplay offre les mêmes services mais avec des avantages supplémentaires comme une meilleure qualité d’écoute, une capacité plus large d’écoute ainsi que la possibilité d’écouter les titres sans consommation de data.

Pourquoi avoir choisi de vous implanter en Côte d’Ivoire ? 

Avant même d’ouvrir officiellement nos bureaux en local, nous avions déjà constitué un « pool » d’utilisateurs sur le territoire ivoirien. C’est en partie pour cela que nous avons choisi de nous y implanter plus durablement et d’avoir une représentation en local.

Quelles sont vos ambitions ?

Nos ambitions porteront principalement sur le développement de nos activités mais aussi sur l’éducation au streaming musical car cela n’est pas encore ancré dans les habitudes. Nos priorités sont de construire d’étroites relations avec nos partenaires, distributeurs, agrégateurs mais aussi les artistes et les labels.

Nous devons ainsi faire de la pédagogie sur nos activités mais aussi sur ce que nous mettons en œuvre pour aider les artistes à optimiser leur présence sur la plateforme.

Ensuite, nous avons également un travail à faire au niveau des utilisateurs. Nous sommes sur un marché qui, comme beaucoup de marchés africains, est encore empreint au piratage et au téléchargement illégal. Nous devons petit à petit rediriger les utilisateurs vers une consommation légale et pour l’essentiel gratuite de la musique. Dans un deuxième temps bien sûr, nous développerons vers d’autres canaux avec la partie freemium notamment ou encore vers des partenariats structurants noués avec des opérateurs de téléphonie mobile. Cela est nécessaire voir essentiel car nous partageons ces revenus avec les artistes, nous devons donc aller puiser dans d’autres sources pour nous diversifier.

Enfin, je l’espère, nous souhaitons apporter notre propre pierre à l’édifice pour ce qui est de la structuration de l’industrie musicale locale. Pour cela, nous avons une position stratégique car nous sommes situés entre l’artiste et le public. Nous souhaitons donc participer à une formalisation de cette relation.

Le développement de l’industrie du streaming musical s’accélère sur le continent. Comment comptez-vous vous démarquer ?

Nous allons tirer notre épingle du jeu de 2 manières. Premièrement, nous sommes sur le continent africain depuis 2016 donc nous avons l’expérience de ces marchés. Notre présence nous a permis de mieux comprendre l’utilisateur final mais aussi les besoins des artistes. Nous pouvons également compter sur notre grand catalogue de titres car nous avons des relations à la fois avec les grandes maisons de disques, à la fois avec des labels indépendants africains. De plus, nous avons constitué dans plusieurs pays des équipes en charges de faire la curation des titres et de mettre en avant les artistes émergents. Nous mettons un point d’honneur à donner de la visibilité aux artistes en développement.

Nous bénéficions aujourd’hui de data qui nous permet aujourd’hui de bien cerner le marché, de bien connaître nos utilisateurs. Ces informations, nous les mettons à disposition des artistes et des maisons de disque pour qu’ils puissent mieux travailler leur stratégie de développement. A titre d’exemple, nous savons que l’utilisateur en Côte d’Ivoire est majoritairement masculin, âgé entre 15 et 30 ans, situé dans les grandes ou moyennes villes avec un temps d’écoute quotidien de 83 minutes.

Quelles sont vos perspectives de développement ?

A moyen terme, nous observons, « surveillons » d’autres pays de la zone francophone. Essentiellement le Sénégal et la RDC qui sont 2 pays majeurs dans le domaine. Il y a aussi le Mali et le Burkina. Pour l’instant, nous ciblons le développement de nos activités en Côte d’Ivoire qui représente une place forte dans le domaine. Nous allons prendre le temps d’y développer l’audience et nos relations avec les artistes locaux.