Entretien avec Karine Barclais, fondatrice de Pavillon Afriques, vitrine du cinéma africain au Festival de Cannes

Depuis sa création en 1946, le Festival de Cannes a pour vocation de révéler et de mettre en valeur la création cinématographique de qualité. En 1959 a été créé le Marché du Film, dans le but de réunir les professionnels de l’industrie du cinéma sur le site du festival.

Depuis, professionnels du secteur, producteurs et acheteurs viennent au Marché du Film pour y vendre des films, trouver des partenaires et élargir leur réseau. C’est dans cet espace que Pavillon Afriques dressera sa tente en 2023, pour la troisième fois, pour donner un aperçu du cinéma africain et de son potentiel de croissance sur le continent, dans la diaspora et au-delà̀.

  

Pouvez-vous nous présenter le Pavillon Afriques du prochain Festival de Cannes ?

Pavillon Afriques est la première tente consacrée au cinéma d’Afrique et de sa diaspora. C’est également l’un des rares pavillons privés du Marché du Film. Il regroupe plusieurs pays. Pavillon Afriques témoigne ainsi de la diversité et de la pluralité des productions africaines et d’origine africaine. C’est un lieu de rencontres, d’échanges, de discussions et de partages d’expériences. Une plateforme qui donne aux acteurs du cinéma africain un accès aux ressources de l’industrie cinématographique mondiale.

 

 

Quels sont les objectifs et les ambitions d’une telle représentation au festival ? Quelles sont vos attentes ? 

Depuis sa création, le Pavillon Afriques est un vrai succès. Les acteurs de l’industrie du cinéma africain étaient en demande de ce genre de représentation. Depuis, le travail est considérable et nous œuvrons tous les jours pour convaincre les politiques et trouver des fonds pour la réalisation des films. L’ambition de Pavillon Afriques et de donner une place à l’Afrique à (dans ?) l’un des plus grands festivals dédiés au 7ème Art.

Nous travaillons à souligner l’importance de créer une industrie du cinéma auprès des pays d’Afrique. C’est fondamental si l’on veut structurer et professionnaliser le secteur dans les différents pays.

Enfin, nous devons montrer au monde entier ce que l’Afrique fait en matière de films. Le Pavillon Afriques est un endroit privilégié pour créer des synergies et aider à la professionnalisation du secteur. La formation est aussi un véritable enjeu, c’est pourquoi j’ai créé en parallèle une école de formation en ligne aux métiers du cinéma, Arts & Business Center.

 

Quelles sont les nouveautés de cette édition ?

 

Voici quelques grands rendez-vous prévus pour cette 4ème édition :

  • La circulation des oeuvres cinématographiques en Afriques par Lamia Beljaiel Guiga
  • Spotlight hour en présence de Kourtrajmé
  • The different faces of film financing: Michael Helderman, Bondit Media CEO
  • « Nollywood goes to Bollywood » avec Hamisha Daryani Ahuja
  • Centenaire de Sembène Ousmane, en partenariat avec l’Institut Français

… Et bien d’autres rendez-vous en préparation.

Parmi les moments forts de cette 4ème édition, le réalisateur Richard Lawson viendra présenter son film Black Terror en avant-première accompagné de la productrice exécutive Tina Knowles-Lawson et en présence de l’acteur principal, Tobias Truvillion, étoile montante d’Hollywood.

Cette année, nous avons également lancé un appel à projets ainsi qu’un appel à contenus que nous allons promouvoir auprès de financiers et d’acheteurs.

 

  

Quelles sont les forces et les faiblesses de l’industrie du cinéma en Afrique à l’heure actuelle ?

Pour moi la principale faiblesse de l’industrie reste le manque de stratégie de la part des politiques. Ce sont eux qui doivent soutenir le développement de l’industrie. Beaucoup d’initiatives sont lancées dans les pays mais cela reste encore timide et compliqué. Les représentants pensent souvent à tort qu’il faut d’abord produire des œuvres à « montrer » sur la scène internationale avant de mettre en place des initiatives pour développer et soutenir l’industrie. Or, attirer des producteurs étrangers sur le continent est aussi un moyen d’impulser une économie du cinéma.

Toutefois, même si les politiques ne sont pas forcément engagés, les professionnels du secteur ne cessent de multiplier les projets et n’hésitent pas à se déplacer pour montrer de quoi ils sont capables. La créativité et le talent font partie des principales forces des pays africains en matière de cinéma.

Comment installer durablement cette industrie ?

Hormis les initiatives visant à soutenir la structuration et la professionnalisation du secteur, je pense aussi qu’il est aussi important de ne pas continuer à marquer une limite entre les films et les séries. La démarcation s’atténue de plus en plus partout dans le monde et c’est pour cette raison que nous souhaitons désormais représenter les séries au sein de Pavillon Afriques.

Enfin, le continent est marqué par un renouveau des salles de cinéma. Cela fonctionne bien au Nigéria ou encore en Afrique du Sud où le public est au rendez-vous. Or dans les pays francophones notamment, beaucoup de visibilité est donnée aux blockbusters. Ce qui ne permet pas d’offrir la visibilité que les films africains méritent.

J’espère que les pays africains vont peu à peu appréhender l’importance du développement d’une industrie du cinéma pour leur propre PIB et que les professionnels du secteur vont continuer à se battre pour raconter leurs propres histoires, malgré les difficultés.

 

 

 

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  1. […]  » Depuis sa création, le Pavillon Afriques est un vrai succès. Les acteurs de l’industrie du cinéma africain étaient en demande de ce genre de représentation. Depuis, le travail est considérable et nous œuvrons tous les jours pour convaincre les politiques et trouver des fonds pour la réalisation des films. L’ambition de Pavillon Afriques et de donner une place à l’Afrique à (dans ?) l’un des plus grands festivals dédiés au 7ème Art. Nous travaillons à souligner l’importance de créer une industrie du cinéma auprès des pays d’Afrique. C’est fondamental si l’on veut structurer et professionnaliser le secteur dans les différents pays. Enfin, nous devons montrer au monde entier ce que l’Afrique fait en matière de films… » confiait Karine Barclais, fondatrice de Pavillon Afriques. […]

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