Entretien avec Jérôme Dutoit, Directeur Général de la chaine Melody

Agé de 47 ans, Jérôme Dutoit vient de l’univers de la télévision. Diplômé du DESS de Droit et Administration de la Communication Audiovisuelle (Paris I), Jerôme Dutoit débute sa carrière chez TF1 en 1991 comme chargé d’études à la direction du marketing puis rejoint IMCA en 1994 en qualité de consultant dans l’accompagnement de producteurs et diffuseurs dans leur développement. Il intègre le groupe Canal+ en 1998 pour occuper les postes de responsable des études programmes, puis chargé de mission à la Direction de la Stratégie et enfin, responsable Business Développement à CANALSAT.

C’est en 2014 que Jérôme Dutoit rejoint la chaîne Melody en qualité de Directeur Général aux côtés de Bruno Lecluse, Président et fondateur de la chaîne.

Vous avez lancé votre chaine Melody d’Afrique en août 2017, quel bilan pouvez-vous tirer aujourd’hui ?

La chaine principale Melody existe depuis 18 ans. Nous avons repositionné la chaine il y a 4 ans, sur une thématique « Divertissement vintage ». Depuis, la chaine s’est fortement développée. En France, Melody est devenue la première chaine musicale et la première chaine de divertissement selon NPA Conseil. Au-delà de la chaine d’origine, nous avons choisi de lancer Melody d’Afrique en 2017. Et ce, pour plusieurs raisons :

Premièrement, la musique occupe une place considérable en Afrique et elle est un vecteur important d’abonnement pour les chaines de télévision. Il n’existe que quelques très belles chaines musicales de qualité mais qui s’adressent à un public très jeune, avec une offre de musique urbaine et contemporaine. Ce qui est paradoxal quand on sait que les légendes des musiques africaines sont vénérées par l’ensemble de la population du continent. Toutefois, ces légendes comme les artistes de rumba congolaises ou Papa Wemba ne sont écoutées qu’en radio ou dans les cabarets. Aucune chaine de télévision n’y était complément dédiée.

En France, nous allons chercher beaucoup d’archives auprès de l’INA mais on va chercher également des pépites auprès des réalisateurs, des artistes ou des ayant-droits. Nous avons donc fait le pari il y a trois ans, de créer une chaine entièrement dédiée aux légendes des musiques africaines.

 

 Dans quels pays êtes-vous diffusés ? 

 Cette chaine est pour une double population : Melody d’Afrique est diffusée en France chez Orange, Free, SFR, Numericable et depuis fin janvier chez Bouygues. En Afrique, nous sommes en train d’étendre la distribution : Melody d’Afrique est distribuée sur la TNT en RDC à Kinshasa, sur les réseaux d’Orange Afrique et prochainement chez d’autres distributeurs. Dès le printemps prochain, nous allons distribuer Melody, la chaine principale, sur Canal + en Afrique. Un beau projet car il existe un pont très fort entre les chanteurs français et le public africain. Nous étendrons prochainement la distribution de Melody sur le continent.

 

Récemment, vous avez entamé une large campagne de communication, pour quelles raisons ?

Il s’agit d’un travail de fond que l’on mène depuis trois ans, un pari extrêmement difficile que de vouloir faire revivre des archives. Il y a une culture très forte de l’instant présent et pas forcément de prise de conscience de la valeur de ces archives musicales. Nous avons conclu des partenariats avec des chaines nationales, nous sommes allés voir les artistes un par un … Nous communiquons beaucoup aujourd’hui car nous sommes en train de monter en puissance et nous voulons le faire savoir. Nous avons des années de travail pour aller identifier les archives d’artistes tels que Alpha Blondy, Youssou N’Dour, Cesaria Evoria, Fela Kuti … On joue également beaucoup sur l’aspect trans-générationnel en diffusant des titres de légendes mais également des chansons reprises par la nouvelle génération. Le fait qu’on soit également présent en production propre, par la captation de concerts récents, nous ancre davantage dans la réalité.

Ces musiques touchent tout le monde car elles sont intemporelles. Elles marquent toutes les générations. La chaine Melody d’Afrique s’adresse à un public francophone aussi bien d’Afrique de l’Ouest que de l’Est, qu’au Cap Vert ou encore Madagascar en faisant revivre un patrimoine musical.

Quelles sont vos ambitions ?

 Dans un premier temps, notre métier c’est d’éditer des chaines de télévision payantes. Nous nous appuyons sur les opérateurs. Melody d’Afrique n’est pas présente en digital. C’est un choix délibéré et peut-être que dans un deuxième temps nous envisagerons de développer la chaine sur le digital. Aujourd’hui, notre ambition c’est premièrement de continuer à identifier des archives, de nous renforcer et de faire savoir ce que nous faisons. Nous avons encore besoin de tisser des liens pour identifier des archives. Et pour cela, nous devons nous faire connaître. L’autre axe de notre ambition sera d’œuvrer au développement de la chaine.

Nous développons également la marque grâce à des partenariats terrains, les captations de concert, le sponsoring et l’organisation d’événements comme la prochaine soirée Africa Break en partenariat avec la radio Africa n°1 à Lille le 20 février prochain. S’y produiront notamment Manu Dibango et Cheick Tidiane Seck. Une belle occasion pour la chaîne de développer sa notoriété auprès de son public en région.