Entretien avec Grégoire Ndjaka, Directeur Général de l’Union Africaine de Radiodiffusion

Grégoire Ndjaka est diplômé de l’école de Journalisme de Yaoundé (1988). Il a par la suite continué ses études en France et au Québec, à Montréal. De retour au Cameroun, il a travaillé pendant deux ans au Ministère de la Communication avant d’être recruté à la CRTV où il occupera plusieurs postes : Directeur des programmes radio, Chef de service des programmes, Sous-directeur de la coopération, Conseiller spécial du Directeur général et Directeur des Ressources Humaines. Depuis trois ans, Grégoire Ndjaka est le Directeur Général de l’Union Africaine de Radiodiffusion.

  

Comment êtes-vous organisé au sein de l’UAR ?

L’URTNA est l’ancêtre de l’UAR, l’Union des Radiodiffusions et Télévisions Nationales d’Afrique. C’est une organisation créée à l’aube des indépendances pour permettre aux  gouvernements de gérer et de fédérer leurs intérêts dans le domaine de l’audiovisuel. Cette organisation a fonctionné pendant de nombreuses années mais a également connu un certain nombre de difficultés sur le plan financier. En 2006, l’URTNA a connu un dépôt de bilan puis elle est devenue l’UAR que nous connaissons aujourd’hui. Nous nous occupons de tout ce qui concerne les médias : la formation des journalistes, l’échange de programmes audiovisuels, la négociation des droits sportifs et de toutes les autres questions relatives aux médias aujourd’hui comme la numérisation, la coopération entre les médias mais également entre les autres unions de radiodiffusion dans le monde. Nous accueillons également de plus en plus de membres du secteur privé.

 

 Le lancement  de « AUB Safari Show »  est prévu pour une date ultérieure. De quoi d’agit-il ?

L’Union Africaine de Radiodiffusion va procéder prochainement au lancement du « AUB Safari Show », une compétition musicale d’envergure panafricaine et internationale. AUB Safari Show a pour ambition de faire la promotion de la culture africaine, une culture riche qui réunit plusieurs « Afriques ». Cet événement entend également amener nos membres à travailler ensemble autour d’un projet. Cela favorisera les relations entre tous ces membres afin de créer d’éventuelles synergies, des ponts entre professionnels ainsi que la production d’un contenu de qualité que nous pourrons offrir à nos chaines de télévision et pour lequel toutes ces chaines auront participé. Cet événement s’inscrit dans une démarche de co-création.

 

Comptez-vous aller plus loin dans la co-création de contenus hormis le divertissement … Avez-vous d’autres projets à plus grande échelle que l’événement « AUB Safari Show » ?

Au-delà du « AUB Safari Show », nous avons également mis en place un projet qui certes, est encore au stade embryonnaire mais qui vise de créer un réseau d’échanges de programmes entre nos chaines de télévision nationales. Ce réseau sera inauguré prochainement à Marrakech le 20 mars prochain à l’occasion de notre prochaine Assemblée Générale. Nous avons déjà formé les animateurs de ce réseau à travers les pays membres. C’est un réseau promoteur qui va permettre au continent africain de se raconter, de renforcer les liens entre membres, de mettre à la disposition du monde entier une information authentiquement africaine, une information qui tient compte des réalités locale et enfin, une information qui milite pour l’Afrique. Aujourd’hui, lorsque l’on parle de l’Afrique, nous parlons de guerre, de dictature ou encore de la famine mais en Afrique, il y a aussi des hommes et des femmes qui travaillent, des pays qui se développent et qui s’intègrent dans la grande « famille » mondiale. Aujourd’hui, au sein de ce réseau que nous déployons, nous constatons un réel engouement de la part des chaines de télévision qui souhaitent mettre à la disposition du public de l’information et du contenu pour écrire notre propre histoire.

L’UAR a également mis en place un fonds de production permettant à nos membres d’obtenir des micro-financements pour soutenir le développement de la production locale. Ce fonds de production ne concerne pas uniquement le financement mais également la formation : les porteurs de projets sélectionnés recevront d’une part, une contribution financière et d’autre part une formation dispensée par des experts de l’UAR afin d’accompagner la production de contenu de qualité qui alimentera notre réseau d’échanges de programmes.

La RTI en Côte d’Ivoire a annoncé vouloir organiser prochainement les Assises du Fake News, comment vous positionnez-vous vis-à-vis de la lutte contre les Fake News ?

En tant que représentants de l’UAR, nous demandons aux médias de répondre aux fondamentaux de notre profession et notre profession nous demande de vérifier l’information avant de la diffuser. La question des Fake News est très préoccupante pour nous. C’est pour cela qu’au cours de notre prochaine Assemblée Générale qui se tiendra au Maroc, une journée sera consacrée à cette question des Fake News au regard de l’importance du sujet. Nous avons d’ailleurs, au niveau de notre direction marketing, mis en place tout un projet de formation des journalistes sur la question des Fake News mais nous sommes encore en attente de financement pour le déploiement. C’est un sujet fondamental dans la mesure où nos opinions, en Afrique, sont très fragiles. Nous prenons donc position, une position contre la prolifération de ces Fake News car nous pensons qu’il faut les combattre pour enrayer le phénomène.

 

Vous organisez la prochaine assemblée générale de l’UAR qui se tiendra au Maroc. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Après avoir abordé lors des éditions précédentes, les questions de contenu, de techniques ainsi que de technologies, nous allons pousser la réflexion sur des sujets qui entravent le fonctionnement des médias.  Cette Assemblée Générale se tiendra au Maroc, du 25 au 29 mars 2019. L’événement donnera également lieu à un Forum sur les questions de convergences avec les régulateurs du secteur de l’audiovisuel et de leur apport dans le vaste chantier de la numérisation qui gagne de plus en plus l’Afrique. Nous aurons également deux interventions : sur les questions liées aux droits d’auteurs et à la propriété intellectuelle ainsi qu’un débat sur les questions du sport et des droits sportifs.