Entretien avec Françoise Ellong, réalisatrice de la série « Le Futur est à Nous »

Originaire du Cameroun et du Bénin, Françoise Ellong grandit à Paris et suit des études de cinéma. Elle participe très jeune au Prix du Jeune Écrivain de Langue Française. Le jury du concours la récompense pour sa nouvelle « Journal Intime d’un Meurtrier ». Une distinction qui la pousse à s’intéresser à l’écriture de scénario. Grande fan de Stephen King, elle écrit son premier scénario de court-métrage à 18 ans.

Aujourd’hui scénariste et réalisatrice, elle s’est notamment démarquée pour son long-métrage tourné au Cameroun W.A.K.A. Ce projet lui permet de faire l’ouverture du festival Ecrans Noirs. En 2016, elle décide de créer le blog « Le Film Camerounais » avec pour objectif de promouvoir le savoir-faire Camerounais en matière de cinéma. Deux ans plus tard, elle crée également la Cérémonie de récompenses annuelle « Le Film Camerounais Awards » alias « LFC Awards ». Cette année, l’événement fête ses 5 ans avec une édition organisée le 24 novembre prochain. L’ambition étant de faire évoluer cet événement, d’en créer un véritable label pour contribuer au développement et à la structuration de l’écosystème cinématographique local.

Vous avez récemment marqué l’actualité audiovisuelle avec le lancement du feuilleton « Le futur est à nous ». Quelles sont les forces de cette nouvelle production ?

« Le Futur est à Nous » est la 1ère série quotidienne signée CANAL+ ORIGINAL pour l’Afrique francophone.

Véritable saga familiale, le feuilleton suit la vie quotidienne et les péripéties de plusieurs familles d’un quartier d’Abidjan, à travers 15 personnages forts, variés et de différentes générations.

Ce feuilleton quotidien est notamment l’œuvre de six réalisateurs et, pour moi, c’est une véritable réussite du panafricanisme. C’est un projet sur lequel on montre que l’on est capable de faire de belles choses ensemble. Ce panafricanisme fait la force et la réussite de cette série. C’est aussi une réussite du côté du public.

Ce panafricanisme ne doit pas non plus devenir un effet de mode. Cette série est un exemple en matière de panafricanisme car elle a été pensée, conçue et réalisée comme ça. C’est une grande fierté pour moi d’avoir pu participé à ce projet soutenu par Samantha Biffot. Un projet si naturel et si vrai, réunissant le savoir-faire de tous horizons.

Ce feuilleton est le fruit de trois années d’écriture et l’œuvre de 6 réalisateurs, ce qui n’est pas banale. Comment s’est déroulé la réalisation avec tous ces chefs d’orchestre ? Est-ce que chacun a su apporter sa spécificité ?

Je pense que Samantha Biffot, productrice de la série et réalisatrice des dix premiers épisodes, a souhaité mettre en avant le partage et montrer que l’on est capable de réaliser un feuilleton quotidien avec 6 chefs d’orchestre et d’aller dans la même direction. Nous avons certes chacun notre approche de la réalisation, notre savoir-faire mais c’est une force de pouvoir raconter la même histoire à travers plusieurs regards. Je pense également que cela nous éloigne d’une certaine monotonie et de donner un nouveau souffle à chaque fois à une série de 60 épisodes. Même du point de vue du public, avoir 6 réalisateurs, 6 regards différents, c’est aussi une manière de calquer au mieux à la diversité des publics.

 

 

Entre votre arrivée au Cameroun pour votre premier long-métrage et aujourd’hui, comment a évolué l’industrie cinématographique locale ?

A mon arrivée au Cameroun pour le tournage de W.A.K.A, je n’avais que très peu de connaissances du milieu cinématographique local et que très peu de moyens pour réaliser ce projet. J’ai pris beaucoup de risques mais c’était un projet qui me tenait à cœur.

Entre cette période et aujourd’hui, il y a eu sans aucun doute beaucoup de changements. W.A.K.A m’a prouvé et a prouvé aux acteurs que l’on peut réaliser des projets de films de qualité. Et force est de constater qu’il y a de plus en plus d’œuvres de qualité aujourd’hui. C’est indéniable même si les moyens financiers restent encore un véritable obstacle. En tant que scénariste et réalisatrice, je me sers de ma crédibilité pour donner de la crédibilité à d’autres qui souhaitent réaliser des films au Cameroun.

 

Des projets et collaborations à venir ?

Je travaille actuellement sur un projet de série, un projet imminent, mais aussi sur un projet de long-métrage de cinéma de genre. J’enseigne aussi beaucoup l’écriture de scénario grâce à des stages intensifs.