Entretien avec Christine Pigeyre, Présidente Directrice Générale de CanalOlympia

Quel est votre rôle au sein du groupe Vivendi ?

Je suis Présidente Directrice Générale de CanalOlympia depuis septembre dernier après avoir été nommée Présidente de Vivendi Sports.

Cette double nomination permet de regrouper l’ensemble des activités de Vivendi Village en Afrique : CanalOlympia, le premier réseau de salles de cinéma et de spectacles en Afrique sub-saharienne ; Vivendi Sports, qui conçoit et organise des compétitions sportives ; et des « Vivendi Village Africa » qui rassemblent des infrastructures culturelles et sportives ainsi que des espaces de formation et d’innovation.

Je suis par ailleurs Directeur des Relations extérieures de Vivendi depuis 2008. Cette casquette m’offre une position privilégiée pour faciliter et multiplier les initiatives entre les différentes entités du Groupe présentes en Afrique. Canal+, Universal Music, Havas, Vivendi Sports et CanalOlympia en particulier se connaissent bien sur le terrain et travaillent main dans la main.

  

Quel bilan dressez-vous aujourd’hui de l’activité du réseau CanalOlympia ?

En deux ans à peine, notre réseau de salles de cinéma et de spectacles est parvenu à trouver son public. En lui permettant de (re)découvrir l’expérience fabuleuse d’une sortie au cinéma, de vivre pleinement l’immersion cinématographique grâce à l’équipement dernière génération et de bénéficier des meilleurs films en même temps que le reste du monde, les salles CanalOlympia remplissent parfaitement leur rôle.

En 2018, plus d’un demi-million de spectateurs a assisté à l’une de nos séances. Notre taux moyen de remplissage peut également en témoigner puisqu’il est le double du taux moyen de l’Hexagone.

La modularité et la polyvalence étant au cœur même du concept de nos salles, celles-ci ont aussi parfaitement relevé le défi de la diversification en accueillant plus de 250 événements sur l’année, en parallèle de l’activité cinéma. Du concert à la conférence de presse, en passant par les compétitions sportives et les projections privées, les marques et sponsors sont de plus en plus nombreux à faire confiance à CanalOlympia.

Les salles du réseau CanalOlympia accueillent également différents événements culturels. Quelles sont les manifestations qui attirent le plus de monde ?

En effet, les salles accueillent de très nombreux événements tout au long de l’année. On ne peut pas comparer une projection qui rassemble à chaque séance quelque 300 personnes dans la salle, et des événements extérieurs qui, selon leur nature et les dimensions de l’esplanade extérieure, peuvent rassembler de 1 500 (comme pour la grande soirée « boxe » que Vivendi Sports a organisée au Sénégal en octobre) à 20 000 personnes pour certains concerts.

Sans même parler de la deuxième édition du Tour de l’Espoir, une course cycliste internationale qui vient de se terminer au Cameroun. Créée à l’initiative de Vivendi Sports, c’est un superbe exemple du travail en commun accompli par les différentes sociétés du groupe Vivendi.  Le Tour de l’Espoir a rassemblé des milliers de personnes tout au long du parcours en cinq étapes, sans parler des milliers d’autres ayant assisté au concert 237 United, produit par Universal Music Africa, avec des artistes à la fois francophones et anglophones sur les scènes CanalOlympia à Yaoundé et Douala.

Aujourd’hui, quelles sont vos sources d’approvisionnement de films ?

Nous avons signé des contrats-cadres avec plusieurs distributeurs majeurs européens, américains et africains. L’accès à leurs line-up nous permet de proposer une programmation riche et diversifiée. L’objectif est d’être toujours au plus près, d’une part, de l’actualité du cinéma dans le monde grâce aux sorties simultanées, et d’autre part, des attentes de nos publics.

Nos deux années d’exploitation nous ont permis d’affiner notre connaissance des goûts de nos clients. Nous sommes en permanence à leur écoute, grâce à nos équipes locales – essentielles à notre fonctionnement – et à nos outils de communication digitaux. Notre mode de fonctionnement nous permet de réagir et d’ajuster notre programmation lorsque cela s’avère pertinent.

 

Quelle place occupe la diffusion de contenu africain dans votre politique de programmation ? 

Les films issus du continent trouvent bien entendu leur place dans notre programmation. L’accompagnement de la création locale fait partie de la vocation du réseau CanalOlympia. En donnant la possibilité d’être diffusé sur grand écran, dans de réelles conditions cinématographiques et dans plusieurs territoires, cela offre de nouvelles perspectives pour tous les réalisateurs du continent.

Pour autant, force est de constater qu’aujourd’hui l’offre cinématographique ne correspond pas nécessairement à ce que nos publics souhaitent voir au cinéma. Jusqu’à présent nous avons pu constater qu’ils viennent en salle surtout pour voir du grand spectacle, pour se divertir, pour rire, pour vivre des émotions incroyables, pour en « prendre plein les yeux et les oreilles ». Ce sont donc les comédies, les films d’action ou de super héros, ou encore les films d’horreur qui attirent les foules. Les contenus africains auxquels nous avons accès aujourd’hui sont très majoritairement des drames (films Nollywood mis à part). Ce sont souvent de très belles réalisations, mais davantage adressées à un public dit « de festival » qu’à nos publics actuels.

Nous poursuivons néanmoins nos efforts afin de contribuer à la dynamisation et à la professionnalisation de la filière dans les pays où nous sommes présents. Les blockbusters sont des valeurs sûres qui attirent le public dans les salles et font renaître la « sortie en salle ». Ce qui nous permet, en parallèle, d’œuvrer constamment pour enrichir nos sources d’approvisionnement de films. Nous sommes d’ailleurs à nouveau présents cette année au Fespaco et les deux salles CanalOlympia de Ouagadougou seront le lieu de plusieurs projections et événements dans ce cadre.

 

Pouvez-vous nous parler de votre partenariat avec l’opérateur Orange (Cinédays – Orange Money) ?

En avril 2018, les groupes Vivendi et Orange ont conclu un partenariat majeur pour rendre le cinéma plus accessible à tous en Afrique, grâce au réseau CanalOlympia.

Nous avons donc déployé l’offre Orange Cinédays : une place achetée = une place offerte pour les clients Orange, valables les mardis et mercredi dans les salles CanalOlympia. Celle-ci est déjà en place au Cameroun et au Sénégal, et sera progressivement déployée dans l’ensemble des territoires couverts par le partenariat. De même, nous allons intégrer Orange Money, qui est un moyen de paiement très courant localement, à nos caisses.

L’un des autres volets de cet accord, celui de la connexion très haut débit de nos salles, permettra de renforcer notre capacité d’envoi numérique et sécurisé des films.

 

Aujourd’hui, où en êtes-vous du projet d’implantation des salles CanalOlympia sur le continent ?  Quels sont les futurs projets d’ouverture de salles ?

Le réseau CanalOlympia compte aujourd’hui 11 salles en exploitation, dans 8 pays. Notre déploiement ambitieux s’avère très efficace puisque la première salle a été ouverte, pour mémoire, il y a à peine deux ans.

Nous comptons ouvrir une petite dizaine de salles supplémentaires cette année, notamment dans de nouveaux territoires du continent : à Madagascar ou au Congo par exemple, mais également en Afrique anglophone.

 

Pensez-vous que le marché du Cinéma en Afrique puisse retrouver la place qui était la sienne il y quelques années ?

Nous en sommes convaincus ! C’est pour cela que nous investissons autant de moyens financiers et humains dans ce réseau. Tous les talents, en devenir ou confirmés, sont présents. Le continent regorge d’une énergie, d’un enthousiasme et d’une créativité extraordinaires. Nous sommes heureux d’être présents et de contribuer à la (re)structuration de toute une filière.