Entretien avec Rita Pascale Kwaminan, Présidente de l’Association des Blogueurs de Côte d’Ivoire

Pouvez-vous nous présenter vos activités ?

Je suis blogueuse, fondatrice du média dédié à la promotion de l’autonomisation de la femme et du leadership féminin Réalité de femme ( www.realitedefemme.com ). Depuis le 22 Janvier 2022, j’ai été portée à la tête de l’Association des Blogueurs de Côte d’Ivoire.

Outre le blogging, je suis Présidente de l’ONG Femme Autonome Espoir de Demain – FAED, une organisation qui œuvre pour la promotion des droits des femmes et des enfants.

Entrepreneure dans le secteur de la communication et des médias, je suis CEO de l’agence Réelle Communication & Compagnie.

Pouvez-vous nous présenter votre association ? Ses missions ? combien de personnes en font partie ?

L’Association des Blogueurs de Côte d’Ivoire (ABCI) a été créée le 23 Août 2013. L’ABCI est la première plateforme d’échanges sur la thématique du blogging en Côte d’Ivoire.

L’ABCI compte près d’une centaine de membres (des influenceurs et blogueurs).

L’ABCI a pour mission d’œuvrer au développement de la production de contenus locaux, la liberté d’expression et la démocratisation de la culture web et des bonnes pratiques auprès des jeunes. Reconnue pour son apport constructif dans le secteur de la communication, des membres de l’ABCI ont été faits Chevaliers dans l’Ordre du Mérite de la Communication. Nous pouvons citer en autres : – M. Israël Guebo, M. Cyriac Gbogou, Mme kakou alias Yehni Djidji, M.Thierry Koffi Mensah.

2023 marque les 10 ans d’existence de l’Association des Blogueurs de Côte d’Ivoire, pouvez-vous dresser un bilan de ces 10 années d’activité ? Quelles sont vos ambitions pour la suite ?

Au niveau du bilan, il faut retenir que 10 ans après sa création, l’ABCI, se positionne aujourd’hui comme un véritable acteur de l’écosystème du web en Côte d’Ivoire. En termes d’activités, l’ABCI a formé des centaines de jeunes à la bonne utilisation des médias sociaux.

L’ABCI est un cocon du leadership. Grâce à ce milieu qui impulse le leadership et la prise d’initiative communautaire, plusieurs de ses membres ont initié des projets qui sont forts profitables à la société.

L’an dernier, nous avons initié un programme de formation en blogging et création de contenus dénommé « La blog académie ». Après l’appel à candidature, ce sont plus de 500 jeunes qui ont émis le souhait de participer à la formation. Cependant, L’ABCI fonctionnant sur fonds propres n’a pu sélectionner que 15 jeunes filles et garçons.

Pour l’année 2023 décrétée année de la jeunesse, nous envisageons de former encore plus de jeunes en création de contenus et fact cheking. Nous comptons initier des activités dans les écoles pour nous rapprocher de notre cible.

Comment s’est développé le blogging en CIV en dix ans ?

Dans les années 2010 à 2020, le blogging ivoirien a connu un fort essor avec des blogueurs qui faisaient rêver avec leur plume unique. Nous sommes dans un monde en pleine mutation. Et le blogging n’y échappe pas. Le blogging classique a toujours sa place. Cependant, les créateurs de contenus se tournent de plus en plus vers la conception de vidéos avec l’avènement des médias sociaux comme TikTok ou l’introduction des live Facebook.

Aujourd’hui le blogueur ivoirien se réinvente. Il ne se contente pas juste d’écrire mais il allie à son écriture les contenus comme le podcast ou la vidéo.  Il n’en demeure pas moins que la base du blogging reste l’écriture web.

Avez-vous des chiffres clés à partager ? Combien de blogueurs aujourd’hui sur le territoire ?

Nous n’avons malheureusement pas les chiffres justes en termes de blogueurs ivoiriens. Mais en ce qui concerne l’ABCI, nous enregistrons 98 Membres actifs et plus de 200 jeunes aspirants blogueurs.

Quels sont les principaux enjeux auxquels vous devez faire face ?

Notre principal enjeu est de faire de l’espace web ivoirien un espace sain, dans lequel les acteurs et les utilisateurs tirent le meilleur profit. C’est la raison pour laquelle, l’ABCI place au cœur de ses actions la formation.

Le second enjeu de l’ABCI est de susciter davantage de créateurs de contenus ivoiriens de qualité capables d’impulser un changement positif sur notre continent.

Nous sommes engagés dans ce combat. Mais nous nous retrouvons confronter au manque de moyens financiers. C’est le lieu pour moi pour lancer un appel aux institutions, aux bailleurs pour un accompagnement des activités de l’ABCI.

Vous œuvrez notamment à la promotion auprès des jeunes de bonnes pratiques sur le web. Quelles sont ces bonnes pratiques ?

Par bonnes pratiques du web, il faut retenir :

  • L’utilisation saine des médias sociaux
  • Le respect des normes juridiques établies en matière d’utilisation du digital
  • La vérification des informations avant la publication ou le partage sur les réseaux sociaux.
  • L’utilisation du web pour développer son personal Branding et dénicher des opportunités.

En quoi le blog est-il une source d’opportunités et d’insertion pour la jeune génération ?

L’essence du blogging est de partager sa passion, d’informer, de former ou de défendre une cause.

A travers le blogging, le blogueur met en lumière ses talents, ses compétences. En créant un blog, le jeune s’ouvre au monde. Le blog devient ainsi le CV du blogueur.

Au-delà de l’activité, beaucoup de jeunes ont pu s’insérer grâce au blogging dans un cursus professionnel.Outre l’insertion professionnelle, les jeunes peuvent monétiser leur blog. Le blog est donc un outil d’autonomisation de la jeunesse qu’il est convient de vulgariser.

Le gouvernement ivoirien souhaite réguler le web en définissant un cadre juridique, proche de celui des médias, aux blogueurs et influenceurs. Quel regard portez-vous sur cette législation désormais en vigueur ?

Si nous aspirons à une société juste et équitable, nous devons mettre en place des mécanismes juridiques efficaces qui protègent les droits de chaque citoyen. L’espace web qui est devenu la lucarne d’expression du citoyen lambda doit avoir un minimum de règles.

La Côte d’Ivoire compte près de 7 millions d’utilisateurs des médias sociaux. Quand on sait l’impact que les blogueurs, activistes et les influenceurs peuvent avoir sur les comportements des internautes ; la régulation s’impose dans le milieu des créateurs de contenus.

Le blogging a pour principe majeur la liberté d’expression. Au regard du fait que l’ABCI est une association qui a un engagement citoyen, tant que cette loi n’empiète pas notre liberté d’expression, nous ne pouvons que soutenir cette réforme.

Au-delà de la régulation, la reforme sur la loi de la communication audiovisuelle constitue   une avancée pour les créateurs de contenus. Cette loi vient reconnaît l’existence des blogueurs, activistes et influenceurs et c’est une grande première dans l’ordonnance juridique ivoirien.

Pour finir, avez-vous des actualités à partager ? de nouveaux projets à dévoiler ?

En ce qui concerne l’ABCI, nous allons procéder au lancement de la sélection de la deuxième cohorte de la blog académie.  Nous prévoyons dans les mois qui suivent une tournée de formation dans les écoles de la Côte d’Ivoire.