Entretien avec Pascal Delarue, Directeur général délégué d’Orange Studio

Pouvez-vous nous présenter vos activités en Afrique francophone subsaharienne ? 

Créé en 2007, Orange Studio est la filiale cinéma du Groupe Orange engagée dans la co-production et l’acquisition de film. Nos différentes activités sont la production, l’exploitation et la distribution. Nous avons financé le film Benda Bilili, le film sénégalais La Pirogue ainsi que Timbuktu. Ces films nous ont permis de constater les nombreuses retombées positives liées à la mise en avant de la culture africaine. Nous avons donc décidé de développer nos contenus et productions dans le cadre de l’implantation du groupe. Nous avons lancé une activité audiovisuelle, du grand au petit écran, dans les 21 pays du continent dans lesquels Orange est présent.

Jusqu’à aujourd’hui, nous avons fait 26 longs-métrages en veillant à faire des films de culture africaine, racontés par des auteurs africains et non pas des films faits par des Français sur l’Afrique. En plus de ces co-productions, nous nous sommes lancés depuis deux ans dans les séries. De la part de nos filiales, nous nous sommes rendus compte qu’il y avait une vraie demande. Ces séries sont avant tout des comédies qui viennent de Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Ghana ou encore du Burkina Faso.

 

Quand il s’agit de production locale, la question de l’exportation se pose. Quel est votre point de vue sur la question ?

Effectivement, lorsque l’on parle de production nous devons aborder le sujet de la rentabilité. Nous sommes à la naissance de ce marché. Un marché qui est en train de s’organiser. La rentabilité viendra lorsqu’il sera à peu près organisé. L’exportation n’est pas forcément garantie mais ce que nous visons avant tout, c’est de faire des œuvres africaines sur la culture africaine pour satisfaire la demande des spectateurs. L’équilibre se fera naturellement, dans un deuxième temps. D’un point de vue global, le niveau de qualité des productions africaines augmente nettement.

Vous avez signé un accord avec Vivendi centré sur le réseau de salles CanalOlympia dans près d’une dizaine de pays africains, pouvez-vous nous en dire plus ?

L’un de nos objectifs est de rendre le cinéma le plus accessible à tous en Afrique. Le réseau CanalOlympia a éprouvé le besoin de recourir à nos compétences techniques pour ses nouvelles salles comme la distribution numérique des films, la mise à disposition d’un catalogue, ainsi qu’à nos services tels que le paiement de la billetterie via Orange Money. Nous lui avons donc apporter une véritable assistance technique ainsi qu’une assistance du point de vue marketing.

Nous ne pouvons que nous réjouir de la renaissance des salles de cinéma en Afrique francophone portée notamment par le déploiement du réseau CanalOlympia, la présence de l’acteur ivoirien Majestic ou encore la récente implantation de Pathé.

 

L’Afrique a pris le tournant du numérique et de la digitalisation des contenus. Est-il possible de concilier le cinéma en salles et les plateformes VOD ?

Je pense qu’il y aura le même phénomène qu’en France. Au-delà du film en tant que tel, le cinéma est une activité ludique qui continuera d’attirer les spectateurs. Je pense que la jeunesse saura apprécier un film sur grand écran comme sur leur écran de smartphone. Les salles de cinéma connaitront leur succès.

 

Quelles sont vos perspectives de développement sur le continent ?

 Nous avons dû déterminer peu à peu une organisation de production et d’exploitation sur place et cela n’était pas facile dans la mesure que nous commencions sur un terrain vierge. Nous ne pouvions pas imposer notre vision et notre système français mais s’adapter. Nous avons aussi l’ambition d’intensifier nos activités pour soutenir la production. Nous espérons développer avec nos filiales, des productions de plus en plus qualitatives mais aussi quantitatives car il faudra être en mesure d’alimenter tous nos « tuyaux » et accompagner le développement de l’industrie.

Nous mettrons également l’accent sur la production de séries car les spectateurs africains en sont demandeurs. A partir d’études, nous avons pu constater que, sur nos plateformes VOD et SVOD, les films nationaux sont demandés prioritairement. En Afrique comme en France, on aime les séries internationales mais aussi et surtout les séries locales. C’est la raison pour laquelle nous avons choisi de développer des productions africaines.