Entretien avec Eloïne Barry, Fondatrice et DG de l’agence African Media Agency (AMA) 

Eloïne Barry est la fondatrice et directrice générale de l’agence African Media Agency créée il y a 9 ans maintenant avec comme cœur de métier, la diffusion dite “Wire” de communiqués de presse en Afrique. 

Pouvez-vous nous présenter les activités de votre agence ? 

A cette époque, l’agence travaillait avec d’autres agences ayant des contacts dans certains pays d’Afrique mais souhaitant communiquer dans d’autres. Nous avons commencé par la diffusion, qui représente encore 70% de notre chiffre, puis nous avons développé des activités d’agence à 360° : du digital à la stratégie en passant par la rédaction de contenu, les relations presse et l’événementiel. Enfin, nous nous sommes également développés sur un axe “formation”. 

D’un point de vue géographique, nous avons des bureaux situés à New York, Abidjan, Kampala, et une présence locale dans 18 pays africains. 

Comment se traduisent vos activités dédiées à la formation ? 

Nous avons créé l’AMA Academy pour former les journalistes sur des sujets spécifiques. Les journalistes sur le continent n’ont pas forcément les moyens de se former de façon régulière et les formations qui existent ne sont pas forcément adaptées aux spécificités culturelles et aux réalités locales. Pour cela, nous nouons des partenariats avec des clients. En ce moment, nous dispensons une formation sur le changement génétique du moustique pour éradiquer le paludisme. Nous développons également des modules sur des sujets Fintech, sur le journalisme d’investigation. 

Qui sont vos clients ? 

Nous accompagnons des clients comme la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement, des organisations internationales, le Ministère des Affaires étrangères américain à travers ses ambassades, des grandes fondations ou encore des acteurs privés tels que Mastercard, LG …

Pourquoi avoir choisi de vous installer à Abidjan ? 

Je suis désormais basée à Abidjan avec pour ambition de développer nos activités dans la sous-région francophone pour aider les sociétés locales dans leur communication. 

Quelles sont aujourd’hui les grandes tendances en matière de RP et de communication en Afrique francophone ? 

On pourrait dire qu’il y a un “avant” et un « après” Covid. Premièrement, l’année Covid a été l’année la plus dense d’un point de vue activité. Cette période a été marquée par la prolifération de leaders d’opinion. Elle a été comme un point d’ancrage pour communiquer. Parfois très bien et parfois moins bien. Cela a généré beaucoup de demandes en matière de communication. Deuxièmement, on peut dire que l’année Covid a créé un vrai séisme au niveau des médias du continent. Les lignes se sont brouillées, entre le digital et les RP traditionnelles. Aujourd’hui, ce qui m’interpelle à Abidjan, c’est que toutes les agences de communication s’avèrent être des agences de publicité. Or, ce sont des métiers bien différents même si les acteurs ont besoin de se diversifier et d’adapter leurs offres aux créateurs de contenu qui émergent sur le digital. Cela rend notre métier plus compliqué. Aujourd’hui le contenu se démultiplie, on s’attache davantage au “bruit” qu’aux cibles et cela transforme nos métiers c’est certain. 

Le digital devient essentiel mais tous les axes sur le digital ne se valent pas. 

Quel regard portez-vous sur le secteur des relations publiques en Côte d’Ivoire ?

Je pense que c’est un secteur qui a besoin d’investissements. Je considère les médias comme une infrastructure de la société. Cela fait partie du bon fonctionnement d’une société. Il doit y avoir des médias forts et fiables pour une société saine. Je rencontre ici beaucoup de professionnels investis et soucieux de bien faire leur métier mais le manque d’investissement dans la structure des médias est un réel problème. C’est bien pour cela que l’on observe une prolifération de leaders d’opinion sur les réseaux sociaux. Il va falloir se poser les bonnes questions car, comment convaincre la génération Z que les contenus diffusés dans les médias sont de meilleure qualité, plus fiables, issus d’un travail d’investigation contrairement aux contenus déversés via des flux ?

Les médias doivent prendre plus de place sur les réseaux sociaux et capter ces audiences-là de façon beaucoup plus pertinente, intelligente mais aussi de façon pérenne. Il y a un besoin de revitalisation de la presse écrite avec le digital. 

Est-ce qu’aujourd’hui vous considérez qu’il faut parler de Relations publiques 2.0 en opposition aux RP traditionnelles ? 

Je ne marque pas de rupture entre les deux. L’impact généré par une campagne sur le digital ou une interview sur un média fort n’est pas comparable. Les RP restent une expertise. Elles évoluent certes sur les formats mais il n’y a pas de rupture. 

Des projets à court, moyen ou long terme ? 

Nous avons effectivement un projet de création d’un incubateur média pour les médias de la sous-région francophone, basé en Côte d’Ivoire. L’objectif serait de former les journalistes en local mais aussi d’accompagner des journalistes qui souhaiteraient créer leur propre média. 

Nous avons également développé une plateforme pour la diffusion de communiqués de presse à destination des sociétés ivoiriennes avec des tarifs spécifiques. 

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