Entretien avec Colette OTUSHESO, PDG du groupe Accelerate

(Propos recueillis par Edouard Char pour Adweknow au MIPCOM  le 22 octobre 2024)

Colette OTUSHESO est  PDG du groupe Accelerate, société financée et détenue par Access Bank, la plus grande institution financière d’Afrique.

Le groupe ACCELERATE, basé au Nigéria, comprend une agence créative, un studio  de production : Accelerate studios, Phoenix, une plateforme ayant pour objet le renforcement des capacités et de formation pour les jeunes cinéastes africains et une plateforme de streaming ACCELERATE +

Accelerate + est une plateforme qui compte environ 30 000 abonnés en Afrique et qui a été lancée il y a deux ans…

Effectivement  nous avons lancé Accelerate TV il y a huit ans, et lorsque nous l’avons lancée, c’était sur YouTube. Notre objectif était de créer du contenu lifestyle, des séries ainsi que des documentaires factuels. Nous produisions tous nos contenus nous-mêmes et nous avions beaucoup de collaborations avec de jeunes producteurs ou scénaristes émergents.

Qui posséde la société ?

Nous possédons la société, mais nous avons eu le soutien de Access Bank. Access Bank est la plus grande banque d’Afrique en termes de clientèle. Nous étions financés par eux, ils étaient comme notre grand frère. Ils nous ont permis de croître comme nous l’avons fait.

Donc pendant six ans, nous avons été seulement sur YouTube pour héberger le contenu que nous produisions et nous avons environ 400 000 abonnés sur YouTube.

Et aujourd’hui ?

Nous poursuivons bien sûr sur You Tube mais nous avons également constaté un nouveau phénomène: les gens font des films exclusivement pour YouTube.

Nous avons donc lancé une nouvelle plateforme il y a deux ans, appelée ACCELERATE +, similaire à Disney +. Cette plateforme héberge nos productions originales, comme les Amazon Originals, mais sous notre label, les ACCELERATE ORIGINALS. Nous avons également commencé à acheter du contenu à d’autres réalisateurs, producteurs et cinéastes.

Nous avons remarqué qu’il y avait un manque de plateformes pour accueillir ce contenu, en particulier du contenu africain. Tout ne pouvait pas aller sur Netflix, tout ne pouvait pas aller sur Amazon. Nous voulions créer une plateforme accessible à tous pour diffuser du contenu africain de qualité.

Notre plateforme accueille environ 70 % de contenu nigérian et 30 % de contenu africain. Il s’agit de films, de documentaires, d’émissions de cuisine, de talk-shows, d’émissions lifestyle et de spectacles musicaux.

Et toutes vos productions sont en anglais avec des sous-titres ou un doublage ?

Lorsque nous achetons du contenu, par exemple un film du Kenya dans sa langue originale, nous le prenons tel quel, avec doublage ou sous-titrage.

DECOLONIZATION OF AFRICA est votre dernière production. Comment est-elle née ?

 DECOLONIZATION OF AFRICA est une série documentaire en six épisodes d’une heure. 

Voici comment tout a commencé : le PDG de Access Bank, Herbert Wigwe, qui est malheureusement décédé en février, a eu une conversation avec l’ancien président du Nigéria Olusegun Obasanjo qui souhaitait, depuis dix ans, raconter l’histoire de la décoloniation africaine . 

Le  président Olusegun Obasanjo, nous a expliqué comment les différents pays africains se sont soutenus mutuellement pendant leurs luttes pour l’indépendance. Que ce soit le Ghana, le Nigeria, l’Angola, l’Afrique du Sud… Nous avons passé les deux dernières années à parler avec les personnes qui étaient là à cette époque et avons discuté avec des dirigeants comme le président Obasanjo ou Joaquim Chissano Président du Mozambique, et des personnes haut placées dans le gouvernement sud-africain.

Vous ne vous êtes intéressez qu’aux pays anglophones ? 

Non, nous avons aussi inclus les pays francophones et lusophones. Nous avons parlé à des personnalités clés de ces pays et ils ont partagé leur soutien réciproque.

Notre ambition est d’offrir au public africain et aussi de la diaspora africaine une série qui offre un point de vue africain sur la décolonisation. 

Et nous avons la chance de pouvoir diffuser la série en avant-première au MIPCOM