Abdoulaye Amzath, administrateur de l’association Wani Ayo, au Bénin.
Propos recueille à CANNES par notre correspondant Edouard CHAR.
Votre association a été créée il y a 4 ans au Benin quel premier bilan pouvez vus faire de ces 4 premières années.
L’association Wani Ayo, a été créée maintenant depuis 4 ans et depuis 4 ans nous avons effectué un certain cheminement pour parvenir à là où nous en sommes aujourd’hui.
En 2021, la première action que nous avons eu à mener, était l’organisation de la journée de réflexions qui s’est tenue à Cotonou autour d’une cinquantaine de cinéastes professionnels béninois et de la diaspora pour évoquer les problèmes…
Pour faire un état des lieux ?
Exactement, pour faire un état des lieux…
Au cours de ces journées de réflexions, nous avons mis en évidence trois problèmes à régler dans le moyen terme. Premièrement, la formation : la formation a été identifié comme étant le nœud capital pour le développement de l’industrie cinématographique dans n’importe quel pays.
Le Bénin aspire vraiment à développer une industrie, mais sans une formation de qualité, évidemment, cela pose un vrai problème. C’est la raison pour laquelle nous avons mis en place la formation « triptyque des métiers du cinéma », dont la prochaine édition aura lieu en octobre.
Ensuite, nous avons plaidé pour que l’État puisse mettre en place un code du cinéma, qui, évidemment peine à être effectif. Mais sans code du cinéma, il sera difficile de protéger les droits des cinéastes béninois.
A ce titre, nous avons rencontré deux fois le ministre de la Culture et des Arts, qui nous a reçus de façon bienveillante, et qui a promis avec son équipe technique, de travailler pour que cela puisse être une réalité.
En 2024, ce n’est toujours pas fait, mais on espère, à ce niveau, que certaines choses puissent changer.
Enfin, le dernier point sur lequel nous avons travaillé, c’est l’accompagnement des jeunes, parce qu’une chose est de former les jeunes, mais une autre est de leur donner des opportunités pour qu’ils puissent travailler sur des plateaux professionnels, et peut-être glaner des postes de stagiaires de temps à autre pour expérimenter de façon pratique ce qu’ils ont enregistré, ou ce qu’ils ont eu comme formation.
En 2023, nous avons eu petite formation qui se concentre sur l’actorat, sur le script de plateau, qui est un métier souterrain du cinéma, mais qui a un rôle importantissime et capital. Et enfin, une formation en direction artistique qui englobe, bien entendu, le métier de costumière, de maquilleur, et déco.
En 2022 , nous avons formé 22 jeunes et en 2023, 29.
Est-ce qu’ils ont trouvé du travail, tous ces jeunes ?
Comme je le disais, notre différence, c’est qu’on ne fait pas que former. On suit ceux qu’on a formé : parmi les 22 jeunes formés en 2022 nous avons suivi de façon claire et précise le processus professionnel de la carrière de 15 jeunes.
En 2023 et 2024, nous avons par exemple obtenu deux contrats professionnels à deux jeunes formés sur le métier de direction artistique en Côte d’Ivoire, sur le plateau d’un des grands réalisateurs de Canal+, avec, bien entendu, le regard bienveillant de Fatoumata Kandé Senghor, qui était l’une des formatrices en 2023, dans la session direction artistique.
Et au Bénin, à proprement parler, avez-vous des jeunes qui ont pu travailler sur des productions nationales ?
En fait, au Bénin, ce qu’on remarque avec tristesse, c’est qu’il n’y a pas de véritable projet qui puisse mettre sur des plateaux ces jeunes qu’on forme. Il y a très peu de projets au Bénin. Ca se compte vraiment sur le bout du doigt mais il y en a eu trois sur lesquels on a mis les participants de la formation de 2023.
Mais c’est surtout hors du Bénin qu’il y a de grands niveaux de cinéma, comme Cannes, par exemple.
Et là, à Cannes, cette année, quel est votre objectif ?
Nous sommes venus à Cannes avec une délégation de 15 professionnels du cinéma béninois Nous avons 6 producteurs et 9 réalisateurs dans la délégation. Il y a également des actrices/réalisatrices qui sont présentes
Les producteurs qui sont avec nous ont des projets, des projets concrets qui ont besoin de coproduction. Cannes est en réalité le carrefour qui nous permet de faire des rendez-vous avec des coproducteurs, de pouvoir pitcher leurs projets également…
On compte véritablement sur cette dynamique qui a été amorcée depuis 2021 et qui continue avec Cannes de pouvoir aboutir sur des réalisations vraiment concrètes
Ce sont des projets pour des tournages au Bénin, en France… ?
Si on prend l’exemple d’un producteur comme Arnold Setohou, il a des projets à la fois pour le Bénin mais pour la Côte d’Ivoire également. Ce sont des projets pour l’Afrique, pour des pays de la sous-région mais surtout pour le Bénin parce qu’on ne peut pas se dire être du Bénin sans avoir un regard par rapport aux projets sur le Bénin.
L’objectif l’année prochaine, notamment, c’est de revenir non plus avec des projets mais avec une réalisation de films qui aura éclos ici ?
Alors ça, c’est l’objectif ultime.. . Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? On ne se donne absolument aucune limite parce que dans cette délégation, nous avons Kismath Baguiri, une réalisatrice formidable qui travaille également en Côte d’Ivoire et qui a réalisé une série qui s’appelle Charles Ornel, qui tourne énormément et qui a beaucoup d’approbation, en tout cas dans le secteur et en Côte d’Ivoire, mais surtout au Bénin.
Canal+, vous soutient depuis le début. Où en est votre partenariat avec Canal+ aujourd’hui?
Canal+ a toujours cru en nous et je salue Yacine Alao, la directrice de Canal+ Bénin, qui s’investit complètement pour que les jeunes aient une formation de qualité, soient suivis à travers leurs différentes réalisations et qu’ils puissent travailler au Bénin, et qui s’investit énormément aujourd’hui dans le domaine de l’audiovisuel, mais également du cinéma..
Bien entendu, avec notre partenariat avec Canal+, renouvellé en 2024, nous espèrons que les choses vont encore bouger, et de manière encore plus dynamique .
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