Après une carrière de musicien professionnel pendant près de dix ans, Anselm Nfa, crée en 2015, la première chaîne de télévision francophone dédiée à la musique gospel et, dans la même année, il est nommé Vice-président de la Fédération Française de Gospel. Par la suite, il devient consultant audiovisuel et rejoint THEMA au sein du groupe CANAL+ pour développer la chaîne Gospel Music Tv. Après cette aventure, en 2018, il décide de se consacrer essentiellement à la production de films et séries panafricains avec ses sociétés de production Holimage Studio (créée en 2015 et basée à Paris) et sa société ICÔNE MEDIA en Côte-d’Ivoire.
Quelles sont vos activités ?
ICÔNE MEDIA est une société de production audiovisuelle et cinématographique basée en Côte-d’Ivoire. Sa production est principalement axée vers un public francophone. Portée par des cinéastes créatifs et des projets novateurs, ICÔNE MEDIA fait la promotion d’un cinéma africain de qualité grâce à des contenus audacieux. Elle est spécialisée dans la fiction, principalement dédiée à la télévision et aux plateformes numériques, même si Icône Media est engagée sur un projet de long-métrage pour 2021, un spin-off de la série « Allo Tribunal ».
Quels sont vos projets phares ?
Nous avons produit notre première série « Allo Tribunal », préachetée par la suite par TV5Monde. La première saison compte 53 épisodes de 26 minutes chacun. Dernièrement, nous avons tourné la deuxième saison, 60 épisodes de 26 minutes. Cette deuxième saison sera diffusée en exclusivité sur TV5Monde. Nous avons également produit la série « Chez les Koffi », une sitcom de 45 épisodes de 26 minutes achetée par NCI, la Nouvelle Chaîne Ivoirienne.
Pouvez-vous nous présenter la sitcom « Chez les Koffi » ?
« Chez les Koffi » c’est une sitcom inspirée des sitcoms américaines qui tournent autour de la famille.
Cette sitcom dépeint le quotidien d’une famille ivoirienne à travers des personnages drôles et attachants. Elle met en scène une famille ivoirienne quelque peu excentrique ; entre déboires et prises de bec, on y retrouve également de grands moments de tendresse et d’affection avec la retranscription des difficultés et réalités que vivent la plupart des foyers ivoiriens et africains. Cette sitcom est un mélange entre influence traditionnelle et modernisation de la société.
Les forces d’un tel programme reposent essentiellement sur l’humour ivoirien, caractéristique de la sitcom mais également sur la qualité des acteurs et le caractère trans-générationnel. La production de cette série a été un véritable défi ! nous l’avons tournée en deux mois et l’écriture a été la principale source de difficulté.
Sur quels projets travaillez-vous actuellement ?
Nous avons lancé la production de deux nouvelles séries : « Café Show » un format court tourné en Côte d’Ivoire et une autre série dramatique tournée à Libreville où nous venons d’ouvrir une filiale. Avec cette ouverture, nous mettrons ainsi en place le groupe Icône Vision, déjà bien implanté en Côte d’Ivoire, prochainement au Gabon ainsi qu’à Brazzaville où nous avons un projet naissant.
Quel regard portez-vous sur le développement de la production audiovisuelle en Afrique francophone ?
De manière générale, il y a une effervescence un peu partout autour de la production de contenus de fiction mais je constate également que les producteurs ne ciblent généralement que le marché local. Or, je pense que l’Afrique francophone représente un marché audiovisuel à part entière d’autant qu’on en est convaincu les Africains veulent voir de plus en plus d’histoires qui leurs ressemblent. Une certaine vision artistique de la richesse culturelle africaine pourrait permettre de positionner des créations locales sur le marché international en tenant compte de ses standards de production. Les grandes plateformes telles que Netflix commencent à s’intéresser au continent africain mais cela ne concerne que la partie anglophone principalement. Du côté francophone, nous sommes encore aux prémices du développement de la production audiovisuelle. Toutefois, les talents émergent et l’arrivée de nouvelles chaînes de télévision dans le paysage, sur le plan local, constituent de belles opportunités pour les producteurs de contenu car cela ouvre le marché à la concurrence.
Quels moyens peuvent être mis en place pour permettre à la production audiovisuelle ivoirienne de se développer, de se consolider ?
Je constate qu’aujourd’hui, les attentes se multiplient en termes de production audiovisuelle. Les acteurs du milieu et autorités culturelles, les diffuseurs et les annonceurs s’intéressent de plus en plus à la production de contenus originaux, lorsque ceux-ci sont de qualité. Il faudrait mieux structurer le financement de la production en considérant le besoin de soutien à la formation comme une vraie difficulté au développement audiovisuel. Les choix artistiques, techniques et financiers sont déterminants à la qualité et à la portée d’une œuvre. Et, les moyens dont on dispose ne permettent malheureusement pas toujours d’atteindre une plus grande ambition ce qui représente un frein à une dynamique de production suffisante à créer un réel marché. A ce stade où les productions se multiplient, je pense que nous devons développer un fonds d’aide et de soutien à la formation aux métiers de l’audiovisuel, pour franchir un premier cap et garantir une meilleure qualité de nos productions. Si l’on développe les compétences, cela nous permettra de gagner en qualité, de hisser les productions à niveau international, avec donc une plus large distribution et probablement plus de retombées pour tous.
En tant que société de production, comment faire face aux enjeux du financement et de la formation ?
Chez Icône Media, nous travaillons avec une équipe essentiellement locale afin de permettre et de facilité un transfert de compétences. Nous essayons également de maitriser nos coûts pour pouvoir assurer une qualité de production sans compromettre notre activité. C’est un véritable défi !
Toute l’équipe d’Icône Média est essentiellement constituée de talents locaux. Les compétences et la maîtrise manquent clairement sur plusieurs métiers de la production, mais nous essayons de tirer vers le haut nos équipes. Pour chacun de nos projets, nous essayons de combler le manque de compétences par la transmission de savoir-faire. Cependant, le besoin de formation reste évident, car il y a une réelle effervescence notamment en termes de production de séries, en particulier en Côte d’Ivoire et au Sénégal, cela appelle donc à proposer des productions de meilleure qualité artistique, plus d’exigence technique et à plus d’innovation; Ce qui rend la formation aux métiers de l’audiovisuel indispensable.
Des actualités ?
Concernant nos activités, avant la fin 2020, Icône Media produira 3 nouvelles séries et lancera son studio de production audio pour accompagner ses projets de productions audiovisuelles mais aussi pour soutenir un label de musique lancé en France. En parallèle, nous sommes associés à Obouo Média pour le lancement prochain de la chaîne Marmite Channel, chaîne de cuisine 100% africaine. Elle sera lancée d’ici trois mois.