Entretien avec Mamane, présentateur de « Télé confinement » produit par Gondwana City

Vous venez de lancer un nouveau programme appelé « Télé-confinement ». En quoi consiste-t-il précisement  ?

« Télé confinement » est un programme produit par Gondawa City Production. C’est l’émission confinée à la maison, pour réagir à la crise du COVID-19, face à l’annulation de tous les spectacles vivants. Nous souhaitions montrer que les humoristes peuvent s’adapter à la situation. Chacun propose une vidéo, une chronique, tournée depuis son domicile où il raconte son confinement de manière humoristique. Je fais les lancements des chroniques, sous le nom de « Mr Loyal ». Nous pouvons retrouver les chroniques « La vie rêvée de Prisca », « le dictionnaire de Boukary », « Assistance confinement » avec les Zinzins ou encore la chronique diplomatique d’Agalawal.

Moi je suis confiné à Niamey au Niger, les comédiens sont confinés un peu partout sur le continent. Nous avons commencé avec des humoristes en Côte d’Ivoire mais nous élargirons petit à petit aux autres pays avec les comédiens du Parlement du Rire

La diffusion a commencé le 19 avril sur CANAL+. Nous avons eu de très bons retours sur ce programme notamment sur les réseaux sociaux notamment le « Dictionnaire » présenté par l’humoriste Boukary qui enregistre plus d’un million de vues.

Quelles sont les ambitions d’un tel programme ?

L’ambition d’un programme comme « Télé-confinement » est de montrer la réactivité et surtout la capacité d’adaptation de nos humoristes. Ensemble, nous devons réfléchir à cette nouvelle situation : il y a un avant Covid-19 et un après, la situation ne sera plus jamais comme avant. Le secteur du spectacle comme les secteurs du tourisme et de la restauration, déjà très touché, sera largement impacté par cette crise sanitaire. Ça va être difficile de faire revenir les spectateurs dans une salle « confinée ». Dans ce contexte-là, nous voulions montrer la capacité de résilience des artistes et de Gondwana City Production. Nous ne nous contentons pas d’être présents sur une activité, nous sommes dans le spectacle mais nous faisons aussi de la télévision, du cinéma, de la radio avec le programme « Il faut sauver Willy » sur Africa Radio et « la chronique de Mamane » sur RFI.

Nous travaillons également sur des projets de séries pour la télévision et pour les plateformes numériques. Nous savons nous adapter et être présents sur tout le spectre du divertissement.

Quel regard portez-vous sur cette crise sanitaire ? Quelle est votre vision de l’impact de la crise sur l’Afrique ?

 Cette crise sanitaire est « originale » dans la mesure où elle est mondiale, aucun pays n’est épargné. Concernant son impact sur l’Afrique, nous avons hélas, l’habitude d’affronter des crises sanitaires : nous faisons face depuis très longtemps au Paludisme dans l’indifférence générale du reste du monde. Une maladie qui, rappelons-le, tue chaque année plus de 400 000 personnes. Dans la mesure où nous avons l’habitude de vivre avec ces maladies, nous avons développé une certaine résilience, des habitudes de vie, des comportements de défenses face à une épidémie. Mes craintes concernent plus l’après-coronavirus : j’ai peur qu’économiquement, la crise économique soit plus dévastatrice au regard du chômage et de la crise alimentaire à venir car beaucoup de pays africains dépendent des importations et des exportations de leurs matières premières.

A l’Afrique de se préparer. Quant à moi, j’ai bon espoir des leçons que nous pourrons tirer de la situation.

 

 

 

Quels sont les futurs projets ?

Nous travaillons notamment sur des projets vidéo, des projets de sensibilisation notamment sur le Coronavirus. Nous avons produit des vidéos de sensibilisation pour le Ministère de la santé du Niger. En Côte d’Ivoire également : nous sommes actuellement sur un projet réalisé en collaboration avec ONU Femmes pour un projet vidéo de sensibilisation sur les violences de genre en Afrique.

Au Niger, nous allons travailler avec l’UNICEF sur des sujets tels que la scolarisation des filles, les mariages précoces. De manière générale, nous nous engageons pour de nombreuses causes sociales en Afrique. Pour ce qui est du divertissement pur, nous travaillons sur trois projets de séries, pour CANAL+ ou des plateformes comme Netflix et Amazon. Nous sommes actuellement au stade de l’écriture, en attendant la fin de cette crise sanitaire pour passer à la phase de production.

Concernant la radio, l’émission que nous produisons pour Africa Radio va continuer, la saison 9 du Parlement du Rire débutera prochainement même si nous attendons de voir quelles seront les conséquences de cette crise sur tous ces différents médias. Quoi qu’il en soit, les projets fourmillent et nous garderons un œil sur tous ces événements pour nous adapter à la nouvelle donne du Coronavirus qui a complètement chamboulé le paysage culturel. Un paysage très sinistré en Afrique particulièrement où il n’existe pas d’aide de l’Etat comme dans d’autres pays.