Les 25 et 26 novembre 2025, Dakar a accueilli la première édition du Forum Africain de la Télédiffusion (FAT), un événement inédit qui ambitionne de devenir la nouvelle plateforme de référence pour l’ensemble des acteurs du secteur audiovisuel africain.
Organisé par Télédiffusion du Sénégal (TDS-SA), sous l’égide du Ministère de la Communication, des Télécommunications et du Numérique, le forum a réuni des délégations gouvernementales, des régulateurs, des opérateurs publics et privés, des industriels, des investisseurs et des experts du continent.
Placée sous le thème « La TNT, vecteur de souveraineté et d’intégration économique et sociale en Afrique », cette première édition visait à repositionner la Télévision Numérique Terrestre (TNT) comme un levier de souveraineté technologique, culturelle et économique pour les États africains.
Le Forum a articulé ses travaux autour de panels, ateliers thématiques, networking B2B et de l’Assemblée générale du Réseau Africain des Télédiffuseurs (RAT). Les échanges ont couvert les enjeux structurants du secteur : bilans de la transition numérique dix ans après l’introduction de la TNT au Sénégal, modèles économiques de la diffusion, régulation des bouquets, innovation technologique (OTT, IP, VOD, 5G Broadcast), sécurité et gouvernance des infrastructures critiques, ainsi que stratégie de développement de contenus locaux.
La cérémonie d’ouverture, présidée par des représentants du gouvernement sénégalais aux côtés des dirigeants de TDS-SA et de plusieurs délégations africaines, a donné le ton : l’audiovisuel n’est plus envisagé comme un simple canal de divertissement, mais comme un outil de cohésion nationale, d’éducation, d’influence culturelle et de souveraineté numérique.
Durant les deux jours, plusieurs messages clés ont émergé :
Renforcer la souveraineté audiovisuelle
Les infrastructures de télédiffusion doivent rester sous contrôle public ou africain afin de sécuriser l’accès à l’information, de garantir l’indépendance culturelle et d’éviter une dépendance structurelle vis-à-vis d’opérateurs étrangers.
Donner un nouveau souffle économique au secteur
Le passage à la TNT est une réussite technique pour le Sénégal, mais la viabilité financière du modèle de diffusion reste un enjeu crucial — notamment en ce qui concerne la maintenance, la pérennité des réseaux, et la monétisation des services.
Faire évoluer l’offre avec les usages numériques
L’Afrique doit investir et innover face à la montée en puissance des plateformes OTT, du streaming et de la vidéo à la demande. L’enjeu : construire une offre audiovisuelle compétitive tout en capitalisant sur l’ancrage local.
Accélérer la production de contenus locaux
L’affirmation d’identités culturelles africaines passe par le soutien à la création – fiction, divertissement, information, programmes éducatifs. La diffusion seule ne suffit plus : l’Afrique doit aussi produire.
Si le forum a affiché une dynamique d’unité continentale, les défis opérationnels restent significatifs :
- financement durable des infrastructures ;
- couverture des zones rurales à faible densité ;
- transition réglementaire ;
- compétitivité face aux acteurs numériques mondiaux.
Une coopération plus formelle entre États, régulateurs, opérateurs et acteurs privés est apparue comme une condition incontournable pour accélérer la transformation du secteur à l’échelle panafricaine.
À l’issue du forum, plusieurs priorités ont été annoncées, parmi lesquelles :
- la préparation d’un Livre blanc de la télédiffusion africaine, destiné à servir de feuille de route stratégique ;
- le renforcement du Réseau Africain des Télédiffuseurs (RAT) pour favoriser le transfert d’expertise, la mutualisation d’infrastructures et l’harmonisation des standards ;
- la volonté de faire du FAT un rendez-vous annuel continental.
En accueillant le Forum Africain de la Télédiffusion 2025, Dakar s’est positionnée comme un catalyseur d’une nouvelle dynamique continentale. Si la modernisation technologique est cruciale, le message dominant du forum est clair : la bataille de la télédiffusion en Afrique est d’abord une bataille de souveraineté, de contenu, de gouvernance et de modèles économiques… à condition que les engagements se traduisent en stratégies de long terme, en investissements structurants et en collaborations concrètes.
