Recul de la francophonie au Mali, au Niger et au Burkina-faso : Quel impact pour les médias francophones ?

Les nouveaux gouvernements au Mali au Niger et au Burkina Faso, ont officiellement quitté l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) entre le 17 et 18 mars 2025, selon des annonces coordonnées des trois gouvernements.

Cette décision qui sera effective après un préavis de 6 mois aura pour conséquences principales la fin des programmes éducatifs, culturels et professionnels financés par l’OIF ( formations pour la jeunesse, soutien des festivals comme le FESPACO…)

Par ailleurs la place de la langue française en tant que langue officielle a été remise en cause.

depuis l’avènement des régimes militaires dans ces 3 pays.

Au MALI : Alors que dans la constitution malienne de 1992  le français était la langue  officielle, la nouvelle constitution avait  instauré 13 nouvelles langues officielles : le bambara, parlé par 52% de la population mais aussi le Bomu, le Bozo, le Dogon, le Peul, le Soninké, le Songhay, le Sénoufo-mamara, le Syenara, le Touareg, le Hassanya, le Khassonké, ainsi que le Malinké, le français devenant « langue de travail « 

Au BURKINA FASO depuis 2023, la langue officielle est le Mooré parlée par près de 75% de la population  et le  français est devenu langue de travail, d’administration et d’enseignement 

En dehors du Mooré, le fulfuldé (peul), le dioula et le bissa sont les autres langues considérées comme principales, parmi plus de 60 langues nationales reconnues.

Au NIGER : la nouvelle Charte de la refondation promulguée fin mars 2025 institue le Haoussa comme langue nationale, le français auparavant langue officielle devenant langue de travail, comme l’anglais. 

En dehors du Haoussa,  9 autres langues deviennent « les langues parlées du Niger », selon la Charte : le Zarma-songhay, le fulfuldé (peul), le kanouri, le gourmantché, l’arabe dialectal, le tamajaq (touareg), le tasawaq, le toubou,

Quelle impact pour les médias francophones?

Les décisions de ces dernières années faisant un place croissante aux langues nationales dans la législation et l’administration, marquent une rupture symbolique avec la France mais l’impact sur le nombre de francophone déjà très faible dans ces pays pourrait s’avérer modeste à court et moyen terme.

En effet, aujourd’hui un peu moins de 20% de la population malienne, parle français ; ce taux est de 22,8 %, au Burkina  et de 13% seulement au Niger.

Néanmoins, pour les médias francophone la nécessité de proposer des programmes dans les langues les plus parlés de ces 3 pays peut s’avérer indispensable pour continuer à exercer son soft-power dans ces pays.

Le groupe CANAL+ a depuis plusieurs années initié le développement de chaines en langues locales et a lancé 2 chaines en avril 2024   : MANDEKA (canal 66) : dédiée aux séries et théâtres en bambara et malinké (mandingue), couvrant le Mali, le Sénégal, la Guinée, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso .. et PULAAGU (canal 67) qui propose des contenus en pulaar (peul), ciblant les communautés peules du Sénégal, Mali, Mauritanie, Guinée, Burkina Faso, Cameroun et Niger.

Par ailleurs le sous titrage des programmes peut s’avérer être une autre solution puisque la plupart des langues africaines disposent d’un forme écrite à base d’alphabet latin et les outils d’intelligence artificielle permettant « facilement » cette mise en place

Pour tester ce sujet, et pour ceux qui comprennent les 2 langues,  voici la traduction du premier paragraphe de cet article par webtran.fr.  

En Bambara (qui utilise 4 caractères spécifiques):

« Gouvernement kura Mali, Niger ani Burkina Faso ka ɲɛsininna kɔfɛ, faransi kan ka danbɔ bɛ wele ko jamanadenw kan fɛ.

Mali la : Ala ka 1992 Mali ka konstitusiyɔn la, faransi kan yɛrɛ ye jamana kan ka fɔlɔ kɛ, nka 2023 konstitusiyɔn kɛra 13 kan fɔlɔw ye 70 kanw ka fɛ : bamanankan (52% ka dɛmɛw kan), bomu, bozo, dogonkan, fulfulde, soninkekan, songhaykan, sénoufo-mamara, syenara, tamasheq (touaregkan), hassanya, khassonké, ani maninkakan. Faransi kan bɛ sisan kɛ ‘ka kɛla kan’ fɛ. »

En Haoussa :


« Tun bayan sabbin gwamnatocin Mali, Nijar, da Burkina Faso suka hau mulki, matsayin harshen Faransanci ya fuskanci sauyi.

A Mali : Yayin da a cikin kundin tsarin mulkin Mali na 1992 Faransanci ya kasance harshen hukuma, sabon kundin tsarin mulki ya kafa harsuna 13 daga cikin harsuna 70 da ake magana a Mali a matsayin harsunan hukuma: Bambara (wanda kashi 52% na al’umma ke magana), Bomu, Bozo, Dogon, Fulfulde, Soninke, Songhay, Senoufo-Mamara, Syenara, Tamasheq (Touareg), Hassanya, Khassonké, da Malinke. Faransanci ya zama ‘harshen aiki’. »