Entretien avec Madéka Kouadio Timmerman, Officier de l’Ordre du Mérite Ivoirien et fondatrice de Cinekita.

(Propos recueillis par Edouard Char pour Adweknow au MIPCOM )

Bonjour, Madéka Kouadio Timmerman. Vous êtes Officier de l’Ordre du Mérite Ivoirien et la fondatrice de Cinekita en France, puis en Côte d’Ivoire. Pouvez-vous nous parler de votre parcours ?

Madéka Kouadio Timmerman : Bonjour. J’ai fondé Cinekita en 1996 à Paris. Au début, c’était une très petite entreprise, presque familiale. Je travaillais depuis ma salle de bain ! Mais nous avons réussi à grandir, passant d’un espace de 15 mètres carrés à 90 mètres carrés. Aujourd’hui, Cinekita est installée à Puteaux dans le département 92. En 2012, j’ai décidé de retourner en Côte d’Ivoire pour y fonder Cinekita Côte d’Ivoire.

Quelles sont les activités principales de Cinekita ?

MKT: Nous sommes une entreprise audiovisuelle. Nous faisons du doublage, du sous-titrage et de la post-production. En Côte d’Ivoire, nous avons aussi ajouté une dimension de formation. Lorsque je suis arrivée, il n’y avait pratiquement pas de studios de doublage. Beaucoup de producteurs africains venaient en France pour réaliser leur post-production, ce qui me semblait un non-sens. J’ai voulu apporter cette expertise directement en Côte d’Ivoire, et depuis, nous formons des adaptateurs, des techniciens, des mixeurs et des comédiens. Aujourd’hui, notre équipe en Côte d’Ivoire est totalement autonome.

Est-ce un reflet du désir croissant en Afrique de produire localement ?

MKT: Absolument. Il y a un réél désir de produire et de consommer africain. On le voit à travers l’essor des diasporas qui reviennent en Afrique pour y apporter leurs compétences. Le marché européen est saturé, et les grands acteurs comme Disney et Netflix se tournent vers l’Afrique, ce qui prouve qu’il y a un potentiel immense sur ce continent.

En termes de technologie, quel est votre point de vue sur l’intelligence artificielle (IA) dans le secteur audiovisuel ?

MKT: Pour moi, l’IA est un outil de développement. Elle ne pourra jamais remplacer totalement l’humain. Nous l’utilisons déjà pour accélérer certains processus comme le sous-titrage, mais un œil humain est toujours nécessaire pour vérifier et ajuster.

Pensez-vous que l’IA pourrait un jour remplacer les comédiens ?

MKT : Non, je ne pense pas. Peut-être pour des petites productions YouTube, mais pour des œuvres plus importantes, la voix humaine reste irremplaçable. Même si l’IA pouvait imiter la voix d’un comédien, elle ne pourrait pas reproduire son jeu, ses émotions. La chaleur humaine est irremplaçable elle est essentielle dans des métiers comme le doublage.

Comment se porte Cinekita Côte d’Ivoire par rapport à Cinekita France en termes de chiffre d’affaires ?

MKT: Comme je l’ai dit, aujourd’hui, Cinekita Côte d’Ivoire est totalement autonome. Au début, Cinekita France l’a beaucoup aidée, mais désormais, elle se développe par elle-même. Les deux entités travaillent de manière indépendante, bien que Cinekita Côte d’Ivoire soit toujours rattachée à la maison mère en France.

Avez-vous des projets d’expansion dans d’autres pays africains ?

MKT : Oui, c’est quelque chose que nous envisageons. Pour le moment, notre base est en Côte d’Ivoire, mais nous avons des demandes pour aller former et développer notre expertise dans d’autres pays francophones comme le Bénin, le Togo ou le Cameroun. La formation est essentielle pour nous.

Vous travaillez également avec Canal+. Comment voyez-vous leur rôle en Afrique ?

MKT: Canal+ est l’un de nos plus grands clients depuis le début. Nous travaillons ensemble depuis de nombreuses années, que ce soit en France ou en Côte d’Ivoire. Ils ont beaucoup apporté à l’Afrique, notamment en termes de formation, et nous continuons à collaborer étroitement.