Pouvez-vous nous présenter votre société de production ? Vos activités ?
En 2003, je suis venu m’installer en Guadeloupe où j’ai créé ma première société. Au début, cette société était spécialisée dans la location de matériel vidéo. Après quelques années, je me suis orienté vers l’audiovisuel et plus particulièrement la production audiovisuelle. C’est pour cela que j’ai créé ma deuxième société, Skyprod, dédiée à la production en 2006.
Depuis 2015, j’ai créé une autre société de production basée en Côte d’Ivoire baptisée GO Productions et avec laquelle je produis et co-produis des séries essentiellement mais j’ai déjà produit des courts-métrages ainsi que des longs-métrages.
Comment êtes-vous structurés ?
Nous sommes aujourd’hui une équipe de 3 mais dès que je lance un projet en Côte d’Ivoire, j’embauche une équipe sur place et je lance la production.
Nous sommes basés en Côte d’Ivoire mais si nous sommes amenés à collaborer avec d’autres pays de la sous-région, nous le faisons. Cela prend souvent la forme d’une co-production avec le réseau que nous avons réussi à construire.
Je pense qu’en étant implanté en Côte d’Ivoire, on peut rayonner assez facilement dans d’autres pays. Ca bouge beaucoup en Côte d’Ivoire, c’est un point d’entrée pour le développement de la production audiovisuelle dans la région francophone.
La co-production a un côté « sain » puisque dans ce type de collaboration, nous mutualisons nos forces, nos compétences et nos moyens et le projet peut ensuite rayonné dans son pays d’origine.
Quels types des contenus produisez-vous ?
Nous nous sommes spécialisés dans la production de fiction avec un accent mis sur la production de séries TV. Nous développons en parallèle quelques courts et longs métrages pour encourager les réalisateurs, les jeunes talents du continent, aussi bien en Afrique qu’aux Antilles.
J’ai choisi de développer davantage des projets de comédie. J’ai d’ailleurs commencé avec une petite série en Guadeloupe qui s’appelle « Domino », à l’image de la série « un gars, une fille ».
J’ai ensuite poursuivi avec le projet de comédie « Villa Caraïbes » produit avec CANAL+ International, diffusé également sur le bouquet Afrique et sur A+.
Ensuite, j’ai co-produit la série Brouteurs.com – saison 3, un projet réalisé entre la France et la Côte d’Ivoire.
Enfin, dernier projet en date, »Voyage de rêve », comédie itinérante africaine qui se déroule en Côte d’Ivoire mais avec une portée panafricaine. D’autres projets sont dans les tuyaux … Ce projet a été réalisé en collaboration avec TV5Monde.
« Voyage de rêve » est le fruit d’une co-production avec TV5Monde, pouvez-vous nous parler du projet ?
J’ai co-produit effectivement ce projet avec TV5Monde. Je trouve ça intéressant que des chaines rentrent dans des co-productions aujourd’hui en Afrique. C’est une belle évolution.
Vous êtes très actifs en matière de fictions. Quelle-est selon vous la recette magique d’une fiction réussie ?
Il n’y a de recette magique mais des ingrédients indispensables qui contribuent fortement au succès d’une série : le projet en lui-même, les scénaristes, une bonne équipe de production, des techniciens qualifiés, des bons comédiens réunis autour d’un projet qui a du fond. Les moyens financiers sont aussi essentiels.
Un projet réussi est un projet entouré d’une bonne énergie.
Aujourd’hui, le gros du travail se situe sur l’écriture pour qu’un projet soit actuel, tendance. Surtout quand il s’agit de comédie puisqu’on ne peut pas faire rire tout le monde ! Il faut trouver des grands axes qui vont parler à tout le monde.
Vous travaillez sur des comédies de renommée panafricaine. Comment arrivez-vous à trouver des « codes » humoristiques qui peuvent être appréciés du plus grand nombre ?
C’est important de regarder ce qu’il se fait dans tous ces pays-là, de regarder ce que les publics consomment pour cibler déjà les histoires qui leur ressemblent, essayé de trouver des situations qu’ils ont peut-être déjà vécues. Le tout, présenté simplement.
Pour cela, il faut se nourrir de séries du Burkina, du Sénégal, de Côte d’Ivoire …
Quand nous travaillons sur des comédies, nous travaillons souvent sur du comique de situation pour que cela soit compris du plus grand nombre sans trop de dialogue.
La série « Voyage de rêve » a d’ailleurs été largement accueilli par le public africain et au-delà des frontières car le voyage est un thème universel.
Avec un pied sur le continent, quel regard portez-vous sur la production audiovisuelle en Afrique francophone subsaharienne ? Quel bilan de vos activités en 2021 ?
Entre le moment où j’ai produit la série Brouteurs.com et Voyage de rêve, j’ai constaté un progrès exponentiel, notamment en Côte d’Ivoire et notamment au niveau des moyens techniques déployés, des ressources humaines.
On constate une réelle montée en compétences et cela se ressent dans la qualité des productions de la sous-région. Les produits qui sortent collent de plus en plus aux « standards » internationaux et peuvent être facilement diffusées sur les grandes chaines internationales.
Le marché se structure et une émulation se crée notamment car on constate qu’il y aussi plus de « demande » en matière de productions africaines avec les grands acteurs internationaux, panafricains et l’arrivée des plateformes du numérique. Ces acteurs sont à la recherche de « produits » pour enrichir leur catalogue et sont donc amenés à investir de plus en plus dans la production.
2021 est une année encore largement marquée par le Covid mais nous avons quand même réussi à tirer notre épingle du jeu avec des productions de qualité qui ont été lancées. du côté du Sénégal, e la Côte d’Ivoire, du Togo mais aussi du Gabon et du Burkina …
Quelles perspectives pour 2022 ?
L’expansion est là … De belles perspectives s’annoncent pour la suite. Le nombre de production de qualité va croissant notamment grâce aux investisseurs qui avaient délaissé quelque peu ce marché mais qui reviennent de plus en plus, mettant sur la table de plus en plus de moyens.
Nos talents sont aussi de plus en plus nombreux et davantage formés. Un certain nombre d’entre eux parviennent même à se faire connaitre sur la scène internationale. C’est très symbolique. La visibilité internationale est un bon indicateur de la réussite du secteur.
Mais nous avons envie d’aller plus loin. Du côté des diffuseurs, nous espérons que les moyens seront de plus en plus importants. Nous avons besoin de moyens pour produire mais aussi sur la distribution car nous avons besoin de plus de visibilité.