Sous la pression des organisations internationales, les pays d’Afrique se sont engagés en 2015 à supprimer la diffusion analogique de la télévision pour la remplacer par la télévision numérique terrestre (TNT)
La migration vers la TNT avait pour raison essentielle de libérer des fréquences au bénéfice des opérateurs télécom.
L’amélioration de la qualité de l’image reçue (vs la TV analogique) et surtout l’augmentation du nombre de chaines que l’on pouvait proposer aux citoyens étaient les autres bénéfices attendus.
Un peu moins de 10 ans après cette décision historique où en est-on aujourd’hui en Afrique francophone sub-saharienne?
Après avoir dépensé chacun des millions de dollars pour implémenter la technologie , 7 pays d’AFSS ont aujourd’hui achevé leur migration vers la télévision numérique terrestre : le Bénin, le Burkina-Faso, le Congo, la Côte d’Ivoire, le Gabon, la RDC, le Sénégal.
Pour quels bénéfices ?
Selon Lea ZOUEIN senior analyste chez DATAXIS, les téléspectateurs montrent peu d’intérêt pour la TNT : seulement 10 à 15% des foyers sont équipés d’un décodeur TNT, même dans les pays où le signal analogique a été éteint.
La diffusion par satellite et la diffusion pirate (par câble) a permis depuis de longues années aux téléspectateurs africains d’accéder à une multitude de chaines de qualité internationale, avec des programmes très diversifiés et une qualité d’image supérieure à celle de la télé analogique. L’habitude de prendre un abonnement payant ne serait-ce que pour une courte période est désormais bien ancrée. Les bénéfice liés à la TNT sont finalement relativement faible pour la majorité des foyers.
Du point de vue de l’augmentation de l’offre de chaines, il n’est pas nécessaire de disposer d’un fréquence TNT pour lancer une nouvelle chaine de télévision aujourd’hui. Un « nouvel entrant » capable d’apporter des programmes plus concernants, mieux produits donc mieux financés, peut se lancer dans un pays où la TNT n’est pas déployée en s’appuyant sur les plateformes de diffusion existantes.
De leur côté, les opérateurs Télécom montrent eux aussi, peu d’intérêt à l’utilisation de ce qu’on appelle en Europe les « fréquences en or » qu’ils pourraient revendiquer pour améliorer leur service :
Les fréquences libérées n’ont été utilisées nulle part malgré le bénéfice évident que cela pourrait avoir sur l’offre d’accès à internet et le coût des données dans la plupart des pays. Résultat : l’usage d’internet ne se développe qu’à petit pas.
Pour rappel, en Europe, les fréquences libérées par la télévision analogique ont été attribuées aux opérateurs télécom et vendues à prix d’or par les Etats : on les appelle les fréquences en or. La mise aux enchères de ces fréquences aux opérateurs télécom ont rapporté par exemple 3,6 Milliards à l’Etat français, et permis le développement rapide du numérique.