Vous participez à la journée de la femme digitale organisée dans la ville de Dakar. Vous interviendrez lors du panel intitulé « elles forment aux grands enjeux de demain », pouvez-vous nous en dire plus ?
Avec la panéliste Rufina Dabo (AFSTech), nous parlerons des actions que chacune de nous mène en faveur de la promotion des jeunes femmes dans les nouvelles technologies. Nous partagerons nos expériences, moi en termes d’advocacy, d’engagement et de promotion car j’ai créé mon agence de communication digitale et que je milite depuis toujours pour que les jeunes femmes aient assez confiance en elles pour embrasser des carrières dans les domaines des nouvelles technologies et de la cyber-sécurité. C’est un facteur porteur de potentialité et vecteur d’autonomisation pour les femmes. L’objectif de cette intervention est de mettre en lumière le pouvoir que l’on a en matière de promotion et de formation de ces jeunes filles, jeunes femmes, aux enjeux de demain à savoir l’accès à des postes à responsabilité dans des entreprises technologiques, en Afrique comme à l’international.
A travers votre agence African Content Group, comment participez-vous à la promotion et à la formation des femmes à ces enjeux ?
Premièrement en termes de ressources humaines puisqu’au sein d’African Content Group, 70% de l’effectif représentent des femmes.
Je n’exclus par les hommes lors des recrutements mais c’est un parti pris. Je souhaite détecter des potentiels et créer des carrières au féminin dans toutes les activités de mon agence.
Egalement, en termes de projets clients que nous pilotons au sein de l’agence et en termes de projets de RSE auxquels je m’associe. Par exemple, nous avons organisé l’événement African Women 4 Tech en collaboration avec la Société Générale. Un événement que j’ai organisé en 2018 et qui connaitra une seconde édition à la rentrée 2019.
Enfin, je participe à la promotion et à la formation des femmes dans les nouvelles technologies en soutenant en tant que marraine, l’association Dynamiques et Excellentes d’Afrique créée par Maimouna Koné en Côte d’Ivoire. Cette association propose chaque année un programme dédié à la formation d’une vingtaine de jeunes filles lycéennes issues de quartiers défavorisés. Cette année, le programme a permis d’accompagner une vingtaine de jeunes filles qui ont remporté un concours de robotique national. Je m’engage sur tous ces projets en tant que fondatrice de l’agence ACG mais aussi en tant qu’Edith Brou, web-activiste qui milite pour l’employabilité des femmes dans le domaine des nouvelles technologies.
Quelle place occupe aujourd’hui les femmes dans l’univers digital en Afrique francophone ?
A mes débuts, quand j’ai choisi de m’orienter vers des métiers liés aux nouvelles technologies et à la communication, mes parents pensaient que c’était de la folie car ces métiers étaient avant tout occupés par des hommes.
En 2018, l’ARTCI, l’organe en charge de la régulation des télécoms/TICS en Côte d’Ivoire, a publié une étude selon laquelle 38% des emplois occupés dans le domaine des nouvelles technologies et du digital, sont occupés par des femmes. Les choses ont donc évolué et je pense que c’est n’est que le début. Des projets et des actions comme celle de la Journée de la Femme Digitale ou encore African Women 4 Tech, de manière générale toutes les initiatives menées en Afrique de l’Ouest, permettront d’augmenter ces statistiques. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Le web est féminin, le digital aussi. Bien que les femmes se concentrent dans les métiers de la communication, elles sont de plus en plus présentes dans des métiers plus techniques comme la cyber-sécurité, la data science ou encore le développement web.
Comment les aider à être mieux représentées et faciliter leur inclusion dans le domaine des nouvelles technologies ?
Cela passera par la formation et la confiance en soi. Beaucoup de jeunes filles et de jeunes femmes qui accèdent à des formations pour intégrer des métiers technologiques et digitaux abandonne en cours de route. Le décrochage scolaire est très important. Les préjugés de la société sont aussi des facteurs d’abandon, de décrochage qui font perdre confiance en soi.
Cette confiance qui permet, selon moi, de continuer, de persister et de ne pas abandonner. Les femmes doivent avoir confiance en elles et cela passera forcément par la promotion de rôles modèles de femmes qui entreprennent et occupent des responsabilités. Ces modèles inspireront et permettront aux jeunes filles de savoir que c’est possible !
En tant que figure du web de la Tech, quel message pouvez-vous transmettre aux futures femmes qui souhaiteraient entreprendre ?
Je leur dirais que c’est le moment de se lancer ! L’Afrique a besoin d’innovation, de la technologie et beaucoup plus de féminisation.
Toutes les innovations et les leapfrogs que nous avons connus sur le continent avec par exemple le mobile money ou encore tous les médias en ligne, seront de plus en plus nombreux si l’on inclut davantage les femmes dans le secteur des nouvelles technologiques. Les femmes ont de l’imagination, sont emphatiques et appréhendent mieux les problèmes. Si on arrive à féminiser ces secteurs, je pense qu’on aura réussi à faire de l’Afrique un continent puissant et riche.
Quels sont vos projets pour les mois à venir ?
Je travaille actuellement sur un projet de documentaire sur l’Afrique technologique au féminin en collaboration avec la Société Générale. L’objectif étant de profiter de mes différents voyages, pour parler de femmes africaines qui, quel que soit le domaine d’activité ou la structure pour laquelle elles travaillent, œuvrent sur le continent. Ce documentaire sera diffusé en octobre, au moment de la seconde édition de African Women 4 Tech.