Entretien avec Teddy Pellerin, co-fondateur et CEO de Heetch

Teddy Pellerin est le co-fondateur et CEO de la plateforme VTC Heetch lancée en 2013. Après une levée de fonds à hauteur de 34 millions d’euros, la startup poursuit son développement sur le continent africain.

 

Heetch sur le continent, qu’est-ce que cela représente ?

Le premier pays dans lequel nous avons choisi de lancer nos activités, c’est le Maroc. Nous sommes lancés en novembre 2017 en commençant par la ville de Casablanca. Nous nous sommes ensuite développés à Rabat puis Marrakech. Aujourd’hui, nous sommes en train de nous lancer en Algérie, au Cameroun et en Côte d’Ivoire.

 

Vous êtes actuellement en phase test à Abidjan ou est-ce déjà opérationnel ? Les sociétés de VTC se sont souvent heurtées à des problèmes de réglementation, est-ce le cas de la Côte d’Ivoire ?

Pour ce qui est de la Côte d’Ivoire, nous sommes actuellement en phase d’étude du marché mais notre implantation se heurte au cadre réglementaire en vigueur. Nous essayons donc de voir comment nous pouvons créer de la valeur et apporter des solutions utiles et adaptées sur ce marché, des solutions pour les chauffeurs et utilisateurs.

Abidjan est une ville qui réunit plus de 4 millions de personnes. Il y a beaucoup de voitures et beaucoup de congestion. Notre application mobile et notre service de transport à la demande pourraient donc répondre à certaines problématiques locales comme le manque de sécurité routière. Nous pensons que le numérique peut aider la mobilité à se structurer.

 Nous sommes partis du constat qu’à Abidjan, il y beaucoup de voitures et beaucoup d’embouteillages. Il n’y que très peu de moto-taxi et ce pour deux raisons : pour une raison de sécurité puisque les chauffeurs ne sont pas formés et parce qu’il n’y a pas d’identification de chauffeurs de moto-taxis.

Nous ne souhaitons pas ouvrir le marché du moto-taxis mais plutôt répondre à ces problématiques en autorisant les applications de sociétés permettant la location de moto avec chauffeur. Ces chauffeurs pourront ainsi bénéficier de formation et être identifiés.

Comment la population perçoit-elle l’arrivée de ce nouveau service ?

Bien que nous devions faire face à des difficultés liées à la législation en Côte d’Ivoire, au Cameroun, nous sommes bien accueillis.

Au Cameroun, c’est très différent car les moto-taxis sont largement démocratisées même si beaucoup de chauffeurs demeurent non identifiés et peu formés. Notre service est donc mieux accueilli même si l’offre que nous proposons sera plus haut de gamme.

 

Pourquoi avoir choisi de vous développer au Cameroun et en Côte d’Ivoire ?

Il s’agit de marchés où au regard des concurrents tels que Uber, nous pensons détenir un avantage puisque ce sont des marchés francophones. De plus, ce qui est intéressant dans l’implantation de ces pays-là, c’est que les villes que nous ciblons sont en forte croissance avec plusieurs millions de personnes et dans lesquelles il n’y a pas encore de véritables solutions digitales en termes de mobilité. Nous pensons donc que nous pouvons créer de la valeur sur ces marchés grandissants, avec des villes qui vont avoir de plus en plus besoin d’absorber les flux de mobilité. Le digital est une solution pour accompagner cette transition-là.

 

 

Vous vous développez sur le continent grâce à un réseau de partenaires locaux, pouvez-vous nous en dire plus ?

Notre stratégie de développement repose sur un partenaire local généralement orienté sur la mobilité et ce, quel que soit le pays. Cela nous permet de mieux comprendre le marché local.

Nous créons donc à chaque implantation, une nouvelle société détenue à la fois par Heetch France et le partenaire local.

 

 

Quelles sont les perspectives de développement sur le continent ?

Nos perspectives sont d’accroître notre présence au Maghreb. Pour ce qui est de l’Afrique francophone subsaharienne, nous allons nous concentrer sur le Cameroun et la Côte d’Ivoire en espérant pouvoir nous étendre aux autres grandes villes africaines.