Les résultats Africascope viennent de sortir. Que retenez-vous de cette édition 2018 ?
Premièrement, nous pouvons constater une forte dynamique de croissance de la part d’internautes sur l’ensemble du périmètre. Et ce, notamment au Sénégal, en CIV et en RDC où le développement d’offres data à meilleur coût permet de faire progresser le nombre d’internautes réguliers (au moins une fois par semaine). Cela permet d’utiliser internet non plus seulement de façon fonctionnelle mais également pour se divertir. On observe notamment une augmentation des téléchargements de fichiers vidéo et du streaming via des plateformes gratuites comme Youtube.
Deuxièmement, nous pouvons observer que les niveaux d’écoute globale TV et Radio sont stables. Depuis l’arrivée de Nollywood puis de Novelas en 2015, les chaînes nationales ont consolidé leurs niveaux d’audience et cohabitent plutôt bien avec les grandes chaînes panafricaines ou internationales comme Novelas, Nollywood, Trace mais aussi France 24 et TV5MONDE.
En parallèle, le développement de l’offre – à la fois en termes de chaînes (nouvelles chaînes C+, déclinaisons Trace Africa, accès aux chaînes des autres pays) et de contenus (développement des productions africaines) – entraîne une dispersion (au sens fractionnement) plus large des parts d’audience.
Au-delà de la big picture, on observe des évolutions intéressantes, marché par marché. A titre d’exemple, la chaîne A+ gagne des parts d’audience en Côte d’Ivoire, au Gabon, au Burkina Faso et au Congo. Au Cameroun, la chaîne Passion TV (chaîne de télénovelas diffusée par Startimes) émerge dans le top 10. Quant à la RDC, le paysage TV continue de se transformer : en 2017 la chaîne Mirador cessait de diffuser et en 2018, nous constatons un recul de la chaîne publique RTNC1 au profit d’Antenne A.
Les marchés radio, très concurrentiels, réservent également quelques surprises. Il faudra par ailleurs surveiller les nouvelles venues comme Trace FM à Kinshasa ou I-Radio à Dakar pour lesquelles des premiers résultats seront disponibles dans la prochaine édition Africascope.
Vos principaux souscripteurs panafricains (Canal+ et France Télévision Publicité) se sont associés pour répondre aux besoins des chaines qu’ils représentent en AFSS. Qu’est-ce que cela change pour l’étude Africascope ?
CANAL+ et France Télévision Publicité sont deux partenaires historiques de l’étude. Nous nous réjouissons de l’accord conclu entre ces deux acteurs qui devrait dynamiser le marché publicitaire panafricain et local.
La plateforme Africascope n’a jamais été aussi forte qu’aujourd’hui. Elle est la référence pour évaluer la performance des médias au niveau panafricain sur un périmètre large. Elle est aussi un formidable exemple de partenariat réussi entre les équipes africaines et les équipes françaises.
Nous espérons que l’année 2019 marquera une nouvelle étape dans le développement de la plateforme Africascope. Nous avons de grandes ambitions cette année avec un élargissement de notre offre autour de mesures d’impact et aussi de la compréhension des marchés sur de nombreux secteurs. Il y a un fort intérêt des grands annonceurs pour le continent.
Africascope a acquis une grande notoriété, mais Kantar TNS a bien d’autres activités en Afrique. Pouvez-vous nous dire quelle est votre implantation
En France, notre CEO, Ketty de Falco, qui a pris ses fonctions depuis bientôt un an, a fait de l’Afrique un axe fort de développement de nos entités. Sous son impulsion, les projets à destination du continent vont se multiplier. De grandes multinationales nous font déjà confiance pour les accompagner dans leurs stratégies de croissance sur le continent dans des secteurs aussi variés que la Grande Consommation, les Télécoms, l’Energie, l’Hygiène Beauté ou encore la Banque/Assurance.
Au-delà, ce qui fait la force de notre réseau est notre présence en local. Kantar est actuellement le leader du Market Insight en Afrique. Les équipes d’experts implantées dans la plupart des pays d’Afrique, en zones francophone, anglophone ou lusophone, accompagnent au quotidien des sociétés africaines et internationales. Leur niveau d’excellence est reconnu par les différents acteurs de ces marchés.
Quels autres types de services vous apportez au marché ?
Innovation, Expérience Client, Marque & Communication, Qualitative, Market Intelligence sont les grands domaines d’expertise sur lesquels interviennent Kantar TNS et Kantar Millward Brown. Kantar Media, de son côté, est leader mondial de la mesure d’audience, actif et référent notamment en Afrique du Sud, au Nigéria et au Kenya. Kantar Worldpanel, spécialiste des panels consommateurs, s’est également implanté en Afrique et devrait accélérer son développement au cours des prochains mois.
Nous anticipons une progression à 2 chiffres de nos activités dans certains pays de la zone pour 2019.
La TNT en Côte d’Ivoire suscite beaucoup de réflexions du côté des instituts d’étude de mesure d’audience (Médiamétrie, GeoPoll …). Comment voyez-vous l’avenir de la télévision numérique terrestre en Côte d’Ivoire ? Envisagez-vous de vous positionner sur ce marché ? Et plus largement sur les marchés nationaux ?
Il est encore tôt pour se prononcer sur le succès de la TNT en Côte d’Ivoire. Il faut quand même se féliciter de voir le marché s’ouvrir et je me réjouis de l’arrivée de nouveaux opérateurs, qui est une bonne chose pour dynamiser l’ensemble du secteur.
Comme je l’évoquais, Kantar est fort d’un maillage local sur les différents marchés et particulièrement en zone francophone. Nous sommes à l’écoute de toutes les opportunités et sauront nous positionner le moment venu. La force de Kantar réside dans sa capacité à associer ses différentes compétences dans la mesure d’audience, les panels consommateurs et les études ad hoc, mais aussi dans la mobilisation de son réseau international d’experts pour proposer à ses clients les dernières innovations en matière de recueil de données