Entretien avec Sandrine Roland, Directrice associée d’AOS Africa

Sandrine Roland co-dirige l’agence de conseil en communication AOS Africa. Présente dans plusieurs pays d’Afrique, AOS compte trois bureaux implantés en Côte d’Ivoire, au Togo et au Burkina Faso mais couvre 14 pays. Au de-là de l’agence, Sandrine Roland est stratège en communication et s’occupe également des questions de genre. Elle a créé il y a 7 ans, le Forum de l’emploi et de l’entreprenariat féminin, organisé chaque année en Côte d’Ivoire avec l’ambition d’améliorer la condition de la femme en Afrique.

Pouvez-vous nous présenter votre agence ? Ses activités ? Les pays dans lesquels vous êtes implantés ?

AOS Africa est une agence de communication et de marketing intégré qui comprend en son sein, plusieurs activités : la création, le design graphique, production audiovisuelle, événementiel, communication digitale, les relations publiques, la communication politique et la communication sociale. Nous faisons également de la formation pour les acteurs en communication, côté agences et côté annonceur. La formation fait partie de notre ADN car nous sommes depuis les débuts, engagés dans une logique de développement des compétences là où le système éducatif n’est pas forcément toujours à la hauteur des attentes des employeurs. Nous sommes une courroie de transmission pour les jeunes qui sortent de l’école et nous faisons également de la formation professionnelle en stratégie de communication à destination des professionnels.

Qui sont vos principaux clients ?

Nous travaillons avec plusieurs entreprises : Yoplait, Nivea, MTN, Orange, Ecobank, Banque Mondiale, ainsi que des organisations publiques … Nous avons un spectre assez large, ce qui nous permet d’intervenir sur plusieurs problématiques.

Quelle est votre vision du marché ivoirien des agences conseil en stratégie de communication ?

Actuellement, le secteur traverse une phase de crise assez profonde en Côte d’Ivoire. Nous sommes en mode « survie » puisqu’il s’agit d’un secteur qui se meurt … Le marché est restreint et il persiste une mauvaise solvabilité des annonceurs qui paient difficilement les prestations. On note un manque de politiques d’accompagnement du secteur par l’Etat. De plus, les entreprises subissent une forte pression fiscale. Les agences étouffent mais celles qui subsistent et qui continuent d’investir dans des équipes et des moyens techniques, arrivent malgré tout à survivre. Au Burkina Faso, il y a plus d’ouverture mais il faut être bien introduit dans le pays. Au Togo, cela est encore différent car le secteur est dérégulé, avec des acteurs qui ont une tendance monopolistique. C’est un petit marché sur lequel la culture de la pub est à développer chez plusieurs entreprises.

Quelles perspectives pour 2020 ? Quelles évolutions/mutations sont à prévoir selon vous ?

Je pense que, pour soutenir le développement du secteur, il est nécessaire que des mesures d’accompagnement soient mises en place en Côte d’Ivoire et que l’on entame une vraie réflexion avec les agences. La fiscalité imposée aux agences mériterait d’être révisée pour éviter une double taxation. Par ailleurs, les annonceurs publics doivent s’engager à payer les prestations dans les délais et s’engager à commander avec des procédures de passation de marché plus équitables. Il faudrait également développer la formation pour que nous puissions trouver davantage de compétences sur le marché et enfin, il faudrait plus de régulation pour contrer les problèmes de concurrence déloyale.

Que représente le digital dans votre secteur d’activité ?

Le digital prend de plus en plus d’importance. Nous avons des clients que nous accompagnons principalement sur le digital. Aujourd’hui les marques veulent créer des liens beaucoup plus personnalisés avec leurs cibles donc le digital devient plus intéressant. Il y a également une forte appétence des jeunes pour le digital. Le digital devient alors attractif pour les marques qui souhaitent créer des comportements de consommation assez tôt, des comportements adoptés par les jeunes, cette génération qui regroupe les actifs de demain.

Pouvez-vous nous présenter la prochaine édition du Forum de l’Emploi et de l’Entreprenariat Féminin organisée à Abidjan ?

La prochaine édition du FEEF, le Forum de l’Emploi et de l’Entreprenariat Féminin, se déroulera les 6 et 7 mars 2020 à Abidjan. Nous attendons un nombre important de femmes participantes. A travers des conférences, ateliers et masterclass, nous aborderons des thématiques autour de la créativité, le réseautage féminin, le leadership, le développement des compétences pour faire bouger les lignes. Des annonceurs tels qu’Unilever, Advans et Versus Bank participeront à l’événement et interviendront sur des sujets clefs.