Entretien avec Laurène Sénéchal, Directrice générale de Likasa et co-fondatrice de CréaStorm

Laurène Sénéchal est Directrice générale de la société Likasa, agence de production audiovisuelle basée en Côte d’Ivoire. Likasa est également un partenaire du projet Créa’Storm, événement co-créé par Filip Kabeya, lui-même président de l’association Content Lab.

Quelles sont vos activités en Côte d’Ivoire ?

Likasa a été lancée en 2017, à Abidjan. Il s’agit d’une agence audiovisuelle spécialisée dans la conception, la réalisation et la diffusion de vidéos. Nous travaillons sur des projets de reportages, documentaires, émissions TV. Nous sommes également à l’affut des nouvelles écritures sur le digital. Pour cela, nous travaillons de plus en plus sur des projets de Web TV, Brand content. Nous accompagnons également les marques et entreprises sur le digital et travaillons sur la création de séries et web-séries dans le milieu de la fiction.

A titre d’exemple, nous avons fait des reportages pour l’émission « Bonjour Santé » de CANAL+, nous avons également créé et développé une émission pour TV5Monde qui s’appelle « Le petit geek ». Une émission jeunesse, présentée par des enfants, qui éduque sur les nouvelles technologies. Nous avons tourné cette émission dans des écoles abidjanaises où des enfants qui ont reçu une formation aux nouvelles technologies, présentent aux autres enfants dans le monde des usages du numérique.  L’émission comprendre des épisodes de 7’ et sera diffusée début 2020 sur la chaine jeunesse de TV5Monde, Tivi5. Nous travaillons également sur un projet de documentaire avec CANAL+ pour la case « Enquête d’Afrique ».  Pour la RTI, nous avons travaillé en collaboration avec Elephant Africa pour l’émission « Made in Africa ». Pour ce qui est de la communication institutionnelle, nous travaillons davantage avec des structures locales.

Vous avez co-créé le projet Créa’Storm, pouvez-vous nous en dire plus ?

CréaStorm est le premier accélérateur de production de contenu africain. L’idée était d’adapter l’environnement des nouvelles technologies et de l’innovation à la créativité artistique pour l’audiovisuel. Le projet se présente sous forme de Hackhaton. Pendant cet événement, des jeunes talents ont cinq jours pour se pencher sur les vrais besoins de création de contenu d’entreprises et de chaines internationales.

Pour cette deuxième saison, nous avons choisi trois challenges :

  • La chaine A+ Ivoire, l’une des chaines de la TNT, souhaiterait inclure dans sa grille de programmes, une émission musicale pour promouvoir les artistes ivoiriens. Dans ce challenge, la chaine propose donc de réfléchir à une émission musicale originale, adaptée à leur cible familiale, populaire et surtout ivoirienne.
  • Le second challenge est un concept axé sur le digital. Il consiste à réfléchir à une série de vidéo qui pourrait mettre en avant Abidjan comme destination touristique mondiale. Le concept intitulé « J’aime Abidjan » devra être court, original, innovant et digital…
  • Le dernier challenge est un challenge fiction. En ce moment, le secteur est très en demande de fiction. Les grands acteurs du paysage audiovisuel local sont demandeurs de fiction, de personnes capables d’écrire des scénarios, des histoires, des séries ou encore des concepts de web-séries. Ce challenge sera aussi une opportunité pour repérer les futurs talents, de les accompagner dans le développement de leurs idées et de les pitcher auprès de ces grandes chaines de télévision.

A la fin de la compétition, nous organiserons la Pitch Night qui sera l’occasion pour les participants de venir présenter et défendre leur projet auprès de notre jury de partenaires.

 Cette année, nous avons reçu 380 inscriptions et sur l’ensemble de ces inscriptions, 30 à 40 personnes seront sélectionnées. Nous avons également choisi d’encourager les inscriptions des femmes car ces métiers demeurent encore très masculins.

 

 Derrière ce projet, quelles sont vos ambitions ?

Le CréaStorm vise à accompagner les jeunes talents dans le développement des compétences nécessaires pour répondre aux besoins du secteur de l’audiovisuel. Au-delà des propositions de concept, les participants seront invités à suivre des formations sur plusieurs thèmes tels que l’écriture de scénario ou encore les bases de la réalisation. 11 coachs qui sont des professionnels du secteur, accompagneront également les participants.

Toujours dans cette optique de renforcement de compétences, nous souhaitons que les partenaires puissent intervenir dans le cadre de cette semaine, soit en partageant leur expérience soit en animant une formation. Cette année, nos partenaires sont Vivendi Create Joy Fund, A+Ivoire, Dailymotion, Universal Music Africa, ABS (african broadcast services), ou encore l’UNBCI (associations de blogueurs).

Des projets ont-ils vu le jour lors de la première édition organisée en 2018 ?

En 2018, Le jury était composé du Directeur adjoint d’une des nouvelles chaines privées de la TNT, du Directeur de la Transformation, du Digitale et des Médias d’Orange, du Senior Manager à Orange Fab, de la Directrice de la Communication Externe et de la Marque chez Orange. Ils avaient choisi de nous accompagner dans le développement du projet et de « tester » le concept mais ils n’étaient pas forcément prêts à se lancer dans la production réelle des challenges proposés. L’ambition pour nous tous était de lancer une première initiative pour la formation, de repérer des talents et de stimuler la créativité. Pour cette deuxième saison, nous espérons que des projets pourront se concrétiser ou créer des synergies entre les futurs talents et les acteurs du secteur.

 

 Quel regard portez-vous sur la production audiovisuelle en Côte d’Ivoire ?

Malgré certaines phases difficiles qui ont marqué le développement du secteur, nous constatons aujourd’hui un nouveau souffle pour la production audiovisuelle locale. D’un point de vue global, nous avons l’impression que la Côte d’Ivoire va se positionner comme un « hub », notamment dans le développement de séries. Au niveau de la production audiovisuelle, des projets se réalisent de plus en plus sur le territoire. Des projets de qualité et de niveau international qui contribuent également à l’émergence de nombreux talents.

L’arrivée de la TNT sera également un autre moteur puisque quatre nouvelles chaines c’est donc quatre nouvelles grilles de programmes à remplir. Cela laisse la place à de nouveaux projets même si les problématiques liées au financement restent les mêmes.