Entretien avec Mame Dorine Gueye, fondatrice du média Etoile africaine

Sénégalaise, Mame Dorine Gueye est une professionnelle des médias. Elle travaille depuis plus de 15 ans dans l’audiovisuel : elle commence sa carrière en tant qu’assistante montage puis évolue très vite au poste de responsable de production audiovisuelle chez 2STV puis au sein de TFM entant que responsable des programmes. En 2014, elle rejoint le groupe CANAL+ pour le lancement de la chaine A+. Elle travaille au sein du groupe en tant que responsable des programmes pour les chaines A+ puis rejoint le groupe E-media Invest, fondé par des anciens de Groupe Futurs Médias en 2018. Après 3 ans d’activité en tant que Directrice des contenus, elle choisit de lancer son propre média sur le digital, le média Etoile africaine.

 

Quel est la genèse du média en ligne Etoile africaine ?

Ce média s’inscrit dans un vaste projet : créer une chaine de télévision panafricaine axée sur la culture, réunissant les leaders de la culture et les professionnels de l’audiovisuel. Etant donné que c’est un projet d’ampleur, j’ai choisi de poser la première pierre de ce projet en commençant pas lancer un média sur le digital.

Pouvez-vous nous présenter ce média ?

Etoile africaine est un webmagazine créé pour faire la promotion des industries culturelles et créatives, de l’entreprenariat des talents de l’Afrique et de la diaspora. Passée cette première étape, mon ambition est de déployer ces activités sur le print grâce à la création et à l’édition d’un magazine papier pensé comme une déclinaison de la version digitale. Le magazine sera diffusé tous les 2 mois et l’objectif sera de le déployer auprès des compagnies aériennes locales et des aéroports africains.

Comment alimentez-vous votre plateforme ?

La vocation du média Etoile africaine est d’être un webmagazine panafricain. Nous identifions des personnalités africaines et des sujets panafricains à mettre en valeur sur notre site. Notre contenu est alimenté et enrichi grâce à un réseau de partenaires situés au Bénin, au Burkina Faso, au Mali, au Cameroun ou encore en Côte d’Ivoire. Nous travaillons notamment avec un producteur au Cameroun ou encore un réalisateur au Bénin. Ce maillage nous permet d’identifier des sujets pertinents. Nous travaillons aussi main dans la main avec la diaspora, avec par exemple un entrepreneur du Colorado aux Etats-Unis qui s’appuie sur un réseau de personnalités africaines qui évoluent dans cette partie-là du monde. Les profils identifiés deviennent des relais d’information.

Ces interlocuteurs nous permettent de capter des internautes et lecteurs de tous les pays et d’accroître notre visibilité.

Récemment, nous avons noué un partenariat avec une chaine de télévision malienne, Mandé TV pour reprendre nos contenus vidéo et les diffuser. Cela va nous permettre de toucher un autre public et de nous lancer dans la production de contenu vidéo, en amont de notre projet final qui est de créer une chaine de télévision. Aujourd’hui, c’est encore difficile. Les chaines de télévision n’ont pas beaucoup de budget pour l’acquisition de contenus. Nous devons donc trouver des parades pour créer des synergies et des échanges de compétences.

Quel est votre modèle économique ?

Pour le moment, notre modèle économique repose uniquement sur du sponsoring. Nous passons par la gratuité pour développer notre image et notre communauté. Par la suite, cela nous donnera assez de force et assez de légitimité pour approcher et convaincre des annonceurs. Le modèle économique est donc voué à évoluer. Nous organisons en parallèle des événements pour tirer des revenus. Nous travaillons actuellement sur la création d’une série de conférences organisée sur le thème de la transmission. La première se tiendra au Sénégal dans le cadre de la Biennale de Dakar.

Comptez-vous intégrer du contenu en langues locales ?

Pour bien pénétrer le marché local africain, il faut forcément inclure les langues locales. Nous sous-titrons ensuite, au besoin mais comme notre vocation est résolument panafricaine, nous intégrerons bien évidemment les langues locales en plus de la langue partagée qui est le Français.

Pour la suite ? à court terme nous travaillons sur e projet de magazine papier mais également sur un projet de série réalisée en Wolof. Nous sommes encore en phase d’écriture.

Ce n’est pas toujours simple de se lancer dans l’entreprenariat. Quel a été votre moteur ?

Effectivement ce n’est pas toujours simple de se lancer dans l’entreprenariat et encore moins dans l’audiovisuel. C’est un domaine peu connu par les banques et institutions financière. Nous commençons avec nos fonds propres et l’envie et espérons nous développer.