Gondwana City Productions fête ses 10 ans. Quel bilan pouvez-vous faire au regard de ces dix années d’activité ?
Quand je regarde derrière moi, je ne peux que me réjouir. Le bilan est plus que positif car tous les défis que nous nous sommes lancés depuis la création à Abidjan, ont été relevés. On connait l’Afrique où tout semble facile, où tout est à faire mais avant tout, il faut connaître cette Afrique et y aller pas à pas pour durer dans le temps. L’un des principaux défis, sous-jacent à ce que l’on fait, c’est l’organisation et la professionnalisation du secteur de l’humour et des humoristes. Pour relever ce défi, nous avons dû faire nos preuves : nous avons d’abord créé un festival panafricain de l’humour, Abidjan Capitale du Rire, pour donner l’occasion de jouer devant un public.
Puis nous avons lancé l’émission panafricaine Le Parlement du Rire ouverte à tous les humoristes africains. Cette émission est d’ailleurs devenue une réelle plateforme médiatique et a permis d’offrir une visibilité internationale à tous les humoristes réunis aujourd’hui en une élite crédible et reconnue. A cela s’ajoute la production du long métrage Bienvenue au Gondwana produit par Mandarin Production. C’est le premier film tourné en Côte d’Ivoire après de nombreuses années de crise. Symbole de renouveau, la Côte d’Ivoire est aujourd’hui devenue un pays fer de lance en matière de production audiovisuelle.
Enfin, pour la population d’Abidjan, nous avons ouvert un Comedy Club pour permettre aux humoristes locaux de jouer régulièrement sur scène.
Pour couronner le tout, nous avons lancé en 2021 les Awards du Rire Africain. Il était temps pour nous d’organiser cette cérémonie pour récompenser ces humoristes et leur donner envie de continuer.
Le regard du public africain, des politiques africain et des acteurs de la vie économique africaine a changé et les humoristes sont aujourd’hui considérés comme des professionnels.
Et pour vous Catherine Guérin, co-fondatrice de Gondwana City Productions… ?
Quand je regarde ce bilan des 10 ans, je ne peux que constater que nous avons réussi à professionnaliser le métier d’humoriste mais aussi les métiers de technicien, de personnels de production alors qu’ils n’existaient pas. Nous avons accompagné le développement de ces métiers ainsi que la formation à ces derniers. Nous avons contribué à la professionnalisation de l’écosystème de la production et petit à petit, nous avons obtenu le respect des acteurs du monde du spectacle. J’en suis fière. Aujourd’hui, les acteurs nous font confiance et savent que même si c’est de l’humour, c’est sérieux !
Votre plus belle réussite ? un obstacle auquel vous avez dû faire face ?
notre plus belle réussite c’est de voir les humoristes africains devenir fiers de leur métier. Et je parle bien de métier. Grâce à toutes nos activités, les humoristes sont devenus des figures admirées et peuvent vivre de leur passion. Mais c’est aussi un obstacle car il reste encore beaucoup à faire. Le manque de considération du secteur de l’humour est encore présent même si nous avons réussi à imposer le respect des artistes par les sponsors et les organisateurs de spectacles mais aussi leur professionnalisation grâce à des contrats.
Quel regard portez-vous sur le développement du secteur de l’humour sur le continent ? où en sommes-nous aujourd’hui ?
Le développement va très vite notamment grâce aux réseaux sociaux et à la télévision. Le Parlement du Rire, qui est une émission très médiatisée, nous voyons qu’il y a une réelle émulation. Les plus jeunes n’ont plus peur de se lancer dans la voie de l’humour. C’est un premier pas même si cela se fait encore trop dans l’informel. Pour cela, nous essayons d’infuser un certain nombre de standards de production, de travail, de respect de l’artistes et du public.
Quel est aujourd’hui l’impact de Gondwana City Productions sur la professionnalisation du secteur de l’humour en Afrique ?
Compte tenu des retours que nous avons, les humoristes sont considérés comme de vrais artistes grâce à Gondwana City Productions. Les rapports humains avec les artistes sont primordiaux, au niveau professionnel et humain. Les médias et le public voient aussi que nos spectacles se déroulent dans les règles de l’art, depuis l’Afrique, avec une équipe africaine !
Comment se dessine l’avenir de Gondwana City Productions ?
L’avenir est prometteur. Nous avons toujours des projets en cours et préparation. Nous avons le festival Abidjan Capitale du Rire, le Parlement du Rire, la tournée européenne Sans Visa, les Awards du Rire Africain, le Comedy Club … A cela s’ajouteront d’autres projets car le secteur est prometteur.
Nos ambitions : le projet d’école de comédie sur lequel nous travaillons mais aussi nous commençons à nous orienter vers la fiction avec des projets de séries pour la télévision ou encore les plateformes numériques. Ces projets seront menés à l’échelle internationale mai toujours avec cette ambition africaine. Nous souhaitions ainsi consolider notre travail sur le divertissement TV.
Nous souhaitons porter le continent, raconter des histoires africaines et les universaliser.
Comment se développent vos deux récents projets : votre plateforme vidéo ainsi que votre projet d’école pour former les talents ?
La plateforme suit son chemin et tous les jours des utilisateurs découvrent nos contenus. C’est une plateforme créée en co-production avec Darksmile. nous avons pour ambition de l’alimenter de plus en plus pour satisfaire nos publics qui ne peuvent avoir accès à nos contenus via les bouquets CANAL+ Afrique.
Concernant notre projet d’école, il suit son chemin aussi. Nous travaillons actuellement sur la partie financement de ce projet ambitieux dirigé vers la jeunesse dans un pays marqué par de grands enjeux géopolitiques, économiques et climatiques. Cette école est vitale.