Le SICA vient de fermer les portes de sa deuxième édition. Pouvez-vous préciser quel est votre rôle dans l’organisation de cet événement ?
Je suis consultante, j’ai dirigé et participé à des événements importants tels que le MIPTV, le MIPCOM, le MIP CANCUN / MIPIM, le MAPIC et Propel NY, mettant en relation des entreprises mondiales avec les bons partenaires stratégiques dans le monde entier.
Fort de mon expertise dans la gestion d’événements et l’industrie audiovisuelle, je conseille désormais les autorités locales et les entreprises de médias à travers l’Afrique, les aidant à accroître leur présence internationale tout en soutenant les événements africains pour attirer un public mondial.
Actuellement, je conseille le Ministère de la Communication de Côte d’Ivoire sur le SICA, le Marché des Contenus Audiovisuels Africains qui se tient à Abidjan. La mission principale de SICA est de promouvoir le contenu africain et de soutenir les créateurs africains sur la scène mondiale.
Cela s’inscrit dans une feuille de route beaucoup plus large et plus ambitieuse également qui implique le Ministère de la communication mais également le Ministère de la Culture, le Ministère de la Jeunesse, le Ministère de l’Enseignement Technique et le Ministère du Tourisme. Chacun va implémenter une stratégie qui permet à tout l’écosystème créatif que ce soit cinématographique ou audiovisuel, de performer dans les années à venir.
Cela passe par l’attractivité du territoire, la formation des professionnels ou des jeunes…
Le SICA est d’une certaine façon le bout de la chaîne de cette vision ambitieuse.
Sa création est certainement lié à la disparition du Discop.
Oui absolument, le Discop s’est tenu à Abidjan pendant plusieurs années et il était question de le sédentariser. Mais l’année 2022 ayant été une année difficile pour le Discop Afrique, la Côte d’Ivoire a décidé quand même de conserver cet événement et pour cela le Ministère s’est entouré de professionnels pour lancer cet événement l’année dernière.
La première édition s’est déroulée un peu dans la précipitation puisque nous en avons été informé chez Adweknow à peine un mois avant l’événement. Cette année les choses ont semble-t-il été d’avantage anticipées.
Effectivement cette année, il y a pas mal de choses qui ont été ajustées même si nous en sommes encore aux prémices de quelque chose qui a vraiment, vocation à grossir d’année en année.
L’objectif du SICA est de fédérer l’ensemble de la sous-région, et d’être peut-être un jour , le Mipcom de l’Afrique, si je peux me permettre de faire référence à un événement qui m’est familier .
J’ai très envie d’insister là-dessus, parce que je pitche le Ministère beaucoup dans ce sens : il ne s’agit pas de faire un événement où tout le monde va venir vendre son contenu aux acheteurs africains, la volonté, c’est vraiment de structurer un marché du contenu africain, qui aujourd’hui est encore petit, tant sur sa capacité d’achat que sur sa capacité de production, mais il est en croissance. L’objectif, c’est vraiment de créer des opportunités entre l’Afrique francophone, l’Afrique anglophone et l’Afrique lusophone, pour générer des synergies et créer une place de marché où le grand international, pour le coup, viendra faire ses courses en termes de contenu.
Vous pensez qu’il est possible d’entrainer les marchés anglophones et lusophones qui sont beaucoup plus structurés que le marché francophone ?
C’est vrai que l’Afrique sub-saharienne est très divisée par langue mais justement, l’objectif du SICA, c’est d’essayer de réunir l’ensemble de ces trois Afriques linguistiques
La volonté c’est quand même de chercher à unir un continent pour créer des opportunités de collaboration, de coproduction. Pour moi, c’est le salut des futures grandes productions en Afrique qui vont passer par la co-production entre pays africains. Il n’y a pas encore un événement qui fédère les acteurs des 3 zones linguistiques. J’ai envie que ça se fasse au SICA et je vais travailler à ce que ça se fasse sur le SICA car c’est aussi la volonté des autorités locales.
Kouné Afolayan, réalisateur nigérien, acteur et entrepreneur, un de nos keynotes de cette année, disait être intéressé par cette Afrique plurielle et souhaitait travailler avec d’autres talents, culturellement différents de lui mais tout aussi talentueux.
Ce sont des discussions qui ont lieu au SICA aujourd’hui, entre anglophones et francophones.
C’est réconfortant et prometteur.
Voilà, c’est prometteur. Je pense qu’il ne faut pas être trop pressé, qu’il faut avoir de la patience, mais il y a aujourd’hui une attente de créativité de la part de l’Afrique, de choses nouvelles, d’histoires nouvelles. Il en existe bien sûr, mais pas assez.
Mais n’est-ce pas une question de moyens ?
Oui bien sûr c’est une question de moyens mais c’est vrai que l’Afrique a un talent, celui de créer bien avec moins. Nous avons initié lors du dernier SICA les Assises du financement, qui avaient pour objectif de parler de partenariats privés-publics, mais également de montrer tous les incentives qui sont mis en place pour faciliter les tournages, pour certaines parties des financements, ou des défiscalisations. Ça, c’est aussi une façon d’assurer le financement.
La structuration du financement peut venir également par d’autres moyens : l’apport des banques, des assurances, des entreprises privées. AfrexiBank est un exemple parfait.
Il faut sur chaque territoire évangéliser, séduire, convaincre ces institutions financières privées, qui doivent comprendre le modèle économique. C’est à nous de leur expliquer que le modèle économique est viable.
Nous avons également eu une materclass sur le Branded Content, qui est une autre façon d’avoir du financement.
Est-ce que vous avez quelques chiffres de fréquentation à communiquer ?
Oui, en termes de participants, je ne connais pas le nombre exact, parce que moi-même, je les attends, mais ce que je peux dire c’est que nous avons eu plus de participants que l’année dernière et qu’il y a eu entre 320 et 350 participants avec beaucoup d’implication locale cette année. Il y a eu une sensibilisation plus forte et une mobilisation plus forte, surtout aussi des fêtières et des associations.
Par ailleurs nous avons eu 98 speakers et 37 sessions de conférences sur deux jours et sur la zone d’exposition quasiment la moitié étaient des internationaux
Quels sont vos objectifs pour 2025 ?
Je pense que nous devons aller chercher des participants de la zone lusophone, essayer également de ramener plus de professionnels de la diaspora et de sensibiliser aussi d’autres régions comme l’Amérique latine ou le Maghreb
Par contre nous n’allons pas augmenter le nombre de conférences parce que cela peut devenir difficile à gérer et cela peut même créer de la frustration.
L’année prochaine le SICA se tiendra en juin pour cause d’élections présidentielles. Connaissez-vous les dates précises ?
Oui, ce sera du 26 au 28 juin 2025 , et nous conserveront le modèle de cette année qui n’est peut-être pas très visible de l’extérieur mais qui a connu un grand succès.
Le SICA, se déroule sur trois jours : les 2 premiers jours nous avons un format classique pour un salon professionnel avec des conférences, des stands, des projections, etc… et le troisième jour est dédié à des visites. C’est le Ministère du Tourisme qui prend le relais et qui emmène ceux qui le souhaitent visiter ou explorer des lieux qui peuvent servir à du tournage. Cette formule permet de créer des liens d’une autre nature. Les gens reviennent, les lumières plein les yeux.
Nous avons eu des témoignages de participants qui nous disaient que c’était la première fois qu’ils assistaient à un événement en Afrique d’une telle qualité.
Une telle qualité, de quels points de vue ?
Une qualité d’accueil incroyable, une bonne organisation , la qualité des gens, la qualité du lieu, des salles de conférence agréables bien sonorisées, des beaux stands et puis du beau monde aussi bien de Côte d’ivoire que venant de l’international.
C’est un tout et cela contribue à faire rayonner la Côte d’Ivoire.
Merci et rendez-vous donc au mois de juin prochain à Abidjan