Productrice et réalisatrice ivoirienne, Ana Ballo évolue dans le milieu de la production et de la réalisation audiovisuelle ivoirienne depuis plus de 20 ans. Ses réalisations portent autant sur les séries télévisées que sur les films documentaires ou de sensibilisation.
En collaboration avec des partenaires, Ana Ballo a également participé à la création Bogolan Distribution, une entreprise spécialisée dans la production de contenus audiovisuels originaux pour la Télévision et le Web. Fin 2017, elle rejoint la RTI en tant que Directrice de RTI Distribution.
Pouvez-vous nous présenter vos activités ?
RTI Distribution est le pôle de distribution de contenus du groupe audiovisuel public ivoirien créé en 2014. C’est une plateforme de distribution internationale qui a pour objectif de valoriser en Côte d’Ivoire et à l’étranger, les productions propres du groupe RTI ainsi que celles produites par des producteurs indépendants.
J’ai rejoint RTI Distribution au moment où le Directeur Général, Mr Ahmadou Bakayoko souhaitait structurer davantage RTI Distribution pour en faire un vrai pôle de distribution et de co-production, un studio type « Babiwood » ainsi qu’une plateforme de co-production, de tournages pour des projets ambitieux.
Que représente votre catalogue aujourd’hui ?
A mon entrée au sein du pôle RTI Distribution, nous étions à plus de 700 heures de contenu, aujourd’hui, nous exploitons un catalogue de plus de 1000 heures. Nous avons réussi à élargir notre base clientèle, tisser un large réseau de diffuseurs africains composé de chaines publiques diffusées dans différents pays tels que le Burkina, le Mali, le Cameroun ou encore le Bénin et le Sénégal. Nous avons des partenariats avec des acteurs tels que TV5Monde avec qui nous réalisons des opérations de pré-achats et à qui nous fournissons du contenu. Enfin, nous vendons également du contenu à des chaines telles qu’A+, ici, en Côte d’Ivoire. Au-delà de l’espace francophone, nous essayons de nous développer davantage dans les pays anglophones comme le Nigéria ou encore l’Afrique du Sud.
Au regard de la demande en contenu audiovisuel, le public souhaite de plus en plus consommer du contenu bien construit, bien écrit, bien produit et bien filmé. Un contenu de qualité mais aussi local. Au regard de notre catalogue, « Sœurs Ennemies » est une série ivoirienne largement plébiscitée. Nous avons vendu la saison 1 à la chaine France’O et nous venons de produire la saison 2 en versions française et anglaise.
Quel regard portez-vous sur la production audiovisuelle en Côte d’Ivoire ? Quels moyens peuvent être mis en place pour permettre à la production audiovisuelle ivoirienne de se développer, de se consolider ?
D’un point de vue global, je pense que la production audiovisuelle ivoirienne est en plein boom ! Nous pouvons constater une véritable effervescence même si celle-ci n’est pas structurée.
Je pense qu’avec le temps, le marché va se structurer tout seul car la demande du public sera de plus en plus importante et de plus en plus exigeante notamment en termes de qualité. C’est notamment ce qui s’est passé du côté du Nigéria avec l’industrie Nollywood : au départ, nous avions des productions avec des moyens financiers et techniques très légers et au fil du temps, les productions ont gagné en qualité.
Je pense donc que la production audiovisuelle va suivre le même chemin, portée par la libéralisation du secteur et les exigences des conventions mises en place par la HACA avec les chaines qui imposent de proposer au moins 20% de leur contenu produit localement. Pour pouvoir satisfaire cette demande, l’écosystème devra donc se structurer. Mais pour cela, il faut certains prérequis :
- Une étude d’audience plus poussée
- Un soutien de l’institutionnel pour mettre en place des mécanismes de facilitation fiscale pour soutenir les producteurs et entrepreneurs de ce secteur.
- La formation est également cruciale et ce, sur toute la chaine de valeur
Quel regard portez-vous sur le lancement prochain de la TNT en Côte d’Ivoire ?
Nous sommes tous dans l’attente car le lancement de la TNT sur le territoire représente un gros avantage pour nous. En termes de qualité de diffusion puisque cela va nous permettre de nous améliorer et de gagner en notoriété, au-delà des frontières pour devenir accessible aux populations les plus reculées. L’arrivée de la concurrence va aussi permettre à la RTI de se développer pour répondre toujours plus aux standards et maintenir une position de leader dans le paysage ivoirien pour jouer notre rôle de service public tout en prenant en compte les besoins du téléspectateur.
Des actualités à nous communiquer pour cette rentrée 2019 ?
Nous allons démarrer une campagne de communication pour informer les téléspectateurs qu’à partir de la rentrée et jusqu’au mois de mars 2020, nous serons présents chaque dimanche après le Journal télévision à travers des fictions et des séries ivoiriennes de qualité.
Biographie
Les réalisations d’Ana Ballo portent autant sur les séries télévisées que sur les films documentaires ou de sensibilisation.
De 1995 à 2000, elle produit une émission de cuisine intitulée « la route de la cuisine » à travers la Côte d’Ivoire et la sous région Ouest Africaine. En 2004, elle réalisa une série dramatique de 12 épisodes de 26 mn pour le HCR intitulé « Résidence AKWABA » dont l’objet était la sensibilisation à la cohésion sociale.
Depuis 2006, elle est la réalisatrice d’une série à succès de shorts films de 2 min intitulé « On est ou là? » diffusé sur RTI, TV5, RTS (Sénégal) et en ce moment sur YOUTUBE en partenariat avec GOOGLE.
Parallèlement, elle a été de 2009 à 2012 Directeur Général de la Conférence des Producteurs Audiovisuels de Côte d’Ivoire (CPACI), puis elle réalise en juillet 2013, 7 mini films documentaires de 7mn chacun pour le PPU Programme Présidentiel d’Urgence ; et encore 2 films de sensibilisation sur la réconciliation qu’elle réalisera en 2011 pour le Ministère de la Culture et de la Francophonie.
Très active dans le milieu du cinéma et de l’audiovisuel, elle représente les réalisateurs dans le conseil de gestion du BURIDA (Bureau Ivoirien Des Droits D’Auteurs), elle en est la vice-présidente de 2011 à 2013.
En février 2015, elle obtient les 1er prix des concours de pitch catégorie série télé organisé par l’OIF lors de la 24ème édition du FESPACO à Ouagadougou et au DISCOP avec le projet « Ablaha Pokou » une saga historique de 18 épisodes de 26mn chacun, qu’elle envisage de tourner en 2018.
Elle réalise depuis Janvier 2016 pour le compte de la RTI un magazine féminin dénommé essentiellement femme.
Depuis Mars 2016, elle réalise une série policière co-produite par CANAL+ et Bogolan distribution.