Entretien avec Cornélia Laurence Glèlè, promotrice du Festival International des Films de Femmes de Cotonou

Après avoir étudié le journalisme pendant 3 ans, Cornélia se tourne très vite vers le cinéma. C’est au Bénin qu’elle choisit de se former au cinéma avant de réaliser 3 courts métrages documentaires. Par la suite, elle développe ses compétences dans la production en travaillant notamment sur le projet de série Black Santiago, première création originale CANAL+ tournée au Bénin. 

Vous avez un parcours peu commun. Quelles sont vos activités principales aujourd’hui ?

Aujourd’hui, je travaille pour le STEPS, une organisation sud-africaine spécialisée dans la production de films documentaires. En parallèle, elle est l’organisatrice du Festival International des Films de Femmes de Cotonou dont la dernière édition s’est déroulée du 20 au 24 février dernier. 

Pouvez-vous nous présenter les contours de ce Festival International des Films de Femmes de Cotonou ?

Ce festival fait partie intégrante de mon projet de blog EcranBenin créé en 2017 et qui révèle le cinéma béninois. En tant que femme féministe, je me devais de consacrer ce festival aux femmes de talent qui entreprennent dans le cinéma au Bénin. A travers cet événement, nous souhaitons valoriser et donner de la visibilité aux films africains et issus de la diaspora faits par des femmes. Sur 300 films reçus cette année, nous en avons sélectionné 18 que nous avons projetés lors de cette édition 2024. 

Quelques jours après la clôture de cette édition, quel bilan pouvez-vous faire ? 

Le bilan est très positif puisque nous avons accueilli cette année plus de 5000 personnes. Beaucoup disent que les Africains ne veulent pas aller au cinéma mais la preuve est là ! Il y a un réel intérêt pour le cinéma de la part des Béninois et jeunes béninois. Nous avons également pu compter cette année sur la présence d’une marraine de talent : Angela Acquereburu. 

Vous militez pour valoriser davantage le cinéma africain et plus particulièrement le cinéma béninois. Le cinéma béninois est-il suffisamment valorisé localement/internationalement selon vous ?

Force est de constater que le cinéma à un fort potentiel au Bénin notamment car parce que l’histoire du Bénin est riche et à besoin d’être racontée et mise en lumière à travers des films. Il suffit de constater le récent succès de Mati Diop, film documentaire franco-sénégalais-béninois récompensé de l’Ours d’or à la Berlinale 2024. Les talents se multiplient mais nous devons encore fournir des efforts pour faire rayonner le cinéma local. 

Actrices, scénaristes, réalisatrices, productrices… Les femmes occupent encore une place encore mineure dans l’industrie du cinéma africain. Pour quelles raisons ? Que faudrait-il mettre en place ou changer pour inverser la tendance ?

Dans le cinéma mais pas seulement, les femmes occupent encore une place mineure et subissent encore beaucoup de préjugés. Mais les choses changent, de plus en plus de femmes sortent de leur condition et osent embrasser des carrières dans le monde du cinéma. C’est ce que nous souhaitons valoriser dans ce festival dédié aux femmes du cinéma.

Avez-vous déjà pensé aux contours de la prochaine édition ?

Avec le succès de cette dernière édition, nous avons de grandes attentes pour la prochaine. Et de grandes ambitions . Nous allons commencer à travailler sur notre feuille de route mais ce qui est certain, c’est que le prochain festival se déroulera en février 2024 à Cotonou !