La publication récente du communiqué de presse officiel de l’étude Africascope ainsi que celui de la HACA sur l’audience des médias en Côte d’Ivoire, nous a appris ce qui est déjà connu de tous et qui se perpétue de vague d’études en vague d’études : En Afrique francophone tout le monde écoute la TV, Internet continue sa progression et la radio n’est plus majoritaire.
Étonnamment les informations concernant les performances des chaines ou stations de radio elles même sont rares:
- Les chaines et stations internationales francophones : TV5 monde, RFI et France 24 ont publié des communiqués de presse mettant en avant leurs performances
- Global Africa Télésud fort d’un quasi doublement de ses audiences depuis le rachat de Télésud par la société d’André AGID a également communiqué sur ses performances remarquables
CANAL+ Advertising, pourtant principal financier d’Africascope, n’a de son côté donné aucune indication sur les performances de ses chaines qu’elles soient locales ou panafricaines.
En Côte d’Ivoire seule la HACA est habilitée à communiquer et le communiqué de presse publié est aussi limité en information que celui d’Africascope.
Du côté du Sénégal, du Cameroun, de la RDC et des autres pays étudiés par Africascope aucune trace d’aucun communiqué de presse d’aucune chaine.
Est-ce que cela veut dire que les données d’audience ne servent à rien puisque si peu de chaines ou stations les exploitent publiquement?
On pourrait répondre que les données d’audience sont essentiellement un outil de pilotage pour les diffuseurs et un instrument de valorisation commerciale pour les régies publicitaires et qu’à ce double titre elles n’ont pas vocation à être rendues publiques
Pourtant, les données d’audience ne servent pas seulement à des logiques commerciales ou de programmation : elles sont aussi un moyen d’observer, de suivre et d’analyser les évolutions des pratiques culturelles d’un pays ou d’une région.
- Comment les pratiques traditionnelles d’écoute (journal de 20h , radio du matin..) résistent ou reculent ?
- Quels genres de programmes recueillent le plus d’intérêt de la part du public ( documentaires reportages, séries..) ?
- Quelle place occupent les grands événement sportifs ou politiques dans la vie des gens
- A quelle vitesse se fait le basculement vers le numérique ? qui en bénéficie ? qui en est écarté …
Les données d’audience ne servent pas qu’à proposer des programmes qui font de l’audience et à vendre des espaces publicitaires, elles servent à comprendre les rapports des individus aux médias, à identifier les tendances dans l’évolution du comportement des populations à l’égard des médias, elles sont un outil pour comprendre la culture et les évolutions d’une société
Elles ne disent pas seulement « combien » de personnes ont regardé ou écouté, elles permettent de comprendre « comment » et « pourquoi » les individus consomment les médias.
Les journalistes, les sociologues, les investisseurs, et même le grand public sont intéressés et concernés par ses sujets. Limiter trop fortement l’accès à ces informations c’est réduire le rôle des mesures de l’audience des médias à son aspect le plus trivial.