2 ans et demi après le lancement effectif de la TNT, la HACA a organisé le 24 juin dernier une table ronde sur le thème de la viabilité économique des acteurs de la TNT, en présence de toutes les chaines et opérateurs de télévision, des représentants des ministères de l’économie et des finances, de la communication des médias et de la francophonie, du FSDP et du CSP …
Premier constat : le marché publicitaire ivoirien est encore embryonnaire : avec un montant estimé à un peu plus de 10 milliards de FCFA il ne peut pas encore couvrir les besoins de l’ensemble des chaines de la TNT qui investissent chacune, plusieurs milliards de FCFA chaque année, pour couvrir leur charges d’exploitation.
Pour toutes les chaines privées de la TNT ayant pris la parole au cours de cette table ronde, le partage de la redevance entre chaines publiques et chaines privées et l’exonération ou la baisse des redevances payées à l’IDT sont les premières mesures à prendre pour les aider à survivre d’autant plus que la crise sanitaire n’a pas facilité les choses depuis plus d’un an.
Cette question centrale de l’équilibre entre service public et chaines privées est certes universelle néanmoins ce n’est pas la seule difficulté à laquelle doivent faire face les chaines privées ivoiriennes
Extinction de l’analogique sans cesse repoussée
Malgré diverses annonces prévoyant l’extinction de l’analogique au plus tard à la fin du premier trimestre 2021, celle-ci n’est toujours pas entrée en vigueur.
La TNT reste totalement inconnue à une majorité d’ivoiriens. Sur la ville d’Abidjan, selon l’étude publiée par Médiamétrie en mars dernier, 56,5% le nombre de personnes ne connaissent pas la TNT. Ce chiffre doit être encore plus important à l’intérieur du pays.
Les campagnes d’information ont été nombreuses mais probablement insuffisantes pour faire passer le message auprès de la totalité de la population. Les bénéfices liés à la TNT (qualité de l’image et du son, gratuité des programmes une fois le décodeur acheté, contenu ivoirien exclusif…) sont méconnus de la majorité de la population.
Pour l’instant, la distribution des chaines privées de la TNT se fait donc principalement sur le satellite ou sur le digital dans un environnement concurrentiel beaucoup plus dense et complexe à prendre en compte et où aucun des atouts de la TNT n’est exploité. Cela devient une réelle préoccupation pour les chaines privées
Une mesure de l’audience qui ne fait pas encore l’unanimité
Lors d’un récent business meeting, la RTI a présenté les résultats de plusieurs études circulant sur le marché ivoirien. Africascope, réalisée 2 fois par an par KANTAR, l’étude de Omedia/Médiamétrie et l’ étude MCMY réalisée entre janvier et mars 2021
Cette multiplicité d’études dont les résultats peuvent être parfois contradictoires brouillent la perception des annonceurs et ralentit leur détermination à investir en télévision.
La société Omedia/Mediamétrie milite depuis 5 ans pour une mesure d’audience unique, consensuelle, contrôlée et validée par tous. Pour continuer à avancer, elle a depuis plus d’un an, initié une étude permanente de l’audience portant sur 560 personnes chaque mois avec le soutien de CANAL+, Life TV, Orange, Havas….
Les autres acteurs restés en retrait, s’interrogent, parfois à haute voix, sur la méthodologie de recueil de l’information, la taille de l’échantillon et même la légitimité de Omedia/Médiamétrie à réaliser cette étude, au motif que CANAL+ est actionnaire de Médiamétrie en France.*
Tous reconnaissent pourtant que l’existence d’une mesure d’audience crédible et consensuelle est une condition sine qua non du développement des chaines de TV privées comme publiques et soutiennent les pouvoirs publics dans leur objectif de mettre en oeuvre une solution pérenne.
Partage de la redevance, réduction des coûts liés à la diffusion, campagnes d’information sur les bénéfices de la TNT, extinction de l’analogique, mesure de l’audience fiable et reconnue par tous… le chemin des chaines privées vers leur viabilité est encore long et ne pourra à l’évidence pas se faire sans l’intervention des pouvoirs publics et l’accompagnement et l’aide de l’Etat.