André AGID se définit comme un Entrepreneur du numérique et des médias.
Diplômé de Sciences Po Paris en 1996 (Ecofi), après une période de coopération au Liban, il fonde l’agence GAYA en 2002. Il prend la direction générale de Telesud entre 2020 – 2022 Après avoir rachater l’agence Archriss en 2023, il reprend et relance Télésud en février 2024
Vous avez repris la chaîne Télésud il y a un peu plus d’un an. Qu’avez-vous conservé de l’ancienne structure ?
J’avais déjà dirigé Télésud entre 2020 et 2022 et travaillais activement à un nouveau projet au moment où la chaîne a été mise en vente. Cette chaine qui avait 25 ans d’existence, jouissait d’une certaine notoriété, aussi bien sur le continent africain qu’au sein de la diaspora. Il était donc stratégique, au moins dans un premier temps, de capitaliser sur cette reconnaissance. Aujourd’hui, la chaîne s’appelle Global Africa Télésud, et nous souhaitons devenir le media de référence pour l’Afrique et ses diasporas en proposant des contenus de qualité sur la politique la culture, les affaires et le divertissement.
Je souhaite pouvoir décliner cette marque à l’échelle régionale ou nationale – demain peut-être Global Togo, Global Tchad ou Global Sénégal. Je souhaite développer une logique de marques déclinables et cohérentes.
Il faut aussi savoir qu’avant même la reprise officielle, je finançais personnellement l’envoi du signal. Sans cette intervention, la chaîne aurait cessé d’émettre. Elle n’a jamais interrompu sa distribution et a pu ainsi être sauvée.
Où est-elle aujourd’hui distribuée ?
Nous sommes présents sur Canal+ (canal 45) et sur StarTimes (canal 683) en Afrique. En France, la chaîne est accessible via Free (canal 218) et, depuis deux semaines, via Bouygues ( canal 703). Nous sommes en discussion avancée avec SFR et Orange. L’objectif est clair : être accessible gratuitement partout. Par ailleurs, nous avons noué des partenariats avec des opérateurs pour figurer sur leurs applications. C’est déjà le cas avec Digital Virgo.
Cela revêt une importance stratégique : la diffusion via des applications digitales génère des revenus pour nos distributeurs, en particulier grâce à la vente de data en Afrique. Aujourd’hui, nos principales sources de revenus sont donc la distribution digitale en Afrique (avec des partenaires comme Digital Virgo) et YouTube.
Quelles sont vos autres sources de financement ?
À ce jour, je finance intégralement l’activité sur fonds propres. Le marché n’est pas encore structuré. Je réfléchis à la mise en place d’un cadre permettant d’attirer des annonceurs panafricains et internationaux en partenariat avec d’autres acteurs qui auraient le même intérêt. Nous ne bénéficions ni de subventions ni d’aides publiques, ce qui garantit notre totale indépendance éditoriale vis-à-vis des États et des partis politiques africains.
Cela dit, nous n’excluons pas de travailler ponctuellement avec des ministères du tourisme ou des agences d’investissement. Ce que nous refusons, en revanche, c’est le financement politique destiné à orienter notre ligne éditoriale. Si un jour nous réalisons des productions pour des tiers, cela sera clairement indiqué.
Où sont produites vos émissions et quels sont les rendez-vous phares de la chaîne ?
Nos émissions sont produites à Paris et à Cotonou. Notre rendez-vous quotidien principal « la bande à Carlyle » est animé par Carlyle GBEI, chaque jour à 19h30. Plus largement, la tranche 19h30–22h00 est celle de nos programmes frais quotidiens.

Y a-t-il également des rendez-vous d’information toutes les heures comme sur les autres chaines d’information en continu.
Nous avons envisagé un temps des journaux d’information à chaque heure, ce que nous avons expérimenté entre 2020 et 2022. Cela mobilisait trop de ressources. Nous envisageons cependant de remettre ce sujet sur la table à partir de septembre, à condition d’avoir structuré un réseau fiable de partenaires locaux pour la production de reportages.
Comment comptez-vous structurer ce réseau de production ?
Mon objectif est de constituer une coalition de médias partenaires dans chaque pays africain. L’idée est de s’associer avec des acteurs nationaux reconnus, comme Canal 2 au Cameroun par exemple, à condition qu’ils soient pluralistes et raisonnablement indépendants.
On ne vous voit pas encore beaucoup sur les réseaux sociaux. Quelle est votre stratégie digitale ?
Pour le moment, notre présence sur les réseaux sociaux est centrée sur la promotion de nos programmes. Mais nous préparons le lancement d’une véritable plateforme digitale panafricaine d’information, sous la forme d’un site internet ambitieux.
Nos priorités depuis 15 mois ont été de renforcer et élargir notre distribution (notamment via Bouygues et Digital Virgo) de repenser entièrement notre grille et nos contenus – avec une montée en puissance depuis octobre. Nos prochaines étapes sont la monétisation de nos contenus et le renforcement de notre notoriété en renforçant notre stratégie digitale.
Nous avons enregistré une forte progression sur YouTube grâce à l’exposition de nos contenus : en mars 2024, nous comptions 27 000 abonnés ; aujourd’hui, nous en avons plus de 130 000, avec une croissance particulièrement marquée depuis novembre dernier.
Nous avons aussi commencé à communiquer, avec quelques communiqués de presse, et vous êtes d’ailleurs le premier à qui je donne une interview. J’en accorderai une autre à News African Magazine la semaine prochaine. Nous estimons que le moment est venu de « sortir du bois » car nous avons désormais quelque chose à raconter.
Vous mentionnez une approche technologique allégée et innovante. Pouvez-vous préciser ?
Notre force, c’est notre agilité. Nous utilisons les outils les plus modernes pour construire une chaîne à coûts maitrisés. Nous avons eu des échanges au Tchad et au Mali, avec des partenaires intéressés par cette approche. J’ai dans mon équipe une personne dédiée exclusivement aux nouvelles technologies, dont l’intelligence artificielle. Cela nous permet d’expérimenter au quotidien.
Contrairement à des opérateurs historiques, nous n’avons pas de dette technologique. Nous partons sur des bases saines, avec une structure légère mais efficace. Je peux aussi m’appuyer sur mon agence GAYA, spécialisée dans les plateformes digitales. Sans cette synergie, il aurait fallu un budget beaucoup plus important pour lancer et faire vivre la chaîne.