Dan Assayag vient du monde de la publicité. Il a travaillé pendant plusieurs années en agence comme créatif. En 2013, il réalise un documentaire sur Serge Beynaud, artiste de coupé décalé réputé en Côte d’Ivoire. Par la suite, il réalise un film documentaire sur la tournée africaine de Stromae qui n’est pas encore sorti pour le moment. De fil en aiguille, il passe de la publicité à la réalisation et est choisi par le groupe Orange pour réaliser la série Y’Africa, une série qui met en lumière la nouvelle scène artistique africaine.
Pouvez vous nous présenter le projet Y’Africa ?
Y’Africa est la contraction de l’expression « Africa Ya lelo » : l’Afrique d’aujourd’hui en Lingala.
C’est une série initiée par le groupe Orange sur la nouvelle scène africaine. Le concept c’est d’aller à la rencontre d’artistes évoluant dans diverses disciplines comme la danse, la peinture, les arts plastiques, la musique ou encore le stylisme et la cuisine. Chaque épisode met en lumière leur parcours, leur univers dans un esprit d’échange pour leur donner la parole. En tant que réalisateur, j’ai tenu à ce que les artistes présentés puissent choisir les endroits du tournage afin de rendre les épisodes plus personnels et plus intimistes.
A travers cette série, il y avait une réelle volonté « participative » pour que les artistes puissent choisir eux-mêmes leurs conditions de tournage. La société de production en charge du projet Y’Africa est la société parisienne FAME Productions qui travaille régulièrement avec le continent africain.
Y’Africa comprend 13 épisodes de 26 minutes, 3 portraits sont présentés par épisode et ce sont trois portraits d’artistes issus de pays différents. La diffusion a commencé le 6 février au Mali et se terminera le 30 avril 2020 dans 17 pays africains. La série sera ensuite diffusée partout dans le monde à partir de l’été 2020.
A travers ce projet, quelles sont les ambitions du groupe Orange ?
Très implanté en Afrique, et ce depuis plusieurs années, le groupe Orange souhaitait au travers de cette série, élargir leur spectre en tant que marque. Aujourd’hui les marques ne peuvent pas se cantonner à la publicité de leurs produits ou services, elles doivent aller au-delà en élargissant leur champ d’action. Très présent sur le continent, c’est aussi une occasion pour le groupe d’aller au-delà du champ commercial et d’être un acteur culturel. Artistiquement, j’ai eu une liberté totale sur ce projet, à la fois dans le choix des artistes, la façon d’aborder les sujets. Le projet Y’Africa vient ainsi compléter de nombreuses initiatives d’Orange au service de la promotion culturelle de l’Afrique.
Vous multipliez les projets sur le continent. Selon vous, quelles sont les perspectives pour les cinémas d’Afrique ?
D’un point de vue général, je pense que l’effervescence et le foisonnement créatif qui existent sur ce continent permettront aux pays d’Afrique de faire preuve d’un réel dynamisme dans l’industrie du cinéma. Ils apporteront un regard différent, un regard qui ne sera pas façonné par les standards occidentaux et des critères de production formatés. Malgré le manque de moyen, les acteurs trouvent les moyens de mener à bien leur projet et ne cessent d’entreprendre et d’innover. Un épisode de la série Y’Africa dresse notamment le portrait du rappeur sénégalais Nix qui, au-delà de sa musique a su développer une plateforme de streaming musical panafricaine baptisée Deedo.
L’une des choses qui m’ont marqué pendant la réalisation de ce projet : quand on est artiste en Afrique, on l’est pour de bonnes raisons. On ne fait pas ça pour l’argent ou la gloire mais plus parce que c’est un besoin, une nécessité qui prend au corps. Les artistes que j’ai pu rencontrer ont un discours très « pur », un discours qui selon moi fait la richesse de la créativité sur le continent. C’est le fil conducteur que j’ai choisi de suivre pour la mise en lumière de ces portraits.